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Lettre des Aires Protégées en Afrique de l'Ouest - juillet 2014


Le numéro 77 de la lettre NAPA

Edito : Local ou global ? par Geoffroy MAUVAIS Coordinateur du Papaco

En général, ceux qui travaillent pour la conservation à une échelle globale, qui traitent des affaires « importantes » de ce monde, qui vont aux grandes conférences, siègent aux conventions internationales, rencontrent les faiseurs d’opinions, côtoient les médias... regardent les activités menées localement avec beaucoup de condescendance. Comme de multiples petites bouées qui flottent à la surface d’un océan emporté par le tourbillon de la perte de la biodiversité dont eux seuls mesurent la réalité. Comme de multiples petites histoires, sympathiques, rafraichissantes, mais dont les impacts, finalement, sont à leur dimension : réduits sinon nuls.

Ceux qui travaillent localement, sur le terrain comme on dit, qui gèrent des parcs, des réserves au jour le jour, des associations environnementales villageoises, des projets de conservation...regardent le plus souvent ces faiseurs de discours comme d’infatigables bonimenteurs. Des gens qui ont le temps de parcourir le monde pour se retrouver entre eux et se rassurer sur ce qu’ils croient savoir, tandis que la réalité leur échappe, simplement parce qu’ils s’en tiennent trop loin. Ils parlent, ils écrivent, ils conceptualisent mais au final, ils ne changent rien. La meilleure traduction de ce paradoxe est le concept de « pensez globalement, agissez localement » qui est devenu en quelques années un leitmotiv pour la conservation. Comme s’il était possible de faire l’inverse ? Et comme s’il fallait consacrer cette division : une échelle pour réfléchir, une autre pour agir.

Cette division est facile. Chacun n’a qu’à s’occuper de son échelle et le tour sera joué. Celui dont la préoccupation, chaque matin, est de savoir combien de rhinos ont peut-être été braconnés dans sa propriété au cours de la nuit, celui-là n’a que faire des engagements internationaux qui n’engagent que ceux qui les écrivent, et finalement personne. Celui qui parcourt les couloirs de la CITES à la recherche du meilleur compromis pour que le trafic des cornes de rhino cesse, qui sait que sans casser ce trafic, rien ne sera durable, celui-là ne s’intéresse pas au quotidien du gestionnaire et à son angoisse matinale. Pourtant tous deux travaillent au même résultat. Mais ils s’ignorent...

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