Les centrales nucléaires françaises sont directement concernées par la sécheresse
L'eau des fleuves est indispensable au processus de refroidissement des réacteurs des centrales nucléaires. Mais la sécheresse qui sévit dans les départements français menace le bon fonctionnement des réacteurs.
Martial Jorel, directeur de la sûreté des réacteurs à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)a reconnu qu'avec la sécheresse, " il y a un risque pour les centrales nucléaires ". " Si le débit des fleuves devient insuffisant, les centrales ne peuvent plus être refroidies et doivent être arrêtées ", ajoute Thomas Houdré, directeur des centrales nucléaires à l'Agence de sûreté nucléaire (ASN).
Plusieurs contraintes s'imposent en effet aux centrales quand elles effectuent leur prélèvement dans les cours d'eau. Premièrement, elles sont tenues de respecter les normes de débit minimal, définies au cas par cas, avant de pomper l'eau dont elles ont besoin pour refroidir les circuits. EDF a mis en place un système de surveillance anticipant sur les évolutions de débit des fleuves. Sur la Loire par exemple, lorsque le débit descend sous 60 mètres cubes par seconde, les quatre centrales sont appelées à coordonner leurs prélèvements pour maintenir un niveau d'eau suffisant.
Selon l'Observatoire du nucléaire, 22 réacteurs sont concernés par la possibilité d'une insuffisance en eau. Ils sont situés dans les centrales de Civaux (Vienne), Golfech (Tarn-et-Garonne), Belleville (Cher), Dampierre (Loiret), Saint-Laurent (Loir-et-Cher), Chinon (Indre-et-Loire), Chooz (Ardennes), Cattenom (Lorraine).
Seconde obligation: les centrales ont l'interdiction de dépasser une température maximale, fixée à 28° C, lorsqu'elles rejettent l'eau venant des circuits de refroidissement dans les rivières. Si cette température est atteinte, la centrale doit réduire voire arrêter la puissance de ses réacteurs.
D'après l'enquête de l'organisme de veille nucléaire indépendant, 20 réacteurs sont susceptibles de ne pas pouvoir respecter les règles de protection de l'environnement : dans les centrales de Saint-Alban (Isère), Bugey (Ain), Cruas (Ardèche), Tricastin (Drôme), Blayais (Gironde), Nogent (Aube).
Pour terminer, les centrales doivent vérifier que les effluents radioactifs se diluent correctement dans les cours d'eau. En dessous d'un certain débit, les centrales sont sommées de stocker leurs effluents dans des bâches le temps que le fleuve se renfloue. Et au bout de plusieurs semaines, si les sites de stockages sont pleins, il faut arrêter les réacteurs.
En marge de la première réunion du " comité sécheresse ", Nathalie Kosciusko-Morizet soulignait ce lundi: " Le manque d'eau est prévu dans le dispositif de contrôle. " Elle a rappelé que les centrales étaient dotées d'un "référentiel grand chaud" conçu pour faire face à ce type de conditions météorologiques. Et même si les centrales en arrivent à la dernière extrémité et doivent couper les réacteurs, il est clair qu'aucun risque ne sera pris selon la ministre : " Si le débit d'eau [dans les fleuves, ndlr] est trop faible, le réacteur est arrêté sans dérogation possible. "
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