Alors que la Conférence des Nations unies sur le climat à Marrakech (COP 22) discute de la mise en œuvre de l'Accord de Paris, l'ONU cherche à renforcer la résilience face au changement climatique grâce à une initiative lancée il y a un an par le Secrétaire général des Nations unies et appelée A2R (Anticiper, Absorber, Remodeler).
Au cours des deux dernières décennies, 4,2 milliards de personnes ont été touchées par des catastrophes telles que des inondations, des sécheresses et des tempêtes.
L'Accord de Paris a permis de mieux faire connaître la résilience climatique. Il y a maintenant un objectif global pour l'adaptation au climat et il est reconnu que l'adaptation représente un défi aux dimensions locale, nationale et internationale.
L'objectif d'A2R, une initiative mondiale multipartite dirigée par l'ONU, est d'accélérer l'action à travers ses trois piliers : anticiper les dangers liés au climat; absorber les chocs; et remodeler les voies de développement pour favoriser la résilience climatique.
L'initiative a été lancée en novembre 2015 au cours de la COP 21 à Paris et rassemble des gouvernements, des agences internationales, des initiatives régionales, le secteur privé, la société civile et le monde universitaire.
Le Centre d'actualités de l'ONU a discuté de cette question de résilience climatique avec Maarten Van Aalst, Directeur du Centre climat de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, qui a animé une table ronde à la COP 22 sur la façon dont les pays peuvent ajuster leurs décisions financières pour renforcer la résilience climatique.
Centre d'actualités de l'ONU : La résilience semble couvrir un large éventail de questions. Qu'est-ce que l'initiative A2R essaie d'accomplir?
Maarten Van Aalst : Nous savons tous que le climat change, que les risques augmentent. Nous assistons à davantage de catastrophes à travers le monde et en même temps, nous avons une population croissante à nourrir, nous voulons nous débarrasser de la pauvreté extrême. L'endroit où toutes ces ambitions mondiales se rencontrent est en réalité ce concept de résilience, c'est-à-dire s'assurer que les gens puissent faire face aux chocs et puissent vraiment prospérer, même dans un climat qui change.
Ce que l'initiative A2R essaie de faire, c'est de rassembler toutes les bonnes initiatives dans le monde entier. Il y a des maires locaux qui veulent essayer de protéger leurs villes et de faire en sorte que leurs citoyens soient préparés aux catastrophes, soient à l'abri des inondations. Il s'agit de travailler avec des entreprises qui examinent leurs chaînes d'approvisionnement. Il s'agit d'examiner les plans nationaux que les gouvernements adoptent pour s'adapter à l'évolution du climat. Et puis il s'agit de réunir tout cela en quelque chose qui devient une ambition mondiale. Encore une fois, c'est une ambition mondiale qui est liée à ce qui a déjà été exprimé l'année dernière dans tous ces accords globaux, les Objectifs de développement durable (ODD), l'Accord de Paris, le Cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe. Nous avons aussi eu une discussion au Sommet humanitaire mondial sur la façon de faire face au poids croissant des catastrophes et des conflits.
Tous ces objectifs ont déjà été exprimés et A2R réunit toutes ces initiatives et montre aussi que nous progressons. Cela est particulièrement important dans l'Accord de Paris qui, d'une part, engage le monde à réduire les émissions de gaz à effet de serre, si ce risque ne dégénère pas dans la seconde moitié du siècle, et d'autre part, nous engage à renforcer la résilience pour faire face aux risques qui changent déjà aujourd'hui et qui continueront de changer. Ainsi, A2R rassemble toutes les parties prenantes et rend visible le fait que nous progressons.
Centre d'actualités de l'ONU : L'adaptation semble avoir du mal à exister dans les efforts contre le changement climatique. Comment cette initiative peut-elle mettre la résilience à l'avant des efforts dans le domaine du climat?
Maarten Van Aalst : Concernant la mise en œuvre de l'Accord de Paris, tout le monde parle maintenant de la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans l'accord lui-même, il y a en réalité deux grands objectifs mondiaux, l'un est l'atténuation et l'autre est l'adaptation face aux risques croissants. S'agissant des pays les plus vulnérables, leur préoccupation principale est en fait ces risques. Et une partie de l'accord qui a été conclu à Paris prévoit qu'ils reçoivent un soutien de la communauté mondiale. Il ne s'agit pas seulement de petits projets soutenus par des instruments de financement négociés à l'ONU. C'est quelque chose que nous devons faire tous ensemble et ce que le Secrétaire général de l'ONU a essayé de faire avec A2R est de galvaniser toutes ces initiatives, de les rendre visibles, de les promouvoir mais aussi de s'assurer qu'elles reçoivent le soutien dont elles ont besoin.
Centre d'actualités de l'ONU : Comment mobiliser les ressources nécessaires ?
Maarten Van Aalst : Les ressources sont de deux types. Une partie consiste en des ressources accrues de la part de la communauté mondiale. Il s'agit des mécanismes de financement dont nous discutons ici à Marrakech, le Fonds vert pour le climat, le financement du développement qui existe déjà. Une autre partie consiste à faire mieux et de manière plus intelligente toutes les choses que nous faisons déjà. Il y a des milliers de milliards de dollars d'investissements faits chaque année et beaucoup d'entre eux ne sont franchement pas faits de la manière la plus intelligente. Nous construisons des infrastructures dans des endroits où nous savons qu'il y a un risque élevé qu'elles soient emportées par des inondations. L'agriculture est faite une façon qui la rend vulnérable aux inondations et à la sécheresse. Donc, si nous pouvons être plus intelligents avec les investissements que nous faisons de toute façon, nous pouvons faire beaucoup de progrès sur la résilience sans nécessairement avoir besoin de beaucoup de financement international supplémentaire.
Communiqué de l'ONU (1026 hits)
07/10/24 à 12h30 GMT