A la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP 22) qui se déroule à Marrakech, au Maroc, plusieurs projets pour protéger, réhabiliter et gérer de manière durable les forêts à travers le monde ont été annoncés mardi, donnant ainsi un coup de pouce au programme d'action climatique.
Les acteurs de la forêt ont fait part d'un optimisme prudent, se félicitant des progrès enregistrés en matière de protection des forêts mais mettant en garde contre toute complaisance.
« Nous savons que la perte annuelle nette de forêts naturelles ralentit, une diminution de 25% en 2015 par rapport à 2000. Mais cela concerne surtout la restauration, la régénération des forêts, le reboisement. Malheureusement, la déforestation des forêts tropicales continue de croître », a déclaré la 'Championne pour l'action climatique', Laurence Tubiana, lors d'une conférence de presse.
« Les choses s'améliorent, l'action a été efficace, mais nous devons encore faire mieux si nous voulons être vraiment cohérents avec l'objectif de Paris », a-t-elle ajouté.
Le Sous-Directeur général pour les forêts de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), René Castro Salazar, a également mis en garde contre toute complaisance.
"La forêt est toujours en voie de disparition"
« La forêt disparaît toujours, près de 3 millions d'hectares par an. C'est sur la voie de la réduction mais elle est toujours en voie de disparition, en particulier la forêt naturelle. Nous espérons que les 4 milliards d'hectares de forêts du monde qui restent seront gérées durablement, ce qui sera le seul moyen de préserver cette ressource. Il ne faut pas s'attaquer au changement climatique sans un programme d'aménagement forestier durable », a-t-il déclaré.
Dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, les forêts ont un rôle important. Elles absorbent et emmagasinent du carbone au fur et à mesure que les arbres poussent, permettant ainsi d'éliminer les émissions de l'atmosphère. Mais la déforestation et la dégradation des forêts ont l'effet inverse, elles relâchent le carbone dans l'atmosphère. Actuellement, la déforestation et la dégradation forestière sont responsables de 12% des émissions mondiales de carbone.
« Les forêts sont l'une des réponses les plus importantes et les plus rentables que nous ayons au changement climatique », a déclaré l'Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Helen Clark, citée dans un communiqué de presse.
Selon M. Castro Salazar, des forêts plus saines contribueront non seulement à lutter contre le changement climatique, mais contribueront également à de nombreux autres objectifs de développement mondial en fournissant de la nourriture, des revenus, du combustible et un abri.
Un optimisme prudent
Cet optimisme prudent est partagé par la Directrice du Programme des forêts et du climat au sein de l'organisation non gouvernementale WWF, Josephina Brana-Varela. « Il y a beaucoup de progrès. Nous sommes sur la bonne voie, mais nous devons agir plus rapidement », a-t-elle déclaré lors de la conférence de presse. Elle s'est félicitée de la « coalition très inhabituelle de partenaires » qui réunit dans ce domaine des pays développés, des pays en développement, des entreprises, des peuples autochtones, des organisations multilatérales.
Une dizaine de projets ont été présentés mardi par des pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine lors de la Journée d'action pour les forêts. Cette journée s'inscrit dans le cadre du programme d'action climatique, une initiative de la France et du Maroc pour stimuler la coopération entre les gouvernements, les villes, les entreprises, les investisseurs et les citoyens.
Parmi les projets présentés, le gouvernement indonésien a annoncé la mise en œuvre d'un moratoire sur la destruction des tourbières à haute teneur en carbone. La Colombie a annoncé des projets en lien avec le processus de paix dans le pays, en plaçant notamment de très grandes zones de forêt sous le contrôle des peuples autochtones.
Le gouvernement marocain a annoncé une nouvelle initiative intitulée « Action renforcée en faveur des forêts dans la région méditerranéenne et sahélienne dans le contexte du changement climatique » pour aider les pays de cette région à respecter les engagements multilatéraux en faveur des forêts.
« L'idée c'est de constituer un partenariat de collaboration dans toute cette région étant donné les interactions et les relations très fortes sur le plan environnemental mais aussi sur le plan socio-économique », a expliqué le Secrétaire général du Haut-Commissariat aux eaux et forêts du Maroc, Abderrahim Houmy, lors de la conférence de presse.
Communiqué de l'ONU (970 hits)
06/05/24 à 12h32 GMT