[Article publié initialement sur Riad.net par Maxime Kamdem Kamdem, Xavier Dufail le 21 avril 2010]
Y a-t-il une différence fondamentale ? De quoi a-t-on réellement besoin ?
Électricité et éclairage : y a-t-il vraiment une différence ?
Certains diront "non" sans hésiter, car selon eux, l'électricité renvoie à l'éclairage et aucune différence ne peut être faite. D'autres par contre diront "oui", par ce qu'ils trouvent qu'il existe une différence nette entre les deux.
L'électricité est obtenue à partir des sources telles que l'eau (hydroélectricité) ; le vent (énergie éolienne) ; la chaleur du sol (énergie géothermique) ; le sous sol marin (énergie des marées) ; le soleil (énergie solaire). La présence d'électricité est indispensable pour les usages domestiques (éclairage, utilisation des appareils...) et professionnels (petit commerce...).
L'on constate donc que l'électricité résout les problèmes d'éclairage et permet aussi de satisfaire les besoins d'information (utilisation de son poste radio par exemple) et de communication (recharge permanente de son téléphone portable par exemple). A ce stade l'on a raison de dire qu'électricité et éclairage sont une seule et même entité.
L'éclairage désigne la présence de lumière dans un espace défini et précis. On dira par exemple qu'une pièce éclairée est une pièce où il y a la présence d'une lumière, quelque soit son origine. En journée, l'on reçoit de la lumière qui provient des rayons du soleil, et il ne s'impose pas la nécessité de s'éclairer à travers l'électricité. A ce stade l'on peut constater qu'électricité et éclairage sont deux entités différentes. L'électricité permet certes d'avoir l'éclairage, mais l'éclairage peut être obtenu en absence d'électricité.
Reprenons la question ci-dessus : de quoi a-t-on réellement besoin, de l'électricité ou de l'éclairage ?
L'on répondra en disant que cela dépend de sa zone de résidence. En milieu urbain, les ménages disposent des appareils qui nécessitent la présence d'électricité (fer à repasser, réfrigérateur, ordinateurs, téléviseur...), ce qui les rend dépendant de cette forme d'énergie, et ils sont prêts à sacrifier tous les mois, une part importante de leurs revenus au paiement de leurs factures, afin de ne pas être en rupture. En faisant le tour dans la théorie économique, on peut considérer l'électricité comme un bien à demande inélastique, c'est à dire un bien dont la demande diminue très peu lors que son prix augmente. En effet, l'augmentation du prix d'un kWh entraîne une réduction très faible de la consommation totale mensuelle. La raison est liée au fait que les appareils disponibles dans le ménage seront toujours utilisés de la même manière que si les prix n'avaient pas subi une augmentation (un réfrigérateur par exemple utilisé pour la conservation des aliments et qui fonctionne 24h/24).
En milieu rural par contre les ménages utilisent majoritairement le pétrole lampant pour l'éclairage de leur logement, et ont plus des besoins en éclairage qu'en électricité, étant donné qu'ils ne disposent pas le plus souvent des appareils de forte consommation, ou de consommation continue, tels des réfrigérateurs. En journée, la situation est identique quelque soit le milieu de résidence. Tout le monde à accès à l'éclairage, ou mieux de la lumière. La nuit tombée, les lampes tempêtes dominent l'éclairage en milieu rural, indiquant ainsi que les besoins de ces derniers sont principalement liés à l'éclairage. Des études menées ont d'ailleurs confirmé cela (consulter le site web : www.lightingafrica.org).
Comment peut-on satisfaire ce besoin en éclairage pour les populations rurales ? Plusieurs solutions sont envisagées : la connexion au réseau principal, la construction des micro-centrales hydroélectriques dans les villages, ou l'utilisation des panneaux solaires qui est très coûteuse et nécessite un investissement important ne pouvant pas être supporté par les populations rurales. Une solution simple et adéquate pour satisfaire ce besoin serait d'utiliser les lampes solaires.
Il en existe plusieurs, mais l'on va présenter les deux types ci dessous :
Le dispositif de gauche dispose d'un panneau solaire (format A5), d'une lampe rechargeable (à partir de cette plaque solaire) et est aussi utilisé comme chargeur de téléphone portable. Le dispositif de droite dispose d'un panneau solaire (format A4) et d'une lampe rechargeable. Ils sont très pratiques pour les populations rurales qui ne disposent pas d'un éclairage propre et parcourent de très longues distances pour recharger leurs téléphones portables. Ces appareils ont une durée de vie de dix ans et dispensent les ménages de l'achat régulier du pétrole lampant, dont le coût annuel est plus élevé que le coût d'acquisition de l'une de ces lampes. Il est donc possible en milieu rural, de remplacer les lampes à pétrole par des lampes solaires, dont l'usage est facile et d'une très grande portée pour l'atteinte des OMD.
OMD 1 : Réduire l'extrême pauvreté et la faim : En milieu rural, l'éclairage par les lampes solaires favorise le développement du petit commerce dans la nuit, étant donné que celui-ci se fait exclusivement en journée ;
OMD 2 : Assurer l'éducation primaire pour tous : ce dispositif facilite l'étude des enfants en soirée ;
OMD 3 : Égalité des sexes et autonomisation des femmes : ce dispositif accroît les chances de jeunes filles d'achever un cycle complet d'études primaires, voire secondaire ;
OMD 4, 5 : Réduire la mortalité infantile ; Assurer la santé maternelle : Ce dispositif est pratique dans les centres de santé, dispensaires et hôpitaux des zones rurales, pour les consultations infantiles et les accouchements nocturnes, dont certains se font en présence de lampes tempêtes. De plus la mortalité infantile est aussi en partie causée par l'inhalation de la fumée issue de l'utilisation des lampes à pétrole ;
OMD 7 : Assurer un environnement durable : les lampes solaires produisent un éclairage propre qui respecte l'environnement, du fait qu'il n'émet pas de CO2, contrairement aux lampes à pétrole traditionnelles qui émettent une quantité importante de gaz carbonique, qui est l'un des principaux gaz à effet de serre.
Maxime Kamdem Kamdem, Xavier Dufail
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