La section développement durable du Festival des Vues d’Afrique qui s’est déroulé à Montréal, du 17 au 24 avril derniers, accueille chaque année des cinéastes ayant produit des courts, moyens et longs métrages portant sur la protection de l’environnement et la promotion du développement durable. Par cette programmation, l’évènement, maintenant à sa 32e édition, vise à faire connaître les problématiques de ce continent et les actions posées par des citoyens de différents pays.
Cette année, les lauréats sont Okuta (Bénin) choisi par l’Institut de la Francophonie pour le développement durable de même que Et maintenant nos terres (co-productionCanada-Afrique) attribué par l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA). D’autres films de cette section ont aussi mérité des mentions dans d’autres catégories du festival.
Cependant, trois films, entre autres, ont retenu notre attention qui s’entrecroise en abordant les thèmes de la solidarité sociale et de l’action citoyenne.
Et Maintenant nos terres : la réappropriation du sol africain par ses habitants
À l’heure de la course aux investissements fonciers visant la sécurité alimentaire à la façon des pays développés et le profit immédiat, les pays africains font l’objet d’une intense volonté, de la part des investisseurs étrangers, de l’accaparement des terres fertiles. La question de l’avenir de l’agriculture africaine est ainsi clairement posée. Dans ce film instructif à cet égard, trois acteurs de la société civile du Cameroun, du Sénégal et du Bénin se battent à tous jours pour leurs droits et leur futur. Cette résistance face à l’envahissement de grandes entreprises américaines et européennes qui tentent de confisquer des terres ou de les retirer de l’agriculture familiale fait face à une opposition organisée. De par leurs projets, ces transnationales bafouent ainsi des droits acquis en faisant fi des pratiques et des coutumes locales.
Au Cameroun, les paysans, regroupés dans l’Alliance internationale des riverains de plantations de palmier à l’huile, bloquent l’accès aux usines du groupe Socfin-Bolloré et exigent d’être des interlocuteurs légitimes afin de récupérer leur droit de produire. Au Sénégal, le mouvement des 37 villages se mobilise et réclame la rétrocession de 20 000 hectares de terres occupées par le groupe italien Tampieri et cédées par l’État. Ce mouvement s’étend maintenant à toute l’Afrique de l’ouest et représente la volonté africaine de faire le choix de son mode de production et de conserver son patrimoine foncier.
Beau temps, mauvais temps : des solutions à la mesure de la résilience africaine
Les habitants du Burkina Faso connaissent, comme d’autres pays sahéliens, une forte incertitude quant à la désertification. Cette menace grandissante affecte leur sécurité alimentaire. Ils se doivent donc de réagir et de mettre en place des projets et des mesures qui vont leur assurer une production suffisante.
Dans le film Beau temps, mauvais temps, présenté d’abord à un groupe d’écoliers, on constate que les producteurs burkinabés, bénéficiant du soutien d’un programme de coopération canadienne, misent sur leurs faibles moyens et leur savoir-faire inventif. Un exemple de solidarité et de leur détermination qui prend la forme de solutions concrètes et efficaces pour assurer leur bien-être : biodigesteur (source d’énergie en gaz), compostage (récupération de matières organiques), eau de pluie, rétention d’animaux (élevage continu) et autres pratiques qui leur permettent d’assurer leur subsistance grâce à un effort collectif et soutenu.
Partage : une initiative sociale et humanitaire de type exemplaire en Tanzanie
Partage demeure un film qui établit clairement le lien qu’il faut faire entre les composantes économique, sociale et environnementale du développement durable. En suivant le parcours du fondateur de l’organisation Partage, le français Philippe Krynen, on constate l’importance d’assurer des services de santé et d’éducation aux populations en détresse (dans ce cas, ravages du Sida et dépression économique).
La mise sur pied de ce réseau de service social, financé en grande partie par des contributeurs français et allemands, dans une région éloignée de la Tanzanie a contribué à la fois a retissé les liens familiaux et à créer les conditions d’une prise en charge citoyenne par les habitants de La Kagera. De cette façon, la valorisation de l’environnement, l’exploitation mesurée des ressources naturelles et le développement économique dit durable s’appuient sur la satisfaction de besoins humains et répondent à l’objectif d’équité sociale.
Source : GaïaPresse
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