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La dernière Evaluation mondiale des eaux internationales expose la gravité des pénuries d'eau...



  • COMMUNIQUE DE PRESSE

    Le 20 mars 2006 - Les pénuries d'eau déclencheront certainement une intensification des dégâts environnementaux dans les quinze ans à venir, estime un rapport international sur les ressources mondiales en eau.

    Différents phénomènes, tels que l'affaiblissement de débits fluviaux, la salinité croissante des estuaires, la perte de ressources halieutiques et d'espèces de plantes aquatiques, et la réduction des sédiments charriés vers les côtes, s'amplifieront dans de nombreuses régions du monde d'ici 2020.

    En conséquence, les pertes de terres arables, l'insécurité alimentaire et les dommages aux zones de pêches s'amplifieront, alors que la malnutrition et la maladie se répandront.

    Les 1.500 experts qui ont contribué au rapport final du Projet d'évaluation mondiale des eaux internationales (GIWA) estiment que, de manière générale, l'agriculture représente la question la plus préoccupante du point de vue des ressources en eau douce.

    « On a constaté mondialement que la demande de produits agricoles est en croissance et que la tendance tend vers des produits agro-alimentaires nécessitant un apport considérable en eau, tels que la viande à la place de légumes, ou des fruits à la place de céréales. »

    La faute est due également au manque de connaissances : de nombreux pays en développement ignorent la taille de leurs ressources en eau et les tendances précises de l'offre et la demande.

    Le Rapport, rendu public à la veille de la Journée mondiale de l'eau célébrée le 22 mars, note que : « Les lacunes les plus importantes portent sur les aquifères, ce qui constituent un obstacle significatif à la gestion efficace des ressources en eau, étant donné la dépendance croissante envers les nappes phréatiques. »

    Les échecs de marché y sont également identifiés comme facteurs clés de la dégradation des ressources en eau douce et des zones côtières.

    « La majorité des intrants sont sous évalués par rapport à leurs coûts sociaux et environnementaux totaux », note le rapport, citant en exemple la sous-évaluation de l'eau, des subventions aux pesticides et à la pêche, des incitations financières à la construction d'infrastructures, telles que les projets de construction de barrage et de transfert d'eau.

    Les dommages infligés aux eaux internationales par la surexploitation des réserves halieutiques et les méthodes de pêche destructrices y sont également signalés.

    Le rapport met en cause les prises excessives, alimentées par des subventions à la pêche de 20 milliards de dollars, le non respect des lois relatives à la pêche et les pratiques de pêche destructrices telles que la pêche à l'explosif dans les récifs coralliens.

    « Un dollar investit (dans la pêche à l'explosif) peut rapporter au petit pêcheur un profit immédiat deux cent fois supérieur, mais laisse un récif dévasté qui ne se rétablira que cinquante ans plus tard», indique le rapport.

    Le rapport suggère instaurer un système de rémunération des écosystèmes afin de valoriser les biens et les services que produisent différents éléments naturels, comme les récifs coralliens et les terres humides.

    L'étude estime, par exemple, que les zones humides du Mexique seraient moins vulnérables si les propriétaires étaient récompensés pour les services d'épuration des eaux usées offerts par ces filtres naturels de la pollution.

    Il ressort du rapport que le changement climatique est la question primordiale, au coeur de toutes les préoccupations, et celle qui menace particulièrement les zones de pêche et les organismes marins.

    Selon l'Evaluation, la variabilité du temps est le facteur déterminant du rendement halieutique de près de la moitié des principaux écosystèmes marins du monde, y compris les bancs orientaux et occidentaux du Groenland, le courant du Benguela au large de l'Afrique du sud ouest, le courant des Canaries au large du Nord-ouest africain, le courant Humboldt au large de la côte ouest de l'Amérique latine.

    Les changements climatiques pourraient donc avoir des conséquences majeures sur ces régions vulnérables.

    Ces conclusions sont présentées dans le rapport final de l'Evaluation mondiale des eaux internationales, mise en oeuvre par le Programme des Nations Unies pour l'environnement grâce au soutien financier du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) et de différents gouvernements nationaux, les pays nordiques en particulier.

    L'évaluation, une oeuvre unique en son genre, a réuni non seulement des scientifiques mais aussi des experts en matières économiques et sociales.

    Ils ont analysé les tendances actuelles et futures liées à l'eau douce et aux eaux côtières dans 66 zones transfrontalières, partagées pour la plupart entre pays en développement.

    Leur rapport final, intitulé « Les enjeux relatifs aux eaux internationales : Evaluations régionales dans un contexte mondial », a été rendu public aujourd'hui, et contient un ensemble de recommandations visant à inverser les dégâts et la dégradation de l'environnement.

    Klaus Toepfer, le Directeur exécutif du PNUE, a déclaré : « De nombreux messages importants ressortent de cette étude novatrice. Mais celui qui retentit le plus porte sur l'économie : notre échec commun d'apprécier la vraie valeur monétaire des biens et services que nous procurent les eaux internationales, et de limiter la portée de leurs bénéfices à la minorité plutôt qu'à la majorité, nous appauvrit tous. »

    « Je suis sincèrement convaincu que surmonter la pauvreté et réaliser les Objectifs de développement du Millénaire n'est possible que si nous nous examinons de près notre façon de gérer le monde naturel ; que si nous attribuons une plus grande valeur au capital naturel des forêts et des prairies, et aussi à celui de nos ressources en eau douce et des habitats côtiers», affirme-t-il.

    M. Toepfer a salué la grande contribution de Gotthilf Hempel, Professeur émérite d'océanographie biologique à l'Université de Kiel, et Conseiller scientifique du Sénat brêmois (Allemagne).

    « Le Professeur Hempel, notre ambassadeur GIWA, a joué un rôle primordial dans l'élaboration de ce rapport final. Nous lui sommes redevables de sa sagesse, son expérience et ses connaissances qui ont aidé à finaliser cette oeuvre majeure. »

    L'Evaluation GIWA a analysé cinq domaines prioritaires, dont les pénuries d'eau douce, la pollution et la surexploitation des ressources halieutiques.

    Le rapport conclut qu'il y lieu de s'inquiéter de l'état des choses dans tous les domaines, et que la plupart des problèmes s'intensifieront significativement d'ici 2020.

    Une des conclusions favorables à en sortir est la possibilité d'une atténuation du problème de pêche excessive dans « plus de 20 pour cent des régions et sous-systèmes évaluées » au cours des vingt prochaines années, grâce à l'introduction de modes de gestion plus durables.



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