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Durban, une concertation ministérielle sur la Francophonie en tant qu'espace solidaire pour des partenariats innovants dans la lutte contre les changements climatiques



  • Stéphane POUFFARY, ENERGIES 2050, pour l'IEPF

    Le mercredi 7 décembre, l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), avec le concours de son organe subsidiaire l'Institut de l'énergie et de l'environnement de la Francophonie (IEPF), a organisé une Concertation ministérielle sur le thème de "La Francophonie : un espace solidaire pour des partenariats innovants dans la lutte contre les changements climatiques". Ce déjeuner débat organisé chaque année à l'occasion des Conférences des Parties est un instant privilégié d'échange sur des problématiques au coeur des préoccupations des pays francophones qui participent aux négociations climatiques.

    Mme Fatimata DIA TOURÉ, Directrice de l'IEPF a remercié les participants pour leur disponibilité pour cette rencontre de haut niveau au sein de l'espace francophone.

    La Suisse, Présidente du Sommet de la Francophonie a ouvert les débats et a rappelé l'importance du partage d'une langue commune en tant que patrimoine commun. M. Bruno OBERLE, Secrétaire d'Etat et Directeur de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) a souligné combien cette période était particulière et combien il était important d'agir pour limiter les conséquences du changement climatique. Il a rappelé la nécessité d'inscrire dans la durée des objectifs ambitieux partagés bien au-delà des quelques 15 % des GES mondiaux couverts par le Protocole actuel et qu'il fallait se préoccuper aussi des 85 % restants.

    Mme Monique BARBUT, Directrice Générale et Présidente du Fonds mondial pour l'environnement (FEM) a présenté les évolutions du FEM (augmentation de l'efficacité du suivi des demandes, mise en place de modalités d'accès direct pour les pays bénéficiaires, reconnaissance en tant qu'agence d'exécution d'agences nationales ou régionales). Elle a rappelé que le Fonds vert allait se mettre en place dans un contexte de crise économique majeure mais aussi dans un contexte où il existe déjà un nombre très importants de fonds. Un fonds n'a de sens que s'il répond à un besoin et que les moyens sont à la hauteur des besoins. Un des impératifs du fonds sera d'être démocratique et doté d'une gouvernance transparente. Le Fonds vert devra trouver sa place dans le " désordre " des fonds existants sachant que chacun a ses propres règles et critères d'allocation et ses propres ressources. Le Fonds vert devrait, selon Mme Barbut agir comme un instrument de coordination des différents fonds existants et il devrait également permettre de suivre la réalité des investissements. Il pourrait compléter certains fonds existants et permettre de progresser dans l'homogénéisation des procédures des différents instruments. A terme, l'idée d'une banque verte parait pertinente même si se pose la question de la capitalisation et c'est pourquoi s'adosser à des établissements existants pourrait être une bonne stratégie. Cela permettrait, entre autres, de pouvoir démultiplier les mécanismes de marché existants. Les fonds existants pourraient être des guichets de mise en oeuvre. Mme Barbut a précisé qu'il ne s'agissait ici que de ses réflexions qu'elle avait voulu partager avec l'assemblée.

    M. Philippe HENRY, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire et de la Mobilité de la Wallonie a ensuite présenté le deuxième appel à projets lancé à Durban dans le cadre des financements précoces pour un montant de 2,4 M%u20AC. Il a précisé les partenaires éligibles en soulignant qu'il s'agissait également d'encourager les partenariats locaux et wallons. Il a souligné la volonté d'impliquer les collectivités locales. Les projets doivent encourager la création d'emplois et prendre en compte la question des genres.

    Le Ministre de l'Environnement et de l'Assainissement du Mali, Pr Tiémoko Sangaré nous a expliqué que Durban était pour lui " la COP de l'Afrique ". Depuis Copenhague, l'Afrique s'est organisée et désormais elle parle d'une même voix dans les négociations et elle affiche des positions communes.
    Pour lui " la poursuite du Protocole de Kyoto est un impératif et cela quelque soit sa faiblesse. S'il devait être abandonné, nous serions alors à la limite de la négation de la prise de conscience de la question climatique par la communauté internationale ". C'est donc pourquoi le maintien d'une deuxième période est obligatoire même si certains pays ne sont pas encore prêts et c'est aussi pourquoi le Groupe Afrique plaide pour une continuité entre les deux périodes pour éviter toute possibilité de tout remettre en cause.
    Dans le même esprit la mise en oeuvre des accords de Cancun est un impératif. Pour ce qui est du Fonds vert, le Comité transitoire a remis un rapport qui contient beaucoup de bonnes choses même s'il faut encore l'améliorer. L'accès direct des pays bénéficiaires pour l'adaptation et l'atténuation ne peut pas être remis en cause.
    " Depuis hier les Ministres entrent dans la danse. Nous sommes confiant même si cela ne sera pas simple mais nous voulons un accord. Il est urgent que la Communauté internationale prenne à bras le corps le changement climatique car l'Afrique est une des parties les plus vulnérables et les impacts du changement climatique se voient dans nos pays. Aujourd'hui nous avons besoin de concret, de financement car depuis Copenhague nous n'avons rien vu ! "

