Quelles leçons de la Conférence annuelle du partenariat AIMF-UE à Ouaga, du 22 au 23 février 2018 ?
Les travaux de la Conférence annuelle du Partenariat AIMF-UE (Association internationale des maires francophones-Union européenne, Ndlr) pour ''bâtir des coalitions au service du développement local'', à Ouaga (capitale du Burkina Faso) ont été très riches. Il y a des thèmes qu’on a développés qui, de manière générale, sont axés à l’avenir de la décentralisation : la fonction publique locale, la gestion de l’environnement, les services essentiels et la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD).
Spécifiquement par rapport à l’atelier sur les services essentiels (accès à l’eau potable, l’assainissement et la gestion des déchets) auquel j’appartiens et pour lequel j’ai participé activement pendant 4 heures aux travaux, je peux dire que les pays concernés (le Cameroun, le Burkina Faso, le Sénégal et la Côte d’Ivoire) ont, chacun à ce qui le concerne, fait état de l’évolution de la situation des services essentiels dans leurs pays et de l’appui que les communes reçoivent de leurs gouvernements respectifs et des partenaires au développement. Il a été surtout question de relever les obstacles et les goulots d’étranglement qui empêchent la mise en œuvre des services essentiels de façon à satisfaire les populations dont nous avons la charge.
Pour quel objectif ?
Ce groupe a recensé un certain nombre de points pour lesquels des démarches seront faites au niveau national (auprès des politiques) et également des points pour lesquels des démarches seront faites au niveau supranational (auprès des partenaires au développement), afin qu’il ait un peu plus de lest qui soit donné pour que les populations qui sont au cœur du développement, et qui dans le cas de la décentralisation sont la cible à atteindre par l’État, soient davantage prises en compte pour qu’on leur assure une meilleure santé, sans laquelle il n’y a pas le développement véritable.
Une bonne pratique que la maire de Fokoué a partagée avec les participants des assises de Ouaga
J’ai partagé l’expérience que j’ai à la commune de Fokoué, dans le cadre d’un financement que j’ai obtenu auprès de l’UE pour résoudre les problèmes liés à l’accès à l’eau et l’assainissement. L’eau étant la vie, comme dit une maxime, avec ce financement, tout un programme est mis sur pied. Le projet en approvisionnement des populations en eau est là, les études sont en train d’être bouclées. Les missions sont faites sur le terrain pour intéresser les populations bénéficiaires avant de mettre les infrastructures à leur disposition. Parce qu’une chose est d’amener les infrastructures, une autre est d’impliquer les bénéficiaires pour sa pérennisation. D’ailleurs, les programmes des partenaires au développement insistent sur le volet participatif. On amène les populations, par la formation et la sensibilisation, de s’approprier le projet avant même de l’avoir réalisé. En sorte que quand l’ouvrage arrive, elles sont prêtes, acceptent et savent bien que c’est pour leur intérêt et qu’elles doivent tout faire pour pérenniser l’ouvrage qui est construit. À la fin de ce projet, il y aura la mise en place d’une agence municipale de l’eau et de l’assainissement. Parce qu’il y a le volet l’eau et celui de l’assainissement à travers des latrines écologiques dans les écoles afin d’éviter aux élèves et enseignants les potentielles contaminations, les maladies hydriques…
Pourtant, beaucoup de maires se plaignent de la rareté des financements
À l’occasion, j’ai incité les uns et les autres à monter des projets matures. Parce que si l’on se plaint qu’on n’a pas beaucoup, c’est parce qu’il y a des communes qui vont généralement à l’aventure. On ne peut pas bénéficier d’un financement si vous n’avez pas montré patte blanche au niveau de la maturation du projet. Et un organisme aussi rigoureux que l’UE n’accorde pas une facilité, encore moins une subvention si le document soumis à cet effet n’est pas suffisamment solide. Le conseil que je donne ainsi aux collègues maires c’est de faire précéder à l’action la réflexion. Autrement dit, il faut monter en avant les projets, mieux avoir une banque de données des projets matures. Il faut ainsi investir, en mettant dans nos budgets des lignes pour le désintéressement des experts du montage de projets dignes, bien en rapport avec nos sectoriels. Ce n’est que de façon qu’on peut aller à la quête des financements et avoir la chance de décrocher un comme celui que j’ai personnellement eu pour Fokoué. Et ce n’est pas tout !
Qu’en est-il du projet énergie renouvelable de l’AIMF ?
Dans le cadre l’AIMF, au travers du REFELA-Cam (Réseau des femmes élues locales d’Afrique, antenne du Cameroun) que préside la maire de Bangangté Célestine Ketcha Courtès, nous avons obtenu un financement pour un projet d’énergie solaire. Nous avons bénéficié de 80 millions Fcfa. Les conventions ont été passées et les marchés également. Nous attendons actuellement la quote-part du FEICOM (Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale) au titre d’accompagnement. Mais en attendant, les experts sont sur le terrain pour peaufiner tout ce qui a été fait. Les derniers réglages ont été faits. Les quitus ont même été donnés aux entreprises adjudicataires, pour commander le matériel pour l’éclairage public dans la ville de Fokoué. Il y aura des panneaux pour l’éclairage public et deux centres de santé seront approvisionnés en énergie solaire. Ce qui est important pour l’arrière-pays. Tout ceci est parti des projets bien ficelés.
Donc, en dépit de la pauvreté notoire de notre collectivité territoriale décentralisée, nous mettons un accent particulier à la maturation des projets, afin d’avoir la chance de capter des financements à l’intérieur comme à l’extérieur. À travers ses bonnes pratiques la commune de Fokoué s’est vue décernée le Prix de la meilleure commune gouvernance locale du PNDP (Programme national de développement participatif, Ndlr) : 50 millions Fcfa. Mais si tout n’est pas parfait, nous essayons de respecter les canons. Et ces fonds seront mis dans un projet d’eau et assainissement. Parce que sans eau, on n’a pas de vie.