COP8 : Programme d’action sous-régional de lutte contre la désertification en Afrique de l’Ouest et au Tchad
Programme d’action sous-régional de lutte contre la désertification en Afrique de l’Ouest et au Tchad(PASR-AO): Etat de mise en œuvre, Juillet 2006
Introduction
Le Programme d’Action Sous Régional de lutte contre la désertification en Afrique de l’Ouest et du Tchad (PASR-AO) a été conçu comme un cadre de référence à partir duquel tous les acteurs impliqués dans la gestion des ressources partagées et/ou transfrontalières devraient concevoir leurs programmes et projets, de manière à constituer dans chacun des huit domaines prioritaires retenus, une masse critique suffisante de ressources financières et de compétences pour inverser les tendances actuelles à la dégradation des ressources naturelles.
Ce programme a pour but de développer la coopération sous-régionale en matière de gestion rationnelle des ressources naturelles partagées et de contribuer au développement durable des pays de la sous-région. Les objectifs opérationnels du PASR sont : (i) harmoniser, compléter et rendre plus efficaces les Programme d’Action Nationaux, (ii) définir et mettre en œuvre des stratégie sous régionale à long terme pour luter plus efficacement contre la désertification et atténuer les effets de la sécheresse, (iii) accompagner les acteurs de la sous région dans leurs efforts de gestions des ressources partagées et réaliser des programmes conjoints arrêtés d’un commun accord, en partenariat entre acteurs.
Depuis l’adoption du PASR-AO par décision A/DEC.1/12/99 des Chefs d’Etat et de gouvernements de la CEDEAO lors de leur sommet de décembre 1999 à Lomé, différentes initiatives ont été développées par les acteurs de la sous région et les deux centres de liaison (CILSS-CEDEAO) pour commencer sa mise en œuvre.
Le rapport fait le bilan des acquis du programme depuis son adoption et également, les contraintes identifiées et les actions entreprises par le CILSS ou à entreprendre par l’ensemble des acteurs pour redynamiser le programme.
1.Les domaines d’intervention prioritaires du PASR-AO
Pour réaliser les objectifs du PASR-AO, trois axes d’intervention et huit (8) domaines prioritaires ont été retenus :
A. Gestion durable des ressources naturelles partagées et/ou transfrontalières.
1)La gestion durable des ressources hydrauliques partagées;
2)La gestion des ressources végétales et animales transfrontalières et/ou partagées ;
3)La gestion durable des ressources énergétiques;
B. Maîtrise durable des contraintes et aléas en matières de GRN
4)La lutte contre les ennemis des cultures et des essences forestières;
5)L’alerte précoce et l’atténuation des effets de la sécheresse;
C. Mesures d’appui aux mesures d’accompagnement pour une bonne gestion des ressources naturelles.
6)La coopération scientifique et technique;
7)L’information, la formation et la communication;
8)Le développement des échanges commerciaux intra-régionaux des produits locaux.
La coordination des actions dans chacun de ces domaines est confiée à une OIG de la sous région qui joue le rôle de chef de file.
2.Les attentes des acteurs par rapport au PASR dans sa phase opérationnelle
Les pays de la sous région, notamment les points focaux nationaux de la CCD ont insisté sur la nécessité pour le PASR-AO de jouer, dans sa phase opérationnelle, les fonctions essentielles suivantes :
-Influencer les politiques, stratégies et pratiques de lutte contre la désertification aux niveaux sous-régional et national
-faciliter des échanges pour une meilleure fertilisation croisée en savoirs et savoirs faire entre acteurs et une amélioration continue des axes de stratégies et d’actions
-Rationaliser les mécanismes sous-régionaux d’intervention (organisations intergouvernementales…) Afin ce qui déboucherait sur la mise en commun des objectifs et des ressources et la réduction raisonnée du nombre des OIG.
