Le 3 mars marque la Journée mondiale de la vie sauvage – une célébration instaurée par les Nations unies en décembre 2013, qui consacre l’adoption de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, (dite par acronyme CITES, pour Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora).
Cette année 2016, l’accent est mis sur les éléphants d’Afrique et d’Asie, une espèce emblématique de la criminalité liée aux espèces sauvages.
Les chiffres sont parlants : ce sont quelque 25 000 à 30 000 éléphants qui sont abattus chaque année sur notre continent. Rien qu’entre 2010 et 2012, 100 000 éléphants ont été tués. Autrement dit, il meurt plus d’éléphants aujourd’hui sur le continent qu’il n’en naît – la gestation dure de 20 à 22 mois. Et si rien n’est fait, il n’y aura plus d’éléphants en Afrique d’ici deux décennies au plus, selon nombre d’experts. L’Afrique de l’est, le Kenya et la Tanzanie, sont les régions qui connaissent le plus fort déclin de cette espèce. En Tanzanie, leur population a chu de 63 % en cinq ans, selon des chiffres officiels dévoilés en 2015. L’an passé, plus de 20 % des éléphants qui peuplent le centre du Mali ont été tués, selon l’ONU et des ONG.
En 2013, l’on dénombrait 470 000 individus à l'état sauvage, selon les chiffres présentés à la conférence de Kasane, au Bostwana, qui s’est tenue en mars 2015. Ils étaient 1,2 million en 1980. Et 20 millions au début du 20e siècle.
L’ivoire, cet or blanc si cher
Au cœur de cette criminalité qui décime les populations d’éléphants d’Afrique, le commerce international de l’ivoire – interdit depuis 1989, mais dont l’interdiction a été en partie levée en 1997 – qui génère des recettes colossales et un braconnage intensif.
Le prix du kilo d’ivoire, plus cher que celui de l’or, aurait ainsi triplé entre 2010 et 2014 sur les marchés asiatiques, d’après l’ONG Save the Elephant. De fait, l’ivoire est très prisé en Asie, où la demande en aiguise le commerce illégal. Des défenses sculptées sont vendues des centaines de milliers de dollars pièce.
La BAD tire la sonnette d’alarme
Avant même la proclamation de cette Journée internationale du 3 mars destinée à éveiller les consciences et susciter une mobilisation d’ampleur pour lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages – une criminalité transnationale, qui fragilise les Etats, favorise les réseaux mafieux et franchit les frontières pour essaimer à travers le monde entier –, la BAD s’est emparée du problème.
S’associant à WWF, elle a lancée en mai 2013, lors de ses assemblées annuelles, la Déclaration Marrakech, un plan d’action en 10 points qui appelle gouvernements, organisations et citoyens à se mobiliser d’urgence pour « lutter contre le trafic illicite d’espèces de faune et de flore sauvages » et ainsi préserver la biodiversité de l’Afrique.
De fait, c’est tout un écosystème et les fondations même des Etats africains qui sont menacés : braconnage et commerce illicite alimentent la corruption et les réseaux criminels – trafic d’armes, de drogue… – financent conflits et organisations terroristes.
Des mesures énergiques
Etats, organisations internationales, ONG et groupes de la société civile sont de plus en plus nombreux à se mobiliser.
Certains États détruisent des stocks d’ivoire saisis. Ce qu'a fait par exemple le Kenya, début mars 2015, en brûlant 15 tonnes de cornes, d’une valeur de quelque 30 millions de dollars EU. Ou encore l’Ethiopie dont les autorités ont brûlé plus de six tonnes d’ivoire, équivalent à douze millions de dollars EU, à la fin mars de la même année.
De janvier à octobre 2015, une vaste opération d’Interpol, dénommée Worthy, II a mobilisé les services de police dans 11 pays africains – l'Éthiopie, le Kenya, le Malawi, le Mozambique, la Namibie, l'Afrique du Sud, le Soudan, le Swaziland, la Tanzanie, l'Ouganda et la Zambie –, débouchant sur plus de 200 arrestations et la saisie de près de deux tonnes d'ivoire de contrebande.
A Kasane, en 2015, le Gabon, le Botswana, le Tchad, l’Ethiopie et la Tanzanie ont demandé un moratoire « d’au moins dix ans sur toute vente d’ivoire, le temps de stabiliser nos populations d’éléphants. »
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