En 2011, ce sont 400 000 candidats qui se sont disputé les 8 000 postes publics mis en jeu à travers 110 concours. Cette année 2016, ils sont prêt d’un million de candidats inscrits pour 12 324 postes à pourvoir dans les concours directs de la Fonction publique burkinabé. En cinq (5) ans le nombre de postulant a plus que doublé. En effet, dès le lancement des concours, nous avons fait un tour sur quelques sites de dépôt des dossiers et nous avons tout simplement été ahuri par le spectacle auquel il nous a été donné de voir. Les rangs se forment dès minuit et ce, pour attendre 7h30 l'ouverture des guichets.
même en prenant en compte le fait que certains candidats peuvent postuler à plus de 5 concours, l'affluence est interpellatrice et ces statistiques indiquent en réalité l’ampleur du chômage au pays des hommes intègres. Le nouveau président hérite de cette situation chaotique partie intégrante de l'héritage que lui a légué Blaise Compaoré chassé du pouvoir par cette même jeunesse désemparée. Et dire que les deux dernier quinquennats de ce dernier étaient basés sur la valorisation du capital humain. Pendant 27 ans de pouvoir, ce dernier n’a pas été capable de proposer une politique efficace pour lutter contre le chômage des jeunes.
À la vérité ce dernier a privatisé l’école burkinabè, négliger l'enseignement technique et la formation professionnelle. « Les gouvernements qui se sont succédé ont travaillé à ridiculiser l’université de Ouagadougou. Ce temple du savoir est confronté à un manque criard d’infrastructures pour accueillir les étudiants et de professeurs pour dispenser les cours. Pourtant, chaque année, le nombre de nouveaux bacheliers augmente. On a préféré construire un mur comme à Gaza autour de l’université pour empêcher que les étudiants ne dérangent la quiétude de son frère cadet François Compaoré. Tout ce béton pouvait ériger des salles de cours pour les étudiants qui se retrouvent à 3 000 dans les salles d’exposition du SIAO pour prendre des cours » selon le journaliste Abouga TAGNAN.
Le système Licence Master Doctorat (LMD) mis en place est difficilement applicable car les autorités ont mis la charrue avant les bœufs. Les premières promotions ont mis six (6) ans pour obtenir leur licence. À y voir de prêt, rien n'est fait au hasard. Ce mauvais traitement réservé à l’université de Ouagadougou est une stratégie pour canaliser les étudiants vers les universités et instituts privés créés par les proches de Compaoré. Là-bas, il faut débourser au minimum 300 000 F CFA l’an. Une somme qui n’est pas à la portée du plus grand nombre de Burkinabè. Pourtant, les auteurs de ces mesures assassines, fils de paysans pour la plupart, ont bénéficié gratuitement de bourses pour étudier. En retour, ils traitent les autres comme des apatrides. Les réformes concoctées pour pour booster le système éducatif sont toutes fondées sur des impératifs économiques se contentant de mettre l'accent sur un enseignement général qui reste pratiquement improductif. Après un parcourt parsemé d’embûches, les produits finis de ce système restent inutilisables car ne sachant rien faire de leurs dix doigts. Sur cent soixante et dix (170) collèges et lycées d'enseignement techniques sur l'ensemble du territoire, seul vingt et cinq (25) appartiennent à l'Etat.
Pendant que sur le plan scolaire les choses se gâtent d’année en année, Blaise et ses proches n’ont jeté que de la poudre aux yeux des populations en lançant honteusement et pompeusement ce qu'ils ont baptisé « projet à haute intensité de main d’œuvre ».
Nous avons tendu notre micro à quelques candidats sur les sites de dépôt pour recueillir leur sentiments. Pour Traoré Karim, il faut s'organiser en groupe afin de passer la nuit sur le site pour espérer être parmi les premiers car le soleil n'est pas un bon allié. Quand je lui demande pourquoi il tente pas sa chance du côté du privé dans la mesure où les rémunérations sont nettement meilleures que le public, il rétorque qu'il existe une grande barrière à ce niveau car toutes les sociétés recherchent des candidats ayant déjà au moins trois (3) ou cinq (5) ans d'expérience dans le domine. Où trouver cette expérience si personne ne veut se risquer à l'essai ? En plus les entreprises burkinabé pour la plupart restent familiales. C'est donc prioritairement les membres de cellule familiale qui sont sollicités pour les postes.
Dans tous les cas le développement actuel de l'enseignement général et les produits qui en sortent portent en eux les germes de la prochaine insurrection tant la jeunesse peine à se trouver du travail avec les profils qu'ils ont actuellement. Le spectacle reste désolant et les autorités peinent à imaginer des solutions conséquentes au problème du chômage. C'est une des raisons qui a fait naître le favoritisme et la fraudes massive dans ces concours.
La Fonction publique ne pouvant pas absorber tous les chômeurs, il a été mis en place des fonds spéciaux pour aider les jeunes et les femmes dans la création d’emplois. Selon les évaluations réalisées, ces fonds ont été utilisés à d’autres fins.
nous restons cependant persuadé qu'en l'absence d'une politique hardie qui ose aborder la question de la démographie galopante, le pire est à venir. Selon les données PNUD et du fonds des nations unies pour la population, une femme accouche en moyenne 6 enfants au Burkina. Les initiatives de développement devraient donc tenir compte de cette réalité et les projeter dans le temps. Le million de jeunes qui a postulé pour les 12 324 postes cette année est l’expression même du désespoir qui les habite, l'immobilisme de secteur privé et son manque de créativité en matière d'opportunités d'emploi.
Les nouvelles autorités ont qui a hérité de cette situation explosive doivent être attentives à la clameur qui monte et prendre en compte la démographie afin de proposer au plus vite des solutions pour résorber le chômage des jeunes.
06/05/24 à 12h32 GMT