-des acteurs intervenant isolément dans des programmes d’intérêt transfrontalier peuvent s’accorder pour conjuguer leurs efforts pour initier et mettre en œuvre conjointement des actions de gestion des ressources partagées et/ou transfrontalières
3. Progrès réalisés dans le cadre de mise en place de cadres partenariaux autour des domaines d’intervention prioritaires du PASR-AO
-
Il est important de rappeler que pour les acteurs de la sous région, le PASR est un cadre d’orientation, de référence, d’arbitrage et mise en cohérence des actions de lutte contre la désertification et les effets néfastes de la sécheresse. Il ne s’agit donc pas d’un programme opérationnel, mais d’un programme fédérateur des différentes initiatives en matière de gestion durable des ressources partagées. Aussi, faire le point de l’état de mise en œuvre du PASR revient donc à faire le point des initiatives développées par les acteurs, quels qu’ils soient, dans un ou plusieurs des huit domaines prioritaires d’intervention et non pas seulement les actions développées par le CILSS et la CEDEAO ou celles qui portent le « label » CCD
3.1 Les partenariats autours des grands bassins fluviaux
La plupart des pays d’Afrique de l’Ouest font face à plusieurs types de problèmes de gestion des ressources en eau qui se renforcent mutuellement pour aboutir à des situations préjudiciables au développement social. La nécessité d’équilibrer besoins, ressources et fonctions environnementales de l’eau exige une approche holistique qui prend en considération tous les facteurs pertinents et tous les acteurs concernés en vue d’une utilisation équilibrée, écologiquement rationnelle et durable des ressources en eau. La prise de conscience des différents acteurs de ce secteur eau a conduit à une évolution institutionnelle notable. En effet, les pays ont convenu, en lieu et place du mécanisme de gestion des ressources partagées contenu dans le PASR, de mettre en place un Cadre Permanent de Coordination et de Suivi (CPCS) doté d’une Unité de Coordination des Ressources en Eau (UCRE). Cette unité basée à Ouagadougou (Burkina Faso) relève directement du Secrétariat Exécutif de la CEDEAO. Elle offre une bonne opportunité de coopération entre les deux centres de liaison pour le pilotage des activités du PASR en matière de gestion des ressources hydrauliques partagées
La mobilisation de la communauté internationale pour soutenir ce sous secteur dans la sous région « Afrique de l’Ouest » a été remarquable au cours de ces quatre dernières années avec le financement de plusieurs initiatives parmi lesquels :
Le partenariat international autour du bassin du fleuve Niger
Le bassin du fleuve Niger est partagé entre neuf pays : Guinée, Mali, Niger, Bénin, Nigeria pour son cours principal ; Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire et Tchad pour ses affluents. Plus de cent millions de personnes vivent dans le bassin.
Les pays riverains de ce fleuve se sont dotés d’une « vision partagée pour un développement durable du bassin du fleuve Niger, ainsi que d’un Programme d’Action pour le Développement Durable du Bassin ». Cette démarche en vue de renforcer la coopération entre les Etats membres de l’Autorité du Bassin du Fleuve Niger (ABN) a reçu le soutien de la communauté internationale: Banque Mondiale, France, Canada, Banque Africaine de Développement, Banque Islamique de Développement, Programme des Nations Unies pour le Développement, Fonds pour l’Environnement Mondial (GEF), etc.
Le partenariat dans la gestion des ressources du bassin de la Volta
Environ 85% du bassin de la Volta sont localisés au Burkina et au Ghana tandis que Togo, Bénin, Côte d’Ivoire et Mali partagent le reste, 15%.
Plusieurs initiatives sont en cours visant l’amélioration de la gestion de l’eau sur le bassin et l’introduction des principes de gestion intégrée des ressources en eau, notamment :
-le Projet Volta-HYCOS, financé par l’Agence française de Coopération,
-le Projet de mise en place d’un Organisme de Gestion du Bassin avec l’appui de l’Union Européenne
-Projet Gouvernance de l’Eau du Bassin de la Volta qui concerne le Burkina et le Ghana, piloté par l’UICN en partenariat avec le Partenariat Ouest Africain de l’Eau (GWP/WAWP), la Water Resources Commission (WRC- Ghana) et la Direction Générale de l’Inventaire des Ressources Hydrauliques (DGIRH - Burkina Faso). D’autres partenaires potentiels sont: Green Cross International, CGIAR (à travers le Comprehensive Assessment of Water for Agriculture – Programme Challenge), le Center for Development Research (ZEF) à travers le Projet GLOWA-Volta et la FAO.
Le partenariat autour de la gestion des ressources du bassin du Fleuve Sénégal
Le bassin du fleuve Sénégal, couvre la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.
