Les articles de Madame Andrianisaina Fanilo, doctorante en Agroéconomie à l’Université d’Antananarivo, membre de l’association Youth Start-up Initiative for a Sustainable Development of Madagascar et de Madame Konta Fatoumata Daouda, étudiante en master 1 à l’Ecole normale d’Enseignement Technique et Professionnelle de Bamako et membre de l’association CliMates Mali, ont été sélectionnés dans le cadre du concours ASAPSU-JFDD Edition mars 2018. Le présent article est inspiré de certaines initiatives relatives à la gestion et à la transformation des déchets présentés dans leurs articles.
" 4 000 milliards de kilos de déchets : rien ne doit se perdre, tout doit être transformé "
4 000 milliards de kilos de déchets seraient produits par an selon les estimations de la Banque Mondiale soit environ10 milliards de kilos de déchets par jour (hors agriculture et construction). Ce qui équivaut précise le site planetscope.com a : - « 1,7 à 1,9 milliards de tonnes de déchets municipaux : en 2012, trois milliards de citadins produisaient 1,3 milliards de tonnes de déchets solides par an (1,2 kgpar personne et par jour/), et en 2025, ce volume sera de 2,2 milliards de tonnes (soit 1,42 kg/habitant/jour) générés par 4,3 milliards d'urbains dans le monde. Cela correspond à une hausse de 70 % de déchets solides municipaux d'ici 2020. - 1,2 à 1,67 milliards de tonnes de déchets industriels non dangereux. - 490 000 kilos de déchets dangereux ».
Si la gestion des déchets dangereux tente d’être règlementée par la Convention de Bâle et la Convention de Bamako, la gestion des déchets « classiques » issus des ménages, des entreprises ou industries est plus problématique notamment dans les pays en développement.[1
L'industrialisation et les modes de consommation peu durables constituent les principales sources de production des déchets. Les métropoles, villes et villages sont ainsi envahis d’immondices. A Accra, le marché d’Agbogbloshie est l’une des plus grandes décharges au monde de rebuts high-tech, envoyés illégalement d’Europe par conteneurs retient le site du monde.fr. "Les fils électriques vont être brûlés, les polluants se déverser au sol. Les niveaux de plomb, d'arsenic, de cadmium sont très élevés dans les décharges », explique dans cet artice Sampson Atiemo, spécialiste ghanéen des déchets électroniques, qui travaille à Accra, la capitale du pays, au département environnement de la Commission à l'énergie atomique (...). Des fumées âcres se dégagent des produits qui sont brûlés, et les gens qui viennent faire leurs courses les respirent. Les particules de pollution s'attachent aussi aux aliments, qu'on mange ensuite. Ca provoque des maux de tête, des irritations de la peau. Mais surtout, même si on n'a pas d'études pour le prouver, on soupçonne que ça provoque des cancers à long terme. »
Le système de dépôt, de collecte et de traitement des déchets semble embryonnaire dans bien des cas. La pré-collecte des déchets se fait de façon désordonnée sans triage sélectif, affirme KONTA Fatoumata Daouda, étudiante en master 1 à l’Ecole normale d’Enseignement Technique et Professionnelle de Bamako et membre de l’association CliMates Mali.
« Les structures de collecte dépourvues d'engins appropriés dans la plupart des cas, déversent ces déchets le long des rues au lieu d’atteindre »« les décharges officielles qui sont souvent insuffisantes ou mal outillées. D’autres personnes préfèrent attendre la nuit pour jeter leurs ordures sur la voie publique», multipliant ainsi le nombre de dépotoirs anarchiques. Parfois ces ordures sont déversées dans les caniveaux ou les rejoignent sous l’effet du ruissellement des eaux de pluies. En guise de solutions, la collecte et le traitement des déchets devraient être effectifs et accompagnés d’une « règlementation » et de mesures « d’éducation à l’environnement » des populations souligne Konta. Les États légifèrent de plus en plus. Par exemple, des lois interdisant la production, l'importation, la vente et la distribution des sachets plastiques ont vu le jour dans de nombreux pays : Sénégal, Côte d’Ivoire, Mali, et ce même si la mise en application se heurte à certaines difficultés. A Singapour, un cran supérieur a été atteint puisque les chewing gum, considérés comme une source de pollution, sont tout simplement bannis du territoire.
