Placée sous le thème « le droit à l’éducation, c’est aussi le droit à un personnel enseignant qualifié », la Journée Mondiale des Enseignants a été célébrée le vendredi 5 octobre 2018, sur toute l’étendue de la République Démocratique du Congo.
A Kinshasa, la Coalition Nationale de l’Education pour Tous CONEPT, en collaboration avec le Réseau des Professionnels des Médias pour l’Education pour Tous (REPROMEPT), a organisé un dialogue communautaire sur la réforme du financement de l’éducation au CEPAS à Gombe. Ce dialogue communautaire qui a tourné autour du thème : « La problématique des frais de scolarité payés par les parents dans l’enseignement primaire et secondaire », a connu la participation des délégués de comités des parents issus de différentes écoles, des enseignants et de quelques élèves et acteurs de la société civile œuvrant dans le secteur de l’éducation.
Cela été une occasion pour Jacques Tshimbalanga, Coordonnateur National de la Coalition Nationale de l’éducation pour Tous CONEPT, de réitérer l’appel à la suppression des frais de scolarité imposés aux parents dans les écoles publiques et l’abandon de toutes les pratiques d’antivaleurs qui portent atteinte à l’éducation au pays.
Face aux professionnels des médias membres du REPROMEPT, le panel constitué du Coordonnateur National de la Coalition Nationale de l’Education pour tous Jacques Tshimbalanga, du Secrétaire Général de Young Men Association For Education YMAE, Serge Bondedi et du responsable de l’Observatoire International de l’éducation (OIE), Don Bosco, s’est exprimé clairement en répondant à toutes les questions ayant trait notamment à la problématique des frais de scolarité payés par les parents dans les écoles publiques, le commerce ou le marchandage de l’enseignement dans les écoles, et la problématique de la gestion de la mutuelle de santé des enseignants.
D’entrée de jeu, le Coordonnateur National de la CONEPT a brossé un tableau sombre du secteur de l’éducation en RDC. Au-delà de la rentrée scolaire devenue aujourd’hui effective sur l’ensemble du territoire national, Jacques Tshimbalanga a révélé tout de même les irrégularités constatées dans plusieurs écoles à l’intérieur du pays. Il s’agit notamment de la persistance de la prise en charge des enseignants par les parents, sous l’œil impuissant du pouvoir public censé prendre les choses en mains. « Aujourd’hui, tous les besoins de l’éducation auxquels l’Etat devrait apporter des solutions, retombent sur les parents », renseigne le coordonnateur de la CONEPT qui a émis les vœux de voir le gouvernement prendre ses responsabilités afin que non seulement l’enseignant congolais reprenne sa valeur mais aussi que l’école redevienne ce lieu où est transmis le savoir et non un lieu de commerce comme cela est le cas aujourd’hui.
Pour sa part, le Secrétaire Général de YMAE, initiateur de la campagne Ecole Eza Mombongo Te (L’école n’est pas un commerce) a révélé au grand jour certaines antivaleurs constatées dans plusieurs écoles, beaucoup plus dans les écoles conventionnées. Serge Bondedi a notamment évoqué la commission des actes de monnayage dans les écoles. Pour cet acteur de la Société civile qui dit avoir mené des enquêtes dans les écoles, « il existe effectivement des réseaux qui entretiennent le phénomène de marchandage dans les institutions scolaires, le cas précisément de la vente des uniformes par contraintes, la vente des T-shirt à des prix exorbitants et plusieurs autres pratiques connexes ».
Don Bosco de l’observatoire de l’éducation s’est aussi exprimé sur ce sujet en insistant sur la nécessité pour l’Etat congolais de prendre ses responsabilités afin que la gratuité voulue dans la constitution devienne effective au pays. Il a par ailleurs plaidé pour que le gouvernement puisse revoir à la hausse l’enveloppe allouée à l’éducation dans le budget national, afin d’assurer les meilleures conditions de travail aux enseignants.
Plaidoyer pour un financement innovant de l’éducation
Au regard du fait que depuis plusieurs années déjà le gouvernement n’arrive pas à respecter ses engagements en matière du financement de l’éducation, la CONEPT RDC plaide ainsi pour qu’il soit envisagé des innovations en matière du financement de l’éducation, notamment par la création d’autres sources importantes pour le financement de l’éducation, car pour Jacques Tshimbalanga, « l’accès à l’éducation n’est rien si l’éducation n’est pas de qualité et l’enseignant qui est un agent principal dans la formation des enfants doit être mis dans les bonnes conditions ».
Les délégués des comités des parents, les enseignants et d’autres acteurs de la société civile qui ont participé activement à ce dialogue communautaire ont soulevé plusieurs préoccupations et formulé des propositions et recommandations à l’endroit notamment du gouvernement qu’ils invitent à tout mettre en œuvre pour assurer à l’enseignant congolais les meilleurs conditions de travail, cela par un salaire décent, car de cette meilleure prise en charge, découle un enseignement de qualité.
Dans le cadre de son plaidoyer pour le financement de l’éducation, la CONEPT/RDC annonce l’organisation dans les tous prochains jours d’un forum au cours duquel il sera présenté les résultats de l’étude sur le financement innovant de l’éducation. Cette activité connaitra la participation de tous les acteurs étatiques et non étatiques de l’éducation. Pour la CONEPT, le financement innovant est un mécanisme qui permettra à la RDC d’envisager d’autres sources et secteurs nécessaires pouvant contribuer au financement de l’éducation afin de mettre définitivement fin à la problématique de la prise en charge des enseignants par les parents.
Source : Réseau des professionnels des médias pour l’éduction pour tous (REPROMEPT)
19/11/24 à 15h53 GMT