L’Organisation de Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) qui est l’organisme de gestion du fleuve, devait selon le traité de création établir des arrangements institutionnels pour encourager la coopération des pays membres, la coordination de développement des ressources de l'eau pour la navigation, l’irrigation, la production de l'énergie hydroélectrique et la protection et la conservation de l'environnement.
L’OMVS, a complété son organisation avec l'adoption de la Charte de l'Eau en 2002 et il prend des mesures pour développer des visions partagées sur le bassin. Plusieurs partenaires (Banque Mondiale, PNUD, GEF, AfDB, UICN, DFID, FAO et France et l’initiative BAD-NEPAD appuient l’OMVS dans l’établissement de plans d'action de gestion transfrontalière des ressources en eau et dans la mobilisation de ressources financières pour la mise en œuvre des plans d'action.
3.2. Le Massif du Fouta Djallon (MFD)
Le MFD constitue un ensemble géographique jouant un rôle de pourvoyeur et régulateur hydrique vital pour un groupe important de pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Tous les principaux fleuves de l’Afrique de l’Ouest y prennent leur source et c’est à ce titre que ce massif est appelé « le Château d’Eau de l’Afrique de l’Ouest ».
Deux programmes méritent d’être présentés dans le cadre du présent rapport en raison, d’une part, de leur importance pour la préservation du massif, d’autre part, de l’illustration qu’ils donnent sur les possibilités de partenariat entre les pays de la région, entre les pays de la région et les partenaires de coopération et entre les OIG de la région. Il s’agit du programme régional d’appui à la gestion intégrée des ressources naturelles (AGIR) et du programme de gestion intégrée des ressources en eau dans le bassin du Niger Supérieur (GIRENS).
Le programme AGIR couvre cinq (5) pays : Guinée, Guinée Bissau, Sénégal, Gambie et Mali. A travers la conservation et la restauration des écosystèmes naturels de la région, il vise l’amélioration des conditions de vie des populations riveraines et la conservation de la diversité biologique. Le budget du Programme AGIR totalise 23 millions d’Euros constitués d’allocations provenant du programme indicatif régional ainsi que des PIN des pays membres.
Le Programme GIRENS concerne le Mali et la Guinée et a pour objectif de « contribuer au développement durable dans le bassin du Niger Supérieur et de lutter contre la pauvreté dans un cadre sous-régional ». Au cours de l’année 2004 le programme a été co- financé par les Pays Bas, la Banque Mondiale et les deux pays concernés à plus de deux millions d’euros.
3.3 Les progrès réalisés dans la Gestion intégrée des végétaux aquatiques envahissants
Le développement des végétaux aquatiques constitue une menace sérieuse pour la survie économique de près de 100 millions de petits opérateurs, qui dépendent de ces ressources. Une telle occurrence mènera au chômage accru parmi les pêcheurs, aussi bien que les producteurs maraîchers dont 50% sont des femmes. La chute des revenus que cela va entraîner accentuera la pauvreté rurale.
C’est à ce titre que la CEDEAO a développé un projet dont les activités concernent 7 Etats membres de la CEDEAO et de l’UMA (Bénin, Gambie, Ghana, Mali, Niger, Nigeria Sénégal et Mauritanie). Le projet vise à apporter aux pays de la région la documentation et la formation nécessaires pour élaborer, à l’échelle nationale ou en collaboration avec les pays voisins, leurs plans de lutte contre les végétaux aquatiques envahissants
De son côté, le CILSS a travers le PREDAS a élaboré et soumis au NEPAD une fiche de projet sur la valorisation du « Typha Australis ».
3.3 Mise en place de réseaux de surveillance continue de la désertification en Afrique de l'Ouest
Dans le cadre du projet de transition Météorologique en Afrique (METAP), le CILSS/AGRHYMET et huit pays d’Afrique appuyés par certaines institutions techniques internationales ont obtenu un financement d’un projet « Mise en place de réseaux de surveillance continue de la désertification en Afrique de l’Ouest ». Un projet pilote initié par le CRA est en cours d’exécution depuis 2004. Son objectif est de contribuer au renforcement des capacités locales, nationales et sous-régionales en matière de prévention, de maîtrise de la sécheresse, de la désertification et des risques d’insécurité alimentaire et de dégradation des ressources naturelles.