    M. Bassari Touré, Vice Président de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) a présenté les actions et l'ambition de la BOAD dans son espace de compétence. Il a souligné les impacts du changement climatique dans l'UEMOA, les entraves à la lutte contre le changement climatique et la réponse apportée par la BOAD notamment au travers de l'initiative régionale carbone qu'elle a lancée en 2008. Il a rappelé que la BOAD était la première entité régionale accréditée auprès du Fonds d'adaptation.

    M. Ronan DANTEC, adjoint au Maire de Nantes et Sénateur de Loire-Atlantique a apporté le témoignage d'expériences de coopérations décentralisées réussies. Il a précisé, en tant que porte-parole climat de Cités et Gouvernements Locaux Unis, que depuis Cancun, le rôle des Gouvernements Locaux était reconnu. A ce titre, il a remercié les actions de la francophonie et plus particulièrement de la Suisse, la France mais aussi du Mexique, de la Corée, du Sénégal et de l'ensemble du Groupe Afrique. Les autorités locales devront être associées aux mécanismes de gouvernance qui seront mis en place. Pour finir, il a présenté le projet " city-wide " qui a été approuvé par le Comité exécutif du MDP et qui prend en compte le territoire d'une manière intégrée.

    M. Serge Lepeltier, Ambassadeur de France, chargé des négociations sur le changement climatique a rappelé que l'Europe était favorable à une deuxième période d'engagements contraignants mais qu'elle ne pouvait le faire seule. Il a précisé que le groupe des BASIC et les Etats-Unis devaient évoluer et il a souligné les signes d'ouverture de la Chine. L'Afrique a un rôle moteur vis-à-vis de ces deux groupes car elle est en mesure de se faire entendre plus que l'Europe sur la question climatique. Il a souligné également que le Groupe Afrique pouvait avoir un rôle pédagogique vis-à-vis des autres pays. Les liens forts entre le continent africain et la Chine devaient permettre à l'Afrique d'expliquer les difficultés auxquelles elle est confrontée. " Ne négligez pas l'influence que vous pouvez avoir " a-t-il déclaré aux représentants africains. " Plus le processus sera ambitieux, plus les financements seront adaptés et, à l'inverse, si le processus n'est pas ambitieux, il n'y aura pas de financements ". La Chine changera si elle ressent suffisamment de pression. M. Lepeltier a ensuite présenté l'initiative Paris-Nairobi lancée en avril 2011 pour l'accès à l'énergie en Afrique.

    M. François-Xavier Duporge, Secrétaire général du Fonds Français pour l'Environnement Mondial (FFEM) a présenté la mission du Fonds Français pour l'Environnement Mondial. Le FFEM a pour mission de favoriser la protection de l'environnement mondial dans les pays en développement. M. Duporge a présenté les modalités de fonctionnement du fonds et certaines de ses réalisations.

    Mme Doris LEUTHARD, Conseillère fédérale de Suisse, Chef du Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC) a clôturé les échanges en rappelant que le changement climatique était au coeur des préoccupations de la Suisse. " J'écoute depuis de longues années beaucoup de bons mots sur l'urgence d'agir mais la seule chose qui est vraiment importante, c'est l'action et plus encore les résultats ". La Suisse a tenu ses engagements même dans les financements précoces et Madame la Conseillère fédérale a ajoutée qu'elle invitait les autres pays à mettre en place des mesures concrètes au-delà des " jolis mots ".

    A noter également que parmi les participants à ce déjeuner d'échanges étaient également présents de très nombreuses autorités telles que le Ministre de la Mauritanie, le Ministre du Togo et le Sous-ministre du Québec. Au-delà du protocole, le caractère informel de la rencontre a permis d'engager de nombreux échanges avec les quelques experts et représentants de la société civile invités.

    C'est d'ailleurs au titre d'expert et de représentant de la société civile que j'ai tenu ici à rapporter la nature de ces échanges riches et parfois quelque peu différents du discours diplomatique habituel.


    Stéphane POUFFARY, ENERGIES 2050, pour l'IEPF
    [COP17-climat]
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