le Premier Ministre camerounais a signé en date du 23 novembre dernier trois actes importants portant sur le livre scolaire. Le premier est une circulaire portant sur les Principes régissant la filière du livre, du manuel scolaire et autres matériels didactiques. Le second est un décret portant sur la Création, organisation et fonctionnement de la commission nationale chargée du suivi et de l'évaluation de la mise en oeuvre de la politique nationale du livre, du manuel scolaire et autres matériels didactiques. Le troisième et dernier sur l'Organisation du conseil national d'agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques. Ces différents actes administratifs visent à doter le système éducatif camerounais d'une politique nationale du livre scolaire et de reglémenter son choix, sa production et sa vente.
Bref rappel historique.
Auparavant, c'est-à dire en 2002, un autre Premier Ministre avait pris un arrêté portant création et fonctionnement du conseil national d'agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques. L'objectif, en ces temps, était de libéraliser le secteur du livre scolaire. C'est ainsi que l'on y a disposé qu'il fallait proposer au choix des établissement scolaires trois livres pour chaque matière par niveau quittant ainsi le livre unique qui était jusque là en vigueur. Cet arrêté a alors ouvert la voie à une marchandisation à nulle autre pareille et à des dérives abominables. C'est pour rétablir de l'ordre dans ce secteur que le Premier Ministre actuel revient sur le livre unique.
Et maintenant?
Ces actes ont été très favorablement accueillis tant par les parents d'élèves, les enseignants que les libraires tant et si bien qu'ils espèrent que toutes les dérives rencontrées jusque là prendront fin.
A notre avis, il n y a pas encore lieu de se rejouir totalement. Le troisième acte ministériel auquel nous avons fait allusion donne toujours au conseil le droit de choisir le manuel. Or certaines dérives énumérées par le premier acte y avaient fait leur lit. Ce qui veut dire que malgré le retour au livre unique, nous courrons des risques d'y retomber, fatalement.
Nous pensons qu'en ce qui concerne le choix du livre scolaire, par exemple, une poignée de 47 personnes ne suffit pas, ce d'autant plus que nombreuses d'entre elles ne sont ni des enseignants, ni des pédagogues et moins encore des spécialistes en matière d'évaluation scientifique de la qualité desdits livres. Il faut plutôt permettre prioraitement aux enseignants eux-mêmes, notamment ceux qui sont sur le terrain, de participer au choix du livre scolaire. La possibilité de participation est d'ailleurs fort simple. Le conseil met sur pied des critères scientifiques et objectifs d'évaluation du livre; en reçoit 11 exemplaires par livre qu'il se charge de rendre anonyme et de mettre à la disposition des inspections de pédagogie régionales. Les inspecteurs régionaux travaillent ensuite avec les enseignants chevronnés de leurs matières respectives pour expertiser les différents livres mis à leur disposition. Les différentes expertises sont retournées au conseil qui les somme et fait ainsi mettre au programme le livre ayant obtenu la meilleure expertise. A ce moment, on peut lancer des appels d'offres en direction des éditeurs.
En procédant ainsi, la scientificité du livre sera sauvée, les élèves pourront bénéficier d'un bon manuel, les éditeurs pourront tranquillement faire les bénéfices qui leurs tiennent tant à coeur, les parents pourront acheter à moindre frais. Bref, tout le monde y trouvera son compte.
Et l'éducation retrouvera, à coup sûr, ses lettres de noblesse.
22/10/24 à 11h20 GMT