Les principaux résultats attendus à la fin du projet sont : (i) des réseaux fonctionnels sont établis, renforcés et adaptés aux besoins des utilisateurs ; (ii) les besoins d’informations pertinentes sur la sécheresse et la désertification sont définis : (iii) des systèmes de production et de diffusion de l’information sont mis en place.
4.L’état de fonctionnement des mécanismes de coordination et de pilotage du PASR
Pour assurer la mise en œuvre et le suivi des activités du PASR, les acteurs se sont dotés de mécanismes de coordination à travers les principaux organes ci-après :
(i)la Conférence des Chefs d’Etats et de gouvernement de la CEDEAO, élargie au Tchad, (ii)le forum sous régional des acteurs, (iii) le Comité Sous-régional de Coordination (CSRC), (iv)le Secrétariat Technique du CSRC, (v)Les groupes thématiques.
4.1 La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement
Depuis la Conférence qui a adopté le PASR en décembre 1999, aucun autre sommet n’a été réuni.
4.2 Forum sous régional
Le Forum sous-régional composé de tous les représentants de l’ensemble des catégories d’acteurs. Cette instance devait se réunir tous les trois ans pour évaluer la mise en œuvre du PASR, proposer les réformes nécessaires à son orientation et définir les grands axes des activités. Depuis 1997 aucun forum des acteurs n’a été organisé. La raison principale est que le coût de telles manifestations est très élevé (minimum 100 millions de FCFA) et qu’aucune institution sous régionale, malgré les approches faites par le CILSS n’a consenti donner une contribution à l’organisation d’un tel événement.
4.3 Le CSRC
Le Comité Sous-Régional de Coordination (CSRC) est présidé par la CEDEAO. Le secrétariat technique est assuré par le CILSS. Composé des représentants des dix sept pays Parties au programme, des deux centres de liaison que sont le CILSS et la CEDEAO, des chefs de file thématiques, des principales organisations sous-régionales de la société civile, des représentants des partenaires au développement, il définit les priorités du PASR, arbitre les choix entre les actions et valide les divers documents et travaux.
Depuis sa mise en place, le CSRC a tenu quatre sessions dont une seule tenue après l’adoption du PASR-AO. La quatrième session qui s’est tenue à Ouagadougou en octobre 2002 a examiné et adopté les propositions d’actions des différents groupes thématiques.
Cette instance qui devait se réunir au moins une fois l’an et chaque fois que de besoin, n’a pu tenir de session depuis 2002 en raison des réductions successives de budget du CILSS.
4.4. Les groupes thématiques
Les groupes thématiques sont à la fois un cadre de réflexion scientifique et technique, et un espace de concertation et de coordination qui doit permettre d’identifier et de proposer des actions susceptibles de contribuer à la résolution des problèmes / contraintes liés à leurs domaines respectifs. Ces groupes ont été constitués à partir des huit domaines d’intervention prioritaires et sont, chacun, constitué des acteurs sous-régionaux intervenant ou ayant des compétences pertinentes dans le domaine concerné.
Ces groupes thématiques, à l’exception du groupe 8, ont tenu chacun une réunion pour définir les investissements prioritaires nécessaires dans leurs domaines respectifs.
5. Initiation et/ou mise en œuvre de projets transfrontaliers
5.1 Le PASR porte d’entrée du NEPAD Environnement en Afrique de l’Ouest
En mars 2002 à Dakar, les Ministres en charge de l’Environnement ont pris la décision de faire du PASR-AO « la porte d’entrée pour le volet ‘environnement’ du NEPAD en Afrique de l’Ouest ». Les deux centres de liaisons (CILSS – CEDEAO) ont développé trente deux fiches de projets de lutte contre la désertification qui ont été approuvées par la réunion de l’AMCEN en juin 2003 à Maputo.
