" passons de la parole aux actes en ce qui concerne la promotion d'une croissance économique soucieuse de l'environnement ", préconisent des délégations
La Commission du développement durable a entamé, ce matin, les travaux de sa dix-neuvième session (CDD-19) en mettant l'accent sur la nécessité de traduire en actes les engagements pris dans les cinq domaines -transports; produits chimiques; gestions des déchets; extraction minière; Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et production durables- qui sont inscrits à l'ordre du jour de ses travaux.
Les décisions prises après examen de ces questions, qui figureront dans le document final que les délégations devraient adopter dans deux semaines, concernent l'élargissement de l'accès à des services de transport propres, sûrs et peu coûteux; la sécurisation de l'utilisation des produits chimiques; la gestion rationnelle des déchets et de l'extraction minière, ainsi que l'établissement d'un cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables.
Comme l'a souligné à l'ouverture de la session, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang, toutes ces questions peuvent être liées à la promotion du concept d'" économie verte ", ceci dans le contexte du développement durable, et à l'appui des efforts d'éradication de la pauvreté. Le Secrétaire général adjoint de l'ONU, qui présidera également la Conférence de Rio sur le développement durable, programmée pour 2012, a exhorté les États à saisir l'opportunité qui leur est offerte par la CDD-19 d'apporter une contribution au succès de cette Conférence en agissant en faveur de l'avènement d'une économie verte. Après avoir constaté que les modes de consommation et de production non viables menacent déjà la capacité de régénération des ressources et de tous les écosystèmes vitaux de la planète, M. Sha a demandé aux États Membres de réfléchir à la conception et à l'adoption de politiques par l'application desquelles la croissance économique ne serait plus réalisée aux dépens de l'environnement et du bien-être des populations.
Le Président de la CDD-19, M. László Borbély, de la Roumanie, lui a emboîté le pas, ajoutant que les États Membres doivent définir des mesures concrètes favorables aux objectifs de développement durable agréés au plan mondial et " trouver d'urgence les moyens qui permettraient de lever les obstacles qui en entravent l'atteinte ". Sur ce dernier point, de nombreux représentants parmi la vingtaine de délégations qui ont pris la parole aujourd'hui, ont demandé aux pays développés d'accroître leur assistance financière et technologique aux pays en développement. " Les pays développés doivent transférer les technologies vertes aux pays en développement en vue de consolider les capacités de recherche de ceux-ci dans le domaine de la gestion des déchets, notamment ceux qui comportent le plus grand risque de contamination de l'environnement et qui posent les plus grands dangers à la santé humaine ", a ainsi déclaré la représentante de l'Argentine, qui s'exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Considérant en outre que les activités minières et les revenus qui en sont tirés contribuent à la mise en oeuvre des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans les pays en développement, elle a appelé la CCD à souligner la nécessité de renforcer l'application du principe de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises.
Le représentant du Soudan a appuyé les propos de son homologue de l'Argentine, en clamant que les difficultés auxquelles se heurtent les pays arabes dans la réalisation du développement durable sont dues au manque de ressources et aux conditionnalités imposées par les institutions financières internationales. Il a ainsi demandé que le document final de la CDD-19 prévoie des mesures fortes en matière mobilisation de ressources afin d'améliorer la fourniture d'une aide financière prévisible aux pays en développement. Enfin, le représentant a estimé que la mise à niveau des capacités de réponse de ces pays pour leur permettre de faire face aux défis environnementaux et à ceux posés par la promotion de l'économie " verte " doit être l'objectif recherché à travers les décisions prises à l'issue des travaux de la CDD-19 ".
Le représentant des États-Unis, qui a rappelé que les gouvernements ont la responsabilité d'impliquer plus avant les forces de la société civile à l'effort commun de développement durable, a réagi à ces déclarations en prévenant que son pays, " qui, à l'instar d'autres nations doit composer avec des réductions budgétaires drastiques ", ne pourra pas prendre de nouveaux engagements financiers ou appuyer de nouvelles initiatives si celles-ci s'avéraient trop coûteuses.
D'autres États, comme le Japon et la Bolivie, ont préféré mettre en avant les initiatives de développement durable menées de longue date au niveau national. Le représentant du Japon a, par exemple, attiré l'attention sur le fait que son pays avait cessé d'être une société de consommation et de production de masse en 2003, " avec l'adoption d'un plan fondamental national qui met en avant le principe des trois " R ": réduire, réutiliser et recycler; un plan qui s'applique à l'exploitation et à l'utilisation des ressources ". " Au Pérou, les Gouvernements successifs ont pris les devants en misant avec succès sur l'éco-efficacité, cela en maximisant notamment le recyclage et la durabilité des produits tirés de l'exploitation responsable des ressources naturelles ", a indiqué de son côté le délégué du Pérou.
Le représentant de la Fédération de Russie a, quant à lui, rappelé qu'un document équilibré et proposant des mesures concrètes pourrait " fournir une base de travail solide à la Conférence de Rio sur le développement durable, de 2012 ". Il a en outre fait savoir que c'est lors des séances de négociations que sa délégation présentera dans le détail les programmes conduits par la Fédération de Russie dans les domaines des transports, de l'extraction minière, de la gestion des déchets et des produits chimiques.
Les délégations de la CDD-19, réparties en deux groupes de travail, vont poursuivre, dès cet après-midi, et ce jusqu'au 6 mai, leurs négociations sur le document final. D'après le programme de travail provisoire de la Commission, la prochaine séance plénière de la CDD devrait se tenir vendredi, le 6 mai. Ce jour-là, les groupes de travail devraient faire rapport sur les progrès des négociations.
[CDD19]
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