La décision de limiter le réchauffement à 1,5°C est vitale pour l’agriculture familiale, qui est particulièrement vulnérable. Le rapport du PNUE dit « Emissions Gap » le montre, il reste un gouffre entre les objectifs de l’Accord de Paris et les engagements pris dans les contributions nationales. Il devient impératif que les Parties relancent une trajectoire ambitieuse vers cet objectif durant la COP22. Ce sentiment semble général ici à Marrakech.
Maintenir et augmenter l’ambition est crucial, mais ECO se doit de rappeler ici que l’important est aussi comment ces engagements seront remplis. Pour réaliser l’objectif de long terme, les scénarios du GIEC estiment que jusqu’à un milliard d’hectares de terres devront être dédiés aux émissions négatives, par exemple via les bio-énergies. Une telle stratégie peut menacer les droits de ces familles, coincées entre un monde plus chaud et un accès plus limité à leurs terres. De mauvais choix d’actions climatiques sur la question des terres pourraient avoir des conséquences dramatiques : sur la sécurité alimentaire, les capacités d’adaptation, le potentiel du développement, sur le genre, et sur la survie des communautés reposant sur l’agriculture de petite taille, mais aussi sur la biodiversité et l’intégrité des écosystèmes. A ces risques de confiscation des terres s’ajoute en effet la possible augmentation des prix de la nourriture.
La meilleure voie vers les 1,5°C passe avant tout par une action résolue des Parties vers des réductions d’émissions en priorité avant l’absorption du carbone. Il faut développer des protections sociales et environnementales solides et complètes pour s’assurer du respect des droits humains.
Les Parties doivent réduire en priorité avant 2020, au lieu de lanterner en comptant sur les émissions négatives. De plus, des solutions sont disponibles sur l’énergie, les transports, le secteur forestier, et aussi dans l’approvisionnement alimentaire.
Dans la plénière de lundi, la Secrétaire Exécutive Patricia Espinosa a affirmé que la COP22 débute une “nouvelle ère d’action climatique”. ECO exhorte cette COP à travailler pour un monde limitant à 1,5°C, juste, équitable et protégeant l’environnement ; un monde où les droits à la terre, la souveraineté alimentaire locale, et la sécurité sont affirmés et renforcés, sans remettre en question les acquis du développement.
Télécharger ECO n°3 - Mercredi 9 novembre 2016
01/10/24 à 07h35 GMT