5.2 Mise en œuvre de projets transfrontaliers
En collaboration avec l’UMA, le secrétariat de la CCD et des organisations sous-régionales comme l’UEMOA et l’ALG, de nombreux projets communs à deux / trois pays (projets pilotes transfrontaliers) de la sous-région ont été initiés et mis en œuvre avec le concours financier de plusieurs partenaires (OUA, du PGTF, du Luxembourg de la Principauté de Monaco et de l'Italie, Sécrétariat de la CCD)
Ces projets sont :
-Le projet « Béli» est un projet de gestion de ressources pastorales partagées par les éleveurs du Mali du Burkina et du Niger pendant la saison sèche (Décembre à Mai). Le projet a en outre soutenu des mesures d’accompagnement dans le domaine de la sécurité alimentaire, la promotion des activités génératrices de revenus, et la formation. Le lancement du projet est intervenu en décembre 1999 et son exécution est pilotée par une ONG locale de la région. Il a été clôturé en 2002
-Le projet « Cures Salées » qui est un projet de gestion des salines au Mali. L’objectif était de renforcer et améliorer la gestion des ressources naturelles partagées en vue de lutter contre la désertification et la pauvreté et d’améliorer les relations et les échanges entre les populations transfrontalières Mali/Niger/Burkina Faso. La zone du projet est entièrement en territoire malien, mais, comme dans le précédent projet, la ressource sur laquelle il porte (terres salées) est utilisée par du bétail en provenance des trois pays.
-Le projet « Azaouak » qui est un projet de gestion des ressources pastorales et forestières aux fins d'une stabilité et d'un renforcement socio-économique des populations concernées. Le projet est situé entre les républiques du Mali et du Niger.
-Le projet Djoudj-Lébeired-Jawling est un projet de gestion de formation végétale et est situé entre les républiques du Sénégal et de la Mauritanie.
-Le projet « Kayes – Kankonsa » est un projet de gestion des ressources naturelles et est transfrontalier entre les républiques du Mali et de la Mauritanie.
-Le projet «Kantchari» de gestion de formation végétale est situé entre le Burkina Faso et la république du Niger.
-Le projet Gorouol : Ce projet transfrontalier a été mis sur pied en vue de mettre en œuvre des actions locales pour freiner l’ensablement du cours d’eau du Gorouol, de mettre en œuvre des techniques simples de restauration du couvert végétal, et enfin permettre l’introduction de techniques d’atténuation de la consommation de bois de chauffe et de bois d’œuvre.
-Le projet d’Appui aux Communautés Transfrontalières Mali/Mauritanie/Sénégal exécuté à partir de 2004. Ces activités visaient à améliorer les conditions de production tout en dotant les communautés d’outils appropriés permettant de sécuriser les productions agricoles, pastorales et sylvicoles. Le projet prévoyait également la création de cadres de concertations des différentes communautés transfrontalières. Le projet a été piloté par l’ONG Baara Nyuaman
- « Burkina-Togo-Ghana ».
En tant que Secrétariat Technique du CSRC, le CILSS a piloté également un projet de « système d’information et de suivi de l’environnement ouest-africain sur internet – SISEI-AO). Il s’agit d’un projet conjointement conçu avec la CEDEAO et qui vise une meilleure circulation de l’information sur l’environnement entre les différents acteurs du PASR. Ce projet bénéficie de l’appui technique de l’OSS et de l’UNITAR. Le prototype déjà disponible sur le site du CILSS (www.cilss.org ) et à l’adresse « www.unitar.org/sidsisei/sisei_ao » renferme un certain nombre de données sur les questions liées à la mise en œuvre de la CCD.
6. Appui à l’élaboration et l’harmonisation des PAN
Un des mandats donnés aux deux points focaux sous-régionaux, principalement au CILSS, par les Etats au forum de Niamey en juillet 1997 était d’appuyer les pays dans les processus d’élaboration des PAN, de manière à assurer une cohérence d’ensemble des stratégies et plans de lutte contre la désertification tant au niveau sous-régional que national.
Au cours de la période écoulée et avec l’appui du Mécanisme Mondial, de l’USAID le CILSS a appuyé principalement trois pays dans le processus d’élaboration de leurs PANs : la Guinée Bissau, la Guinée et la Sierra Léone. Initialement, ces appuis devaient s’étendre aux deux autres pays de la sous-région ne disposant pas de PAN (Côte d’Ivoire et Libéria). Toutefois, pour des raisons évidentes liées aux conflits civiles dans ces pays, le CILSS a retenu, après concertation avec le Mécanisme Mondial et le Secrétariat de la CCD, de différer les appuis à ces deux pays.
