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Alors que nous célébrons la Journée météorologique mondiale, le monde pénètre dans un territoire inexploré


Tendances scientifiques: Cartographier les hauts et les bas du changement climatique

Alors que nous célébrons la Journée météorologique mondiale, le monde pénètre dans un territoire inexploré, 2016 ayant été l'année la plus chaude jamais enregistrée et 2017 suivant cette tendance. Alors que l'Accord de Paris sur le changement climatique n'a même pas 18 mois, que faire à présent pour progresser?
Comme l'indique cette semaine le dernier rapport de l'Organisation météorologique mondiale, 2016 restera dans les annales comme étant l'année la plus chaude jamais enregistrée. Le secrétaire général de l'OMM, Petteri Talaas a déclaré que cette année a connu «une hausse remarquable de 1,1°C des températures par rapport à l'époque préindustrielle, soit 0,06 °C de plus que le précédent record établi en 2015. Cette augmentation de la température moyenne s'inscrit dans la logique des autres changements intervenant dans le système climatique.»

M. Taalas estime que l'augmentation de la puissance de calcul des ordinateurs, ainsi que le fait de disposer de données issues d'études sur de longues périodes, permettent d'apporter de façon plus précise que jamais la preuve d'un changement climatique induit par l'homme. En effet, le rapport de l'OMM fait autorité du fait que ses ensembles de données réunissent des informations collectées par des chercheurs issus de différents instituts à travers le monde, dont 80 centres météorologiques nationaux.

Une tendance climatique continue

Le rapport de l'OMM souligne une tendance à la hausse des températures dont le rythme oscille entre 0,1°C et 0,2°C par décennie. Selon le rapport, depuis 2001, la température a été chaque année au moins de 0,4°C supérieure à la moyenne à long terme pour la période de référence du suivi (1961-1990). Les niveaux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère ont également atteint 400 parties par million en 2015, dernière année pour laquelle l'OMM dispose de statistiques mondiales. Du fait de la longue durée de vie du CO2, ces niveaux ne descendront pas sous ce seuil avant de nombreuses générations.

Parallèlement au réchauffement sur le long terme dû aux émissions de gaz à effet de serre, 2016 a connu un épisode El Niño de forte intensité, un évènement qui provoque en général un réchauffement de 0,1°C à 0,2°C des températures par rapport aux niveaux de référence, ainsi qu'une élévation du niveau mondial des océans. En outre, l'étendue de la banquise a connu en novembre une régression de quatre millions de kilomètres carrés par rapport à la moyenne, du jamais vu pour ce mois.

Les conséquences de ces phénomènes météorologiques extrêmes continuent à se faire sentir sur toute la planète. Des sécheresses extrêmes, par exemple, aggravent l'insécurité alimentaire dans des régions comme le sud et l'est de l'Afrique, alors que des tempêtes et des inondations provoquent des destructions dévastatrices des moyens de subsistance, ainsi que des pertes humaines.

Chose inquiétante, l'OMM souligne que cette tendance se poursuit en 2017, les dernières études indiquant que le réchauffement océanique pourrait avoir progressé à un rythme plus élevé que celui précédemment rapporté et que l'accroissement des concentrations atmosphériques de CO2 n'a pas ralenti. Le monde semble connaître des extrêmes encore plus prononcés. C'est ainsi que la banquise arctique s'est trouvée proche du point de fusion au moment de la période habituelle d'embâcle hivernale. Ces changements entraînent à leur tour une modification des régimes de circulation océanique qui se répercute sur les conditions météorologiques dans d'autres parties du monde, expliquant les températures anormalement basses subies par la péninsule arabique et l'Afrique du Nord au début de l'année 2017.

Mais nous avons toujours l'Accord de Paris?

Cela fait moins de 18 mois (décembre 2015) que l'Accord de Paris sur le climat au titre de la CCNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) a été adopté par les représentants de 195 pays. Un nombre suffisant des principaux pays producteurs de gaz à effet de serre ont ratifié l'accord en octobre de l'année dernière et l'élan semblait avoir été donné pour ralentir l'utilisation des combustibles fossiles.

Beaucoup de choses ont cependant changé en quelques mois. Il a largement été rapporté que le président des États-Unis, Donald Trump, envisage de se retirer de l'Accord de Paris, ce qui représenterait un coup dur porté par l'un des plus gros contributeurs mondiaux en matière de gaz à effet de serre. À l'heure actuelle, précisément au moment où, comme l'a déclaré M. Taalas, «il est vital de continuer à investir dans la recherche sur le climat et les programmes d'observations pour éviter que nos connaissances scientifiques restent à la traîne face au rythme rapide du changement climatique», les États-Unis semblent prendre la direction opposée. Le budget récemment proposé par le Président Trump réduirait de près d'un tiers le financement de l'Agence de protection de l'environnement, et le directeur du budget a récemment qualifié de «gaspillage» l'argent consacré à la lutte contre le changement climatique.

Les nouvelles pousses de la croissance verte

Un nouvel espoir vient peut-être de naître, et sous une forme qui aurait paru hautement improbable il n'y a pas si longtemps. Lors de la Conférence sur les changements climatiques (COP 22) qui s'est tenue en novembre dernier à Marrakech, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Liu Zhenmin a précisé que la Chine s'était engagée dans la voie d'une réduction des émissions de carbone. En effet, tout laisse à penser que la Chine a la volonté et la capacité de prendre un rôle de leadership en matière de changement climatique, comme l'a confirmé à Davos en janvier le Président chinois Xi Jinping.

Il est possible que l'origine de ce progrès soit tout simplement une stratégie intéressée de la Chine, qui voit dans la fourniture mondiale de produits et services à faibles émissions de carbone un formidable débouché économique. La Chine, qui dispose de la plus grande capacité mondiale de production d'énergie éolienne et solaire installée, met en œuvre un système d'échange des permis d'émission et a, en 2016, investi 32 milliards de dollars dans les énergies renouvelables à l'étranger.

Les nombreux défenseurs des initiatives d'atténuation et d'adaptation face au changement climatique feraient valoir que pour assurer un avenir durable, les innovations et politiques devraient également générer ce type d'avantages économiques.

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Source : CORDIS
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