Plusieurs initiatives sont également menées à travers le monde.
Inde , plage de Versova à Mumbai . Pour débarrasser la plage , des tonnes de plastiques qui jonchaient le sol, Shah avocat en Inde a nettoyé pendant près de 56 semaines, 2,5 kilomètres de plage sur 21 mois. Rejoint par 1 000 volontaires, ils ont collecté 5,3 millions de déchets plastiques et organiques. Ensemble, ils ont aussi nettoyé 52 toilettes publiques, et plantés 50 cocotiers sur les 5 000 que veut planter Shah, faisant de cette opération la plus grande opération de nettoyage reconnue par les Nations Unies. Selon le dictionnaire Larousse, les déchets peuvent être définis comme des débris, restes d'aliments qui sont impropres à la consommation ou à l'usage, mais aussi des matériaux rejetés comme n'ayant pas une valeur immédiate ou laissés comme résidus d'un processus ou d'une opération. Ce sont ces résidus, débris ou restes qui n’ont à priori plus aucune valeur qui obtiennent par le biais d’un processus de revalorisation une nouvelle vie.
C’est dans cet esprit qu’au Mali, Karim arpente les rues de Bamako pour recycler pneus et boîtes de conserves. Il transforme les pneus en sandales, leur chambre à air en sceaux qui serviront à puiser de l’eau. D’autres comme Olamide Babajide, à travers la start-up Pearl recycling à Lagos, crée des tables, chaises et objets décoratifs à base de pneus générant ainsi un chiffre d’affaires de 3000 dollars.
crédit photo: makaveli mondoblog.org
En Côte d’Ivoire, Sylvère Kouakou a fait des déchets un véritable business en créant la start-up Green Countries. Son entreprise est spécialisée dans la production d’engrais organiques. Il collecte des déchets organiques provenant d'entreprises puis les transforme en compost naturel. Vainqueur de nombreux prix, il atteint une une production de 50 tonnes/mois.
A Madagascar, les déchets deviennent une source importante de nuisances. « Antananarivo, la capitale de Madagascar, produit environ 870 tonnes/jour de Déchets Ménagers Assimilés ou DMA. Pourtant, la décharge d’Andralanitra est déjà saturée depuis 2015 », explique Andrianisaina Fanilo, doctorante en Agroéconomie à l’Université d’Antananarivo, membre de l’association Youth Start-up Initiative for a Sustainable Development of Madagascar. Selon elle, le lombricompostage pourrait être une solution de valorisation de ces déchets ménagers surtout si la pratique est adoptée par chaque famille.
« Le lombricompostage consiste en la fabrication de compost à partir d’ordures ménagères organiques, par l’action des lombrics (ou vers de terre). Il permet à la fois de limiter considérablement la pollution, de produire des engrais biologiques enrichis par les vers de terre, mais aussi d’être une source de revenu pour les populations. En adoptant cette simple pratique dans son bac à ordures, chaque ménage lutte à son niveau contre la recrudescence des ordures ménagères et réalise des actions en faveur de la préservation de l’environnement. Il serait possible de mettre en place un système de lombricompostage individuel afin de gérer les déchets, notamment en ville. Les produits seraient utilisés ou vendus à moindre coût aux agriculteurs pour fertiliser les sols dégradés afin de subvenir aux besoins alimentaires. Par ailleurs, les répercussions environnementales du lombricompostage s’avèrent aussi intéressantes du point de vue de la séquestration du carbone, de la réduction d’émission de gaz à effet de serre et de la diminution de la concentration en métaux lourds. Plus indirectement, l’utilisation des engrais biologiques produits permet de réduire l’utilisation d’engrais chimiques ». Un exemple réussi est celui de la coopérative appelée TATA ou Tontolo Arovana, Tany sy Ala, qui signifie « L'environnement, la terre et la forêt doivent être protégés ». Thérèse Tinarimanana, une jeune lycéenne agricultrice, membre de cette coopérative familiale, élève des vers de terre destinés à la lombriculture depuis 2013 pour payer ses frais de scolarité.