En 2006, quatorze des dix sept Etats membres du CILSS et de la CEDEAO dont la Guinée et la Guinée Bissau ont fini l’élaboration de leurs PANs. Ce processus d’appui à l’élaboration des PAN est en cours de finalisation avec la Sierra Léone.
7. Appui à la mobilisation des ressources pour la mise en œuvre des PAN finalisés
Les PANs et le PASR-AO, conçus à l’époque comme des cadres d’orientation et de référence n’ont pas suscité l’intérêt escompté des donateurs, essentiellement parce qu’ils ne proposent pas entre autres, de programmes opérationnels précisant les arrangements en matière de partenariat à large assise pour résoudre les problèmes de dégradation des sols d’une manière durable.
Grâce aux financements du MM, le CILSS a entrepris d’appuyer quatre pays pour l’opérationnalisation de leur PAN et mettre en place d’une plate forme de partenariat pour la gestion durable des terres : Burkina Faso, Bénin, Niger et du Tchad
La démarche proposée consiste en une conciliation entre l’offre et la demande de produits financiers et technologiques en faveur de la lutte contre la dégradation des terres et l’atténuation des effets de la sécheresse.
L’application de cette démarche est dans ses premières étapes au Bénin où l’étude a permis d’évaluer l’offre et la demande de financement ainsi que les besoins de financements additionnels ainsi qu’au Tchad où la revue complète des projets et programmes a été faite. Au Burkina Faso, les résultats obtenus qui se traduisent par l’adoption d’une approche programmatique globalisante répondant aux priorités stratégiques du pays, ont fortement influencé la décision du FEM de retenir ce pays comme pays pilote pour la mise en œuvre de son initiative sur la dégradation des terres dans le cadre de l’OP 15 : le country pilot partnership program for sustainable land management. Les mêmes résultats sont jugés encourageants par la Banque Mondiale qui voudrait considérer le Burkina Faso comme pays pilote pour la mise en œuvre de son initiative « TerrAfrica ».
8. Contraintes rencontrées dans la mise en œuvre du PASR
Depuis son adoption, la mise en œuvre du PASR est confrontée à un certain nombre de problèmes d’ordre institutionnel, organisationnel, financier et programmatique.
8.1 Les contraintes institutionnelles et organisationnelles
Une coordination insuffisante des actions de LCD/GRN
Depuis l’adoption du PASR-AO, le paysage institutionnel dans le domaine de l’environnement et du développement rural s’est agrandit dans la sous région : Programme d’action régional de Gestion Intégrée des ressources en eau (PAR/GIRE) ; volets Environnement et Agriculture du NEPAD, le Cadre Stratégique de Sécurité Alimentaire durable (CSSA), Politique Agricole Commune PAC-UEMOA et PAC-CEDEAO, Politique Commune d’Amélioration de l’Environnement) PCAE-UMEOA... On dénombre au moins 15 initiatives stratégiques portées par les institutions d’intégration et de coopération actuellement en cours dans l’espace ouest africain. Certaines de ces initiatives sous-régionales sont développées dans les domaines couverts par le PASR-AO avec la participation des acteurs du PASR-AO sans que des références ne soient faites à ce programme.
Chacune des institutions ont développé et développent des initiatives faiblement corrélées entre elles et dont la cohérence d’ensemble n’est pas avérée. Chaque organisation cherche à assurer sa survie et sa légitimité en développant ses propres programmes, plutôt qu’en cherchant à voir comment être complémentaire des autres et comment renforcer leurs capacités respectives de coordination et de soutien aux Etats qui les ont créés.
Ce foisonnement d’institutions entraîne une compétition farouche pour accéder aux (mêmes) ressources financières aussi bien au niveau national qu’au niveau sous-régional.
Aucune institution n’a le monopole de l’identification et de la formulation de projets / programmes dans le cadre du PASR. L’essentiel est que chaque institution, lorsqu’elle développe une initiative dans un des huit domaines de concentration du PASR, informe les autres acteurs du groupe et les centres de liaison, principalement le CILSS en sa qualité de Secrétariat Technique du CSRC, soit directement, soit par le canal du chef de file du groupe thématique concerné. Une telle disposition vise à favoriser autour de chaque initiative, le développement d’un cadre partenarial pour faciliter la recherche de financement, éviter les double emplois et faciliter la capitalisation des acquis au profit de tous les acteurs intervenant dans le domaine dans la sous région.
