Plan 2050 : L’Allemagne voit loin
Recevoir le “Fossile du Jour” de mercredi dernier a peut-être donné à l’Allemagne un coup de pied dans les fesses salutaire, car elle a enfin publié hier son « plan d’action climat » à 2050. Elle a mis pour cela en sourdine la lutte entre Ministères de l’Environnement, de l’Economie, de l’Agriculture et du Transport.
On peut d’abord les féliciter. ECO sait comme cela a été difficile. L’Allemagne est ici le premier pays à présenter une stratégie de long terme expliquant comment elle va dé-carboniser son économie. Mieux, le plan inclut des objectifs intermédiaires pour 2030, pour quatre secteurs : électricité, industrie, transports, bâtiments et agriculture. Ce do-cument donne aux citoyens, aux entreprises et aux investisseurs une feuille de route claire. L’Allemagne reconnait aussi sa responsabilité internationale en incluant ce plan dans le contexte des Objectifs de Développement Durable, avec mention explicite de la finance carbone internationale, et du soutien aux pays en développement pour leurs contributions.
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N’abusons pas cependant des effusions. L’Allemagne doit se remettre au travail. Les lobbys des énergies fossiles ont su dépouiller le plan de bien de ses éléments intéressants :
- L’objectif général -soit de 80 à 95% de réduction en 2050 ne suffit pas pour la part de l’Allemagne dans l’effort urgent et global nécessaire pour limiter la hausse des tempéra-tures à 1,5°C. Il faut remonter ces chiffres.
- Ces objectifs ne peuvent être atteints que si l’Allemagne sort du charbon. Mais le gou-vernement n’a pas eu le courage de le dire explicitement. Cela crée une incertitude et rend plus difficile la transition pour les travailleurs et les collectivités concernées.
- Etablir une commission représentative de la société civile pour reconvertir les régions productrices de charbon est particulièrement nécessaire. Mais ECO espère que cette commission ne sera pas une réunion de lobbyistes des fossiles. Vu l’urgence de la transition, faut-il vraiment attendre 2018 pour la première réunion ? M. le Ministre Gabriel, nous vous suggérons de réunir la commission, la société civile et les scienti-fiques du climat pour un repas de Noël dès le mois prochain. Le plus tôt est le mieux, et notamment avant les prochaines élections.
- ECO est un grand partisan de la réforme et du renforcement du système européen d’échange de quotas (ETS) pour qu’il devienne un instrument efficace des politiques climatiques. Alors, qu’est-il arrivé au prix plancher inclus dans le plan initial ?
ECO est un fan du processus d’apprentissage et des mécanismes “cliquet”, et donc espère que l’Allemagne révisera son plan 2050 et qu’elle poussera les contributions de l’UE à la hausse. Il faudra les amener au niveau de l’Accord de Paris, le tout à temps pour la revue de 2018. L’Allemagne pourrait alors redevenir le modèle à suivre, notamment pour les pays G20, dont elle aura la présidence en 2017.
Télécharger ECO n°6 - Samedi 12 novembre 2016
06/05/24 à 12h32 GMT