Après l’Accord de Paris, la première Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP22), qui se tient à Marrakech du 7 au 18 novembre, offre une occasion unique d’orienter les politiques vers la mise en œuvre, à tous les niveaux, de mesures en matière de climat sensibles au genre. L’Accord de Paris, signé par 197 parties (et ratifié par 94 d’entre elles à ce jour), s’engage à promouvoir les obligations en matière d’égalité des sexes dans les mesures de réponse aux changements climatiques.
Les impacts des changements climatiques ne sont pas neutres au regard du genre. Au cours des 10 dernières années, 87 % des catastrophes étaient liées au climat. Alors que les catastrophes affectent toutes les couches de la population, les éléments factuels démontrent l’existence de différences dans la manière dont les hommes et les femmes sont touchés par de telles catastrophes, et dans leur façon d’y réagir et d’y répondre. Les changements climatiques ont des incidences différentes et disproportionnées sur les femmes par rapport aux hommes. Par exemple, 67 % des victimes tuées par le tsunami qui a frappé l’océan Indien étaient des femmes. En 2015, l’évaluation des besoins au lendemain de la catastrophe qui s’est abattue au Myanmar indiquait que les capacités des femmes et des filles à se relever étaient plus limitées en raison de leurs revenus plus faibles et du nombre réduit d’actifs productifs dont elles disposaient, ainsi que de niveaux d’insécurité alimentaire et de malnutrition plus importants. Les barrières structurelles auxquelles les femmes doivent faire face – depuis les lois discriminatoires jusqu’aux normes sociales – et le charge disproportionnée du travail de soins non rémunéré sont à l’origine de cet impact différencié. Cela se manifeste dans les situations de catastrophes, où les femmes sont souvent les dernières à s’enfuir après avoir assuré la sécurité des membres de leur famille avant la leur, mais aussi après une catastrophe, lorsque les femmes et les filles, en charge de recueillir de l’eau et des denrées alimentaires, deviennent vulnérables aux violences sexuelles. En outre, dans la période qui suit une catastrophe, les normes sociales discriminatoires telles que les hiérarchies alimentaires et une mobilité limitée peuvent également exclure les femmes des services vitaux et des processus de prise de décision. De même, dans le secteur agricole, où les femmes représentent 43 % de la main-d’œuvre agricole, les changements climatiques renforcent les barrières existantes auxquelles les agricultrices doivent déjà faire face, elles qui, en raison d’un cadre politique discriminatoire ou de normes sociales dégradantes, possèdent moins de ressources, disposent d’un accès limité aux technologies et endurent une plus grande insécurité foncière.
Alors que l’impact différentiel des changements climatiques sur les femmes est de mieux en mieux compris, le rôle critique que peuvent jouer les femmes et les filles en tant que leaders et agentes du changement dans la lutte contre les changements climatiques et dans la gestion des ressources naturelles est souvent ignoré dans les négociations, les investissements et les politiques en matière de climat. Par exemple, dans la plupart des pays en développement, les femmes sont les principales responsables de la gestion de l’énergie dans les ménages, et elles jouent un rôle clé dans le système alimentaire. Elles peuvent donc exercer une influence considérable dans la transition vers des sources d’énergie durables et une agriculture résiliente aux changements climatiques.
Lors de la COP22, les Parties à la Convention devraient adopter un programme de travail complet sur les questions de genre en vue d’intégrer des perspectives de genre dans les politiques et les actions ayant trait au climat et d’assurer la participation des femmes à tous les niveaux. ONU Femmes appelle toutes les Parties à la Convention et les actrices et acteurs intéressés par les changements climatiques à tirer parti des avantages liés à l’égalité des sexes et à l’action pour le climat, et à placer les préoccupations concernant l’égalité des sexes, la représentation et le pouvoir des femmes au centre de la gestion climatique ainsi que des prises de décisions et des investissements en matière de climat. Ce nouveau programme de travail devrait s’appuyer sur les succès des dernières années et offrir une base solide pour combler les écarts et surmonter les problèmes existants. Les recommandations concrètes d’ONU Femmes comprennent : l’élaboration et l’adoption d’une politique relative à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes ; l’intégration systématique des questions de genre dans tous les rapports ; l’établissement d’un quota initial de 30 % de femmes membres de la délégation officielle des Parties aux réunions de la CCNUCC ; et, l’allocation – entre autres – d’un budget consacré aux déplacements et au renforcement des capacités pour les déléguées.
Communiqué et programme de l'ONU Femmes
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07/10/24 à 12h30 GMT