Insuffisante communication entre les deux centres de liaison
Jusqu'à une date récente, il n’existait pas un groupe de travail technique composé d’experts des deux institutions pour faire régulièrement le point sur l’état d’avancement du PASR. Par ailleurs les rencontres de haut niveau ne sont pas régulièrement organisées.
Faible fonctionnalité des mécanismes de coordination et de pilotage du PASR
En dehors de la 4è session du CRSC tenue en 2002, aucune instance n’a pu se tenir.
Les groupes thématiques fonctionnent au coup par coup : composition inadéquates, difficultés de fonctionnement de certaines institutions chefs de file quand elles ne sont pas purement et simplement démantelées ; faiblesse des capacités des chefs de file ;
8.2 Mobilisation des ressources financières
Ressources financières disponibles insuffisantes et faible participation des autres acteurs au financement du PASR. Les activités du PASR sont exécutées, jusque là, grâce essentiellement à des financements mobilisés par le CILSS dans le cadre de ses propres programmes. Cette situation explique le ralentissement constaté dans la mise en œuvre du PASR. Les appels lancés par le forum de Niamey et les réunions successives du CSRC en direction des organisations sous-régionales pour qu’elles prennent en charge la participation de leurs représentants aux activités du PASR restent sans écho, sauf auprès de la CEDEAO.
Perspectives
Les principales initiatives du CILSS en cours pour redynamiser la mise en œuvre du PASR
Mobilisation des ressources financières
Les programmes d’appui du CILSS à la société civile
Différentes initiatives ont été prises par les centres de liaison pour améliorer le financement de la lutte contre la désertification, principalement au niveau local. Depuis 2005 , le CILSS met en œuvre l’initiative régionale « environnement mondial et lutte contre la désertification » IREM/LCD soutenue par la coopération française,
Le CILSS met également en place avec le soutien du gouvernement italien, un « fonds de lutte contre la désertification pour la réduction de la pauvreté au Sahel ». Ce fonds d’un montant de 15,5 millions d’Euros vise à soutenir la mise en œuvre de la CCD au niveau local dans quatre pays du Sahel, à savoir : le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Sénégal.
Il s’agit en l’occurrence d'offrir des perspectives de développement à des populations et à des communautés rurales particulièrement vulnérables, habitant dans des zones marginales arides et semi-arides, et qui sont définies comme étant des zones à risque social et environnemental élevé (ZARESE).
L’opérationnalisation du PASR
La réflexion sur l’opérationnalisation du PASR est engagée depuis 1999, mais n’a pas été possible face au faible engagement politique des trois OIG principales que son la CEDEAO, l’UEMOA et le CILSS. Cette opérationnalisation et de la mise en place d’une plate forme de partenariat pour la gestion durable des terres reste d’actualité. Il s’agira de conduire une étude qui procédera à la relecture et mise en cohérence des propositions d’action faites par les groupes thématiques en vue de proposer des documents de projets/programmes éligibles à différents guichets dont le FEM et le MDP. Cette relecture devrait également être mise en convergence avec les autres initiatives environnementales au sein de l’espace CEDEAO (PCAE de l’UEMOA, Volet NEPAD Environnement, Terr’Africa etc.). L’étude devra en outre proposer une plateforme partenariale pour la mise en œuvre du PASR-AO. Les propositions de l’étude seront validées au cours de la 5è session du CRSC et feront l’objet d’une planification pour leur mise œuvre dans le cadre de la Convention CILSS- CEDEAO
Développement d’arguments économiques en faveur de la GRN
Si dans les années 1970, il y a eu une importante mobilisation pour faire face à la crise environnementale causée par la sécheresse, aujourd’hui, que ce soit en Afrique de l’Ouest ou dans les pays donateurs, les personnes chargées de la budgétisation exigent des garanties solides que leurs investissements dans le secteur seront rentables. Il est donc temps de se défaire de la « mentalité de crise », surtout que partout dans la sous région, il est possible de fournir des informations sur les impacts de la GRN. Le CILSS et quelques partenaires ont ainsi de rassembler des témoignages et des preuves convenablement chiffrées pour les économistes pour amener les personnes chargées d’allouer les budgets à se défaire de cette impression générale que le secteur de la GRN a un rôle globalement marginal pour ce qui est de stimuler la croissance économique, de réduire la pauvreté et de favoriser la démocratisation. Cette étude régionale baptisée « Etude Sahel » couvre un premier groupe de quatre pays (Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal et a déjà produit des résultats probants au Niger.
