Une coalition internationale dessine le futur marché mondial du carbone.
Un mois avant la conférence de Bali sur le climat, une coalition internationale réunissant plusieurs pays européens, des états américains, la Nouvelle Zélande et la Norvège, a été annoncée à Lisbonne. Le Partenariat international pour une action carbone (International Carbon Action Partnership) veut dessinerles contours du futur marché mondial des quotas de CO2 pour 2013.« Un pas historique ». C'est le terme employé par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, lors du lancement de International Carbon Action Partnership, le 29 octobre à Lisbonne.
L'ICAP préfigure en effet le futur marché mondial du carbone et son lancement, à quelques semaines du sommet très attendu de Bali sur le changement climatique, est un signal positif envoyé aux Nations-Unies. Cette 13ème Conférence des Parties à la Convention Climat (CPCC) doit impérativement aboutir, selon la volonté de l'Union européenne, à des engagements de réduction des émissions de GES des pays développés, l'UE s'engageant elle-même à une réduction de 30 % d'ici 2020, comparé aux niveaux de 1990. Par ailleurs, l'UE souhaite que la conférence parvienne à définir le futur système mondial d'échange de quotas de CO2, qui doit faire suite au protocole de Kyoto dès 2013.
"Imposture"
Par l'adhésion de 10 états américains et de deux provinces canadiennes, l'ICAP montre sa volonté de contourner les gouvernements fédéraux des Etats-Unis (toujours opposés à des objectifs contraignants de réduction ) et du Canada, qui a déjà annoncé son opposition au marché mondial du carbone. Lepays est en effet membre, depuis le 15 octobre dernier, du « Partenariat Asie-Pacifique » (PAP) pour le climat impulsé par Georges Bush avec la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud et l'Australie. Un partenariat qualifié « d'imposture » par Al Gore (aucun objectif de réduction des GES n'est fixé), et qui fait dire au leader écologiste canadien Bernard Bigras que « l'adhésion au PAP sert au gouvernement canadien à affaiblir la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques ; elle sert à affaiblir le protocole de Kyoto et à sortir sans mandat de la prochaine conférence onusienne de Bali sur les changements climatiques ».
Faceà cette coalition anti-Kyoto, l'ICAP veut agir comme un « forum » qui « coordonnera et partagera les informations sur les initiatives régionales de limitation et d'échange de quotas », qui existent en Europe, en Norvège, en Nouvelle-Zélande et entre états américains et provinces canadiennes. Plusieurs d'entre eux, comme la Californie, le New Jersey ou l'état de Washington, se sont déjà fixés des objectifs ambitieux de réduction de leurs émissions. En s'appuyant sur ces exemples, l'ICAP définira les bases du futur marché international du carbone. Dans son communiqué du 29 octobre, l'ICAP annonce qu'il « procédera à une surveillance rigoureuse des émissions et définira les sources fiables les plus appropriées pour être intégrées dans un programme mondial ». Il aidera « à créer un prix incitatif pour développer et utiliser des technologies propres et innovantes » et « encouragera les investisseurs privés à choisir des projets à faible intensité de carbone ».
Cette initiative, qui plaide clairement pour un système contraignant au niveau mondial, affirme qu'un marché international du CO2 garantirait « des chances égales à tous les secteurs concernés ». Une manière de répondre aux arguments du président Bush sur la concurrence des pays émergents non engagés dans la réduction de leurs émissionsde GES.
Source :http://www.novethic.fr
Véronique Smée
Mis en ligne le : 31/10/2007
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