Philosophie et savoir vivre ensemble : tel est le thème de la 17ème édition de la Journée Mondiale de la Philosophie qui s’est célébrée cette année en date du 15 novembre 2018. Rappelons que sa commémoration est fixée au troisième jeudi du mois de novembre. Voilà un thème qui cadre avec le contexte social camerounais de l’heure où la campagne del’élection présidentielle du 7 octobre et bien avant cela le problème anglophone et le terrorisme de boko haram ont contribué à exacerber les replis identitaires quelles qu'elles soient. Que faut-il comprendre par ce thème ?
Le savoir vivre ensemble ou la construction de l’altérité.
Le savoir vivre ensemble ne saurait être autre chose que la construction de l’altérité c’est-à-dire la construction de la manière dont on doit vivre avec l’autre, avec les autres. Cette vie avec les autres repose sur le respect des normes et le respect de ces autres. L’homme étant, d’après Rousseau, un animal social, il ne saurait s’épanouir en solitaire. Il a besoin des autres pour vivre tout comme ces autres ont besoin de lui. Si les animaux vivent ensemble, dans une certaine mesure parce qu’ils sont guidés par l’instinct, il n’en va pas de même pour les hommes qui sont habités de raison. Le savoir vivre ensemble fait donc appel à un esprit de partage, d’amour, de respect et d’acceptation des normes, des lois et des différences qui existent entre les hommes. Le savoir vivre ensemble fait donc strictement appel à la morale.
Le savoir vivre ensemble : une émanation du savoir être.
La morale étant liée à un lieu et à une époque, le savoir-vivre ensemble ne saurait se limiter à elle. Il fait radicalement appel au savoir être qui renvoie, lui, à l’éthique. L’éthique dont nous parlons ici est la science du bien et du mal. La morale du groupe se doit de se calquer sur cette science du bien dans la mesure où tous les actes que nous posons doivent viser le bien et donc l’homme. Autrement dit la finalité de toute action humaine doit être l’homme. C’est dans ce sens que Kant conseille que : « agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien en ta personne que dans la personne de toute autre toujours en même temps comme fin et jamais simplement comme un moyen ».
Le savoir vivre ensemble se pose, en fin de compte, comme une affaire universelle où nous devons nous considérer tous comme des citoyens du monde. Ce qui nous impose une solidarité planétaire si nous voulons nous épanouir. Nous devons ainsi mettre de côté nos intérêts égoïstes pour poser l’homme comme la valeur suprême. Ces mots de Cheick Hamidou Kane dans l’aventure ambiguë retrouvent ici toute leur profondeur et leur pertinence : « Nous n’avons pas eu le même passé vous et nous, mais nous aurons le même avenir, rigoureusement. L’ère des destinées singulières est révolue ».
19/11/24 à 15h53 GMT