Rien ne se perd, tout se transforme. Peut-être un jour arriverons-nous à l’objectif « zéro déchet - zéro décharge » ?
Par Houénou Marie-Josée, ASAPSU-JFDD
Sources bibliographiques
-Transformation des déchets ménagers en engrais riches par les vers de terre, par Andrianisaina Fanilo, Doctorante en Agroéconomie à l’Université d’Antananarivo , Membre de l’association Youth Start-up Initiative for a Sustainable Development of Madagascar (dans le cadre du concours ASAPSU-JFDD, édition mars 2018)
-Gestion des déchets solides : enjeux et pistes de solutions par KONTA Fatoumata Daouda, étudiante en master 1 à l’Ecole normale d’Enseignement Technique et Professionnelle de Bamako et membre de l’association Climates Mali (dans le cadre du concours ASAPSU-JFDD, édition mars 2018)
- (1)La Convention de Bamako de 1991 est entrée en vigueur en 1998. Cette convention internationale inspirée de la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination prohibe l'exportation vers l'Afrique des déchets dangereux, y compris les déchets radioactifs, et ce même dans une optique de recyclage. La 2ème Conférence des parties à la convention de Bamako s’est tenue à Abidjan en Janvier 2018, soit 22 ans après la première COP. A ce jour, 22 pays sur les 25 pays africains ont ratifié la Convention.
- Les déchets électroniques intoxiquent le Ghana , par Eric Albert article du 20.12.2013 , http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/12/27/les-dechets-electroniques-intoxiquent-le-ghana_4340635_3244.html
-From filthy to fabulous: Mumbai beach undergoes dramatic makeover, By Medhavi Arora, CNN, https://edition.cnn.com/2017/05/22/asia/mumbai-beach-dramatic-makeover/index.html
-http://makaveli.mondoblog.org/2018/02/05/recyclage-a-malienne-la-seconde-vie-pneus/
-Bernadette A. GNAMSOU, <
-Moussa SYLLA, <
-M.Ruffy, « Conseil de l’Europe, Assemblée parlementaire, 44ième session ordinaire (septième partie) 23 septembre -1 octobre 1993, Documents de séance, volume XIII, Document 6911-6947, Strasbourg 1993 », p.4
-Dominguez J., Edwards C.A. 2004. Vermicomposting organic wastes: a review. Soil Zoology for Sustainable Development in the 21st Century 17: 369-395pp.
-Falinirina M. V. 2010. Valorisation agricole des apports organiques contenus dans les déchets urbains: qualité des matières organiques et services écosystémiques. Thèse de Doctorat en sciences agronomiques. Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques. Université d’Antananarivo. 168p. FLAEF. 2010. Manuel de lombriculture pour le lombricompostage. Ferme Agricole AgroEcosystème Farihitsara. Antsirabe. 31p.
-Morisset P. 2012. Initiation au lombricompostage sur la Côte Est de Madagascar. Programme de Promotion des Revenus Ruraux (PPRR). 10p.
-Sinha R.K., Herat S., Agarwal S., Asadi R., Carretero E. 2002. Vermiculture and waste management: study of action of earthworms Eisenia fetida, Eudrilus eugeniae and Perionyx excavatus on biodegradation of some community wastes in India and Australia, The Environmentalist: 10p.
Liens URL
http://afro-trendz.com/actualite-africaine-madagascar-une-jeune-agricultrice-eleve-des-vers-de-terre-pour-payer-ses-frais-de-scolarite
Crédit photo
-From filthy to fabulous: Mumbai beach undergoes dramatic makeover, By Medhavi Arora, CNN,https://edition.cnn.com/2017/05/22/asia/mumbai-beach-dramatic-makeover/index.html
-UNEP / ONU Environment
-http://makaveli.mondoblog.org/2018/02/05/recyclage-a-malienne-la-seconde-vie-pneus/
L'initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques a pour objectif de sensibiliser les jeunes francophones aux changements climatiques. Elle permet également de faire connaître les actions et l’engagement de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques sous la forme d’une série d’articles.
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22/10/24 à 11h20 GMT