La récente étude du Réseau de l’éducation en situation de crise et de conflit (USAID ECCN - Education in Crisis and Conflict Network) sur l’éducation non formelle dans la République démocratique du Congo a soulevé des questions de politique essentielle liées à la réalisation des objectifs nationaux et mondiaux en matière d’éducation.
L’étude a impliqué un travail de terrain dans le Nord Kivu ainsi que des entretiens à Kinshasa sur les questions politiques liées à l’augmentation de la fourniture et de la qualité des programmes d’éducation accélérés (PEA) fournissant une stratégie pour accéder au grand nombre d’enfants et des jeunes qui ont raté leur éducation de base, en particulier dans les régions touchées par les crises et les conflits.
Selon cette étude, environ 5 millions d’enfants et de jeunes en âge scolaire en RDC ne sont pas en mesure d’acquérir les compétences ou la certification fournies par l’éducation de base. Le pays a récemment fait des progrès remarquables quant à l’accroissement des inscriptions dans l’enseignement formel et dans l’augmentation du financement public pour soutenir cette croissance.
50 % des enfants ne sont jamais allés à l’école
Pourtant, le nombre d’enfants et de jeunes qui ne sont jamais allés à l’école primaire ou qui abandonnent avant la fin est encore très élevé, atteignant près de 50 % parmi les pauvres et dans les provinces ayant été touchées par un conflit en RDC.
Nord-Kivu est la province ayant le plus grand nombre d’enfants et de jeunes non scolarisés en RDC. L’enquête sur la non-scolarisation en RDC (2012 OOSC-RDC) a indiqué près d’un million d’enfants, soit 44 % de tous les enfants de Nord-Kivu âgés de 5 à 17 ans n’étaient pas scolarisés en 2012, dont plus de la moitié était âgée de 12 à 17 ans. Les données recueillies au cours de l’étude de l’USAID ECCN ont indiqué qu’il y avait 35 417 élèves dans 191 centres de PEA au sein de la province, ou environ 6,5 % de tous les enfants et jeunes de 12 à 17 ans non scolarisés au Nord-Kivu qui ont accès à des programmes d’éducation accélérée.
Une voie alternative à la certification primaire
Pour les enfants et les jeunes qui ont manqué tout ou partie de l’éducation formelle requise, le programme d’éducation accéléré offre une voie alternative à la certification des niveaux primaires permettant ainsi aux élèves de rejoindre l’éducation formelle au niveau approprié, soit de faire la transition vers un travail ou une formation de compétences.
Les PEA fournissent des compétences et savoir-faire essentiels, promeuvent la stabilité et la sécurité, contribuent au bien-être économique.
Les résultats de cette enquête du réseau de l’USAID ECCN menée au Nord Kivu en RDC ont été présentés au cours d’une conférence vidéo dans la province de Kinshasa au début du mois de juin, avec la participation de la Direction générale de l’éducation non formelle (DGENF) du ministère des Affaires sociales. Celle-ci en a tiré les conclusions suivantes : la demande de l’éducation est élevée; les PEA sont considérés comme une précieuse seconde opportunité
Dans l’ensemble, les jeunes participants à la recherche, aussi bien les filles que les garçons, ont accordé une grande importance à l’éducation. Généralement, ils ont reconnu l’importance des connaissances et des capacités à lire, écrire et calculer. De plus, l’éducation est considérée comme une source d’avantages sociaux moins tangibles, y compris le respect de soi et la valeur sociale ainsi que la capacité de s’exprimer et d’être indépendant. « L’éducation nous aide à parler comme des personnes bien complètes », ont déclaré les jeunes de Kiwanja. Et nombreux sont ceux qui la perçoivent comme un moyen d’être valorisés dans la société.
L’éducation : un outil essentiel pour trouver un emploi
Malgré les taux de chômage élevés et omniprésents dans l’ensemble de la RDC, les jeunes garçons et filles restent convaincus de l’idée que la scolarisation est essentielle pour obtenir un emploi : les jeunes femmes à Rutshuru/Kiwanja qui participent à un PEA ont déclaré qu’en « préparation du lendemain, l’éducation était impérative si l’on voulait « trouver du travail ». Un jeune commerçant pensait la chose suivante : « Le peu d’argent que je gagne, si j’avais étudié, je saurais comment l’utiliser efficacement, comme le gérer pour mes petits projets; mais sans études, j’ai beaucoup de mal à mener mes petits projets.
Une jeune femme à Goma a déclaré : « Nous aimons vraiment les PEA parce que nous avons perdu beaucoup d’années et aujourd’hui, nous pouvons nous rattraper : cela nous permet d’étudier pendant un an, cela nous aide à étudier sans problèmes, cela aide ceux qui parmi nous sont pauvres et nous permet d’accéder au niveau secondaire. »
Source : Note de l’USAID ECCN sur les questions politiques : Éducation accélérée pour les enfants et les jeunes non-scolarisés en RDC, publié par USAID, Education in Crisis and Conflict Network (ECCN), décembre 2016.
19/11/24 à 15h53 GMT