La 3ème session de l'après-midi a porté sur le thème des services intangibles, culture et spiritualité.
Martin Tchamba étant absent, Nicole Huybens (UQAC), la première intervenante, a présenté seule le rapport sur " La forêt, écosystème social et symbolique ".
Selon elle, les interventions dans la nature doivent être plus humaines. En effet, la forêt n'est pas qu'un objet pour satisfaire nos besoins. Ainsi, une meilleure appréhension de la symbolique ou de l'éthique permettrait de mettre en place dans les forêts des pratiques plus durables.
Elle insiste sur l'importance de l'intangible et des symboles dans la prise de décisions : ils doivent être pris en compte dans la prise de décision.
Son exposé s'est articulé autour de 2 axes : d'une part, l'éthique de l'environnement, et d'autre part, la forêt symbolique.
Il faut, selon Mme Huybens, distinguer : la science qui décrit, l'éthique qui prescrit, l'économie qui fait des calculs de rentabilité, le droit qui impose des normes, l'esthétique qui est de l'ordre du ressenti et enfin la symbolique qui signifie.
Concernant tout d'abord l'éthique de l'environnement, elle distingue 3 conceptions de la relation entre l'homme et la nature :
- l'anthropocentrisme : qui est la séparation de l'homme en tant de sujet et de la nature en tant qu'objet. Dans cette conception, la nature est exclue de l'éthique.
- l'écocentrisme : les écosystème et leur fonctionnement servent d'éthique. L'humain est un sujet mais il doit se conformer aux lois de la nature qui servent d'éthique.
- le biocentrisme : basé sur le respect de toute vie. L'humain n'est pas un sujet et la nature n'est pas un objet. Il y a un lien d'interdépendance entre les deux.
Toutefois, il semble impossible de choisir une représentation pour toute l'humanité. Il existe trop de diversité entre " l'ancien " et " le contemporain ". Il faut donc opter pour une éthique multicentrique qui repose sur divers concepts tels que la liberté et la responsabilité pour les humains.
Concernant ensuite la forêt symbolique, elle explique le fonctionnement du symbole. La forêt apparaît ainsi comme un symbole (ex. : symbole de vie, de fécondité, d'immortalité, etc...), de même que l'arbre debout.
Aujourd'hui, la forêt a une symbolique culturelle. Selon Mme Huybens, il semble donc important de prendre en compte cette symbolique. La démocratie participative et représentative a alors un rôle important dans la gouvernance mondiale.
Le 2ème intervenant de cette session, Patrice Bigombe Logo (CERAD) a, quant à lui, présenté une contribution sur le thème de la " Valorisation des savoirs locaux dans la gestion durable des forêts ". L'exposé s'est centré sur le Cameroun et le Congo Brazzaville.
Il insiste sur le fait que l'étroitesse des liens entre les populations et les forêts dans ces régions constitue la base des connaissances traditionnelles en matière de gestion durable des forêts. Toutefois, les connaissances traditionnelles et locales ne doivent pas être appréhendées avec une conception figée.
Selon M. Partrice Bigombe Logo, il faut alors se poser la question de savoir comment mieux valoriser et intégrer les connaissances traditionnelles et locales dans les systèmes publics de gestion durable des forêts ? Selon lui, l'aménagement participatif soutenu par l'usage raisonné de la concertation, la délibération, la participation... semble être une bonne alternative. Il complète son propos par une étude de cas au Cameroun (gestion du parc Campo-Ma'an) et au Congo. Ces expériences permettraient à l'administration forestière de travailler en complémentarité avec les populations locales.
Le 3ème et dernier intervenant, Inza Kone (Centre Suisse de recherche en Côte d'Ivoire), a présenté une contribution sur " Mobilisation sociale inédite pour sauver une forêt du domaine rural dans le Sud Ouest de la Côte d'Ivoire : rôle des logiques socioculturelles ". Il s'agit d'une étude de cas reposant sur le fait qu'en 2010, il a été possible d'observer une mobilisation sociale inédite pour sauver la forêt du Marais Tanoé-Ehy, riche en ressources mais aussi sujette à de multiples pressions anthropocentriques.
Après quelques éléments de présentation de la forêt en question, il a présenté les pratiques socio-culturelles liées à cette forêt : elle permet l'approvisionnement en moyens de subsistance, elle est caractérisée par un culte aux génies protecteurs (ex. : rituels), elle est caractérisée par un recours aux singes pour purifier la société.
Ces pratiques vont alors constituer le fondement des logiques qui ont soutenu l'engagement individuel et collectif. Ainsi, cet engagement était fondé sur deux arguments : il faut sauver les espèces ayant une fonction sociale importante, il faut sécuriser la demeure des génies protecteurs.
[FFPR2012]
06/05/24 à 12h32 GMT