Améliorer la communication sur les résultats et acquis de la GRN.
La grande majorité des initiatives locales réussies sont restées dans l’ombre et n’ont pas été exploitées comme elles auraient pu l’être, en tant que moteur permettant d’accélérer la croissance économique rurale, de réduire la pauvreté, de freiner la dégradation environnementale et de renforcer la gouvernance locale. Or l’on dispose de connaissances suffisantes pour renforcer les tendances positives observées.
Aussi le CILSS a élaboré une stratégie de communication des résultats de l’Etude Sahel auprès des décideurs politiques et l’opinion internationale afin de sensibiliser et changer la perception de ces acteurs. Il est ainsi prévu d’organiser des ateliers nationaux de restitutions et la production de différents supports de communications adaptés aux différents publics cibles.
Appui à l’élaboration et la mise en œuvre d’une Charte régionale sur le foncier rural en Afrique de l’Ouest foncière
La question du foncier rural au Sahel et en Afrique de l’Ouest revêt un caractère crucial en raison de son importance dans les décisions individuelles comme communautaires dans les pratiques de GRN, de paix sociale, de promotion des investissements, de lutte contre la pauvreté rurale et d’intégration régionale. Les gouvernements et les institutions sous-régionales doivent développer un environnement politique, réglementaire et institutionnel favorable à la LCD.
L’objectif des réflexions engagées depuis Praia+9 tenu à Bamako en 2003 est de dégager pour la prochaine décennie, de nouvelles orientations de politiques et de législations foncières, conformes et favorables aux exigences de la gestion durable des ressources naturelles, du développement durable, de la décentralisation et de l’intégration régionale. La nécessité de mener un processus de dialogue entre toutes les parties prenantes, afin de préparer dans les années à venir une charte régionale qui réglementerait pour l’ensemble des pays de la sous-région, la question de l’accès et du contrôle des ressources foncières et faciliterait ainsi, le cheminement vers une entité géographique et économique réellement intégré. Le processus d’élaboration de cette Charte foncière régionale a été relancée depuis Novembre 2006 à Bamako (Mali) par l’adoption d’une feuille de route consensuelle pour son élaboration et sa mise en œuvre. Le CILSS a été mandaté par les différentes parties prenantes pour conduire le processus en collaboration avec la CEDEAO et l’UEMOA.
Perspectives et pré-requis pour une dynamisation du PASR
La mise en œuvre effective du PASR et notamment son opérationnalisation et sa mise en convergence avec les autres instruments de gestion de l’environnement et du développement rural n’est pas simplement une question technique. Ces actions requièrent des préalables politiques, notamment une rencontre des Chefs exécutifs du CILSS, de la CEDEAO et de l’UEMOA.
Une telle rencontre est rendue indispensable pour amener ces trois institutions à prendre des engagements et à définir des mécanismes opérationnels pour parler d’une même voix sur les questions environnementales et à servir de fer de lance pour un réel dialogue entre la vingtaine d’institutions sous régionales existantes. En raison de leur poids politique et technique une telle entente était susceptible de briser les logiques actuelles de cloisonnement et de dispersion des efforts et de permettre aux Etats de la sous région d’avoir un programme d’action de lutte contre la désertification véritablement sous régional. Tant que de telles logiques ne sont pas cassées, en effet, l’on continuera à considérer le PASR-AO comme un programme du CILSS et non un programme de l’ensemble de la sous région. Et des initiatives continueront à se développer sans référence aucune au PASR-AO
Il est important de considérer que ce préalable politique est, au niveau sous régional, un indicateur d’engagement et de volonté politique comme l’est la promotion d’un environnement institutionnel et législatif favorable au niveau national. Tant que cette volonté ne sera pas matérialisée, il sera difficile pour les techniciens d’avoir l’adhésion de toutes les structures et d’engager les partenaires de coopération dans un processus de mise en place d’un cadre partenarial pour la gestion durable de telle ou telle ressource partagée et/ou transfrontalière.
Partagez
Donnez votre avis