Pour améliorer la résilience des paysans birmans exposés aux aléas du changement climatique, le Gret a développé des techniques agricoles innovantes et durables en collaboration avec les centres de formation et les institutions locales. Retour en images (et en témoignages) sur un projet mené en partenariat avec Cartier Philanthropy et parvenu à son terme en décembre 2017.
Dix millions de personnes vivent dans la Dry Zone, une région aride située au centre du Myanmar. Dans cette partie du pays, les sols sont très érodés et pauvres en matière organique. L’agriculture ne repose bien souvent que sur l’eau de pluie, et les connaissances des paysans en matière de pratiques agricoles durables et de techniques de conservation des sols restent assez limitées.
Le projet « Adaptation au changement climatique et innovation agricole dans la Dry Zone », mis en œuvre de 2015 à fin 2017 grâce au partenariat conclu entre Find (le fonds de dotation du Gret) et Cartier Philanthropy, avait pour principal objectif de transmettre des techniques agricoles durables aux paysans, tout en favorisant la collaboration avec les centres de formation et les institutions locales.
Parmi les nouvelles techniques transmises par les équipes du Gret figure celle de construire des murs en pierre, afin d’accroître la conservation des sols. U Myint Swe, 42 ans, vit avec sa femme et six autres membres de sa famille. Il raconte :
« La première chose que j’ai remarquée après avoir construit le mur de protection en pierre [pour réduire l’érosion du sol] et les fossés de récupération, c’est que le sol est devenu bien plus humide. J’ai alors pu cesser de cultiver des haricots et du dhal (ndlr : des lentilles) pour privilégier les tomates, qui se vendent plus cher. »
Des produits naturels qui respectent l’environnement et la santé
U Bo Tint fait partie de l’un des groupes de travail mis en place par les équipes du Gret, dont le but est de réduire l’utilisation des produits chimiques. Comme d’autres paysans, U Bo Tint a commencé à utiliser des produits phytosanitaires plus naturels et faits maison.
« Le prix de ces produits naturels était très compétitif comparé à celui des produits chimiques. Et les fabriquer ne présente pas de difficultés particulières et ne prend pas trop de temps. J’ai aussi pensé aux effets que cela aurait sur ma santé. Lorsque je vaporisais des produits chimiques, j’avais des sensations de brûlure sur mes mains et mes jambes, et mon cou était courbaturé. »
En effet, l’utilisation de produits plus respectueux de la santé est aussi un enjeu fort du programme du Gret, comme en témoigne la paysanne Daw Le’ Le’ Soe :
« Avant, je devais aller jusqu’à Monywa pour acheter des pesticides qui coûtent cher, car je n’avais pas d’alternative. Mais lorsque je les utilisais dans les champs, les produits me brûlaient le visage et les jambes. Aujourd’hui, cela dépend, mais disons que 80% des produits que j’utilise sont d’origine naturelle et 20% chimiques. »
Des répercussions bien au-delà des bénéficiaires directs
U Social n’était pas directement impliqué dans le programme du Gret, mais il a observé la façon dont les autres paysans travaillaient leurs terres et les fossés et, par un effet de réplication, a commencé à reproduire ce qu’il voyait :
« Au début, j’étais méfiant, donc je ne me suis pas porté volontaire pour faire partie du projet. En revanche, j’ai observé ce que les autres paysans faisaient. Et maintenant je prépare mon champ pour la prochaine moisson en utilisant ces produits naturels. »
De même, U Nanaung a appris à utiliser des produits phytosanitaires naturels grâce au groupe mis en place par le Gret, mais sans en faire lui-même partie :
« Les commerciaux des entreprises de produits chimiques ne viennent même plus dans cette région, car ils savent très bien que nous ne leur achèterons rien ! »
Dans le canton de Budalin, l’extension du ministère de l’Agriculture, l’Elevage et l’Irrigation a nommé sept membres chargés de suivre les différentes activités du Gret. Khaing Swe Win, agente de terrain, en fait partie :
« Je suis analyste de données. Je n’avais aucune expérience du terrain avant d’intégrer la %u02BAFarmer Field School%u02BA (champ-école paysan) du Gret, où j’ai eu l’opportunité de construire un véritable dialogue avec les paysans et d’en apprendre davantage sur les défis et les problèmes auxquels ils sont confrontés. Avant cela, je ne connaissais absolument rien de leurs difficultés. Je travaillais dans mon bureau et n’en sortais que très peu.
Personnellement, je pense que le plus grand bénéfice que les paysans tirent de ces mesures de conservation des sols, c’est la possibilité d’agrandir leur terrain. S’ils peuvent cultiver davantage de surface et de façon plus efficace, ils peuvent aussi diversifier leurs revenus. Les paysans du programme ont aussi appris à suivre et à comptabiliser leurs dépenses et leurs profits. Ils ne savaient pas le faire auparavant. »
En bonus : quelques astuces à base de produits naturels, développées par le Gret !
En savoir plus sur le projet
Lire l’article « L’eau s’est transformée en or »
Visiter le site de Cartier Philanthropy.
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19/11/24 à 15h53 GMT