Maintenant que l'Accord de Paris sur le climat a été adopté, les stratégies nationales destinées à faciliter la mise en œuvre des plans visant à s'adapter au changement climatique et à réduire les émissions de carbone jouent un rôle de premier plan.
La FAO a développé des directives supplémentaires dans le cadre des Directives PNA-CCNUCC «Intégrer l'agriculture, la foresterie et la pêche dans les plans nationaux d'adaptation» (Directives PNA-Ag) dont le but est d'aider les pays en développement à s'assurer que l'agriculture fasse partie des plans nationaux d'adaptation et de renforcer sa résilience et son adaptabilité aux différentes situations.
Ces directives aideront notamment les pays vulnérables à accéder au financement (en particulier celui du Programme de préparation du Fonds vert pour le climat) tout en encourageant leur participation au processus de prise de décisions et en renforçant leurs capacités techniques. Des choix seront effectués en fonction du contexte, des points de vue et des besoins des intervenants. Il ne s'agit pas d'une mince affaire. Le Lac Faguibine dans le Nord du Mali, par exemple, est sec depuis la moitié des années 1970, offrant un cas d'école sur les changements écologiques, politiques et sociaux provoqués par le changement climatique.
Alors que plusieurs acteurs majeurs militent pour remplir le lac, les membres de la communauté locale tendent à privilégier des approches écosystémiques telles que la gestion durable des forêts, qui a pris de l'importance au fur et à mesure que le lac tarissait.
De telles situations sont fréquentes et soulignent l'importance de prendre en considération plusieurs facteurs lorsqu'il s'agit de préparer les PNAs, qui visent à stimuler le développement et à renforcer la résilience et la sécurité alimentaire.
«Des plans d'adaptation à moyen et long terme sont cruciaux pour renforcer la sécurité alimentaire et la résilience face aux chocs climatiques pour les générations à venir», a indiqué Mme Julia Wolf, Fonctionnaire FAO chargée des ressources naturelles et co-auteure des directives. «Les secteurs agricoles, qui font souvent office de pilier économique dans les pays en développement, doivent être placés en priorité et jouer un rôle prépondérant. Les directives sont élaborées pour résoudre des questions clés, poser des bases et conseiller sur la marche à suivre».
Le rôle spécial joué par l'agriculture
L'agriculture, y compris les cultures, l'élevage, la foresterie et la pêche, joue un rôle spécial dans les efforts visant à maintenir les températures mondiales sous la barre des deux degrés Celsius au-dessus de la température de l'époque préindustrielle.
Le secteur est une source importante d'émissions de gaz à effet de serre (GES), faisant de lui une cible de premier plan pour les efforts d'atténuation mais aussi pour ceux consistant à créer des solutions innovantes.
En même temps, la production alimentaire devra augmenter de 60 pour cent d'ici à 2050 (par rapport à 2006) pour répondre à la demande d'une population grandissante. En effet, quatre des huit risques les plus importants liés au changement climatique et identifiés par le Cinquième rapport d'évaluation du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) sont associés à la sécurité alimentaire.
Près de 90 pour cent des pays en développement ont fait de leur secteur agricole un élément clé de leurs efforts visant à lutter contre le changement climatique. Les PNAs sont considérés comme indispensables en vue de mettre en œuvre les priorités nationales d'adaptation, de concrétiser les actions de chaque pays visant à s'adapter au changement climatique (dont il est fait mention dans les Contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN)) et de réaliser les Objectifs de développement durable (ODD).
Les nouvelles directives de la FAO - à destination des planificateurs nationaux, des responsables agricoles, forestiers et chargés de la pêche, des experts, des Nations Unies et des donateurs bilatéraux - sont conçues pour lutter contre les défis spécifiques posés par les actions visant à s'adapter au changement climatique et à en atténuer les effets dans la sphère agricole. Une démarche qui devrait par ailleurs conduire à quelques changements pour ceux qui dépendent des activités liées au secteur agricole pour leurs revenus, leurs moyens d'existence et leur sécurité alimentaire.
Pour le moment, semer des cultivars à croissance rapide et arrivant à maturité rapidement peut donner de très bons résultats en période de sécheresse, mais uniquement si les semences sont disponibles en grande quantité. De même, si le manioc fait partie des cultures importantes dans les environnements tropicaux, les programmes nationaux désireux d'élargir son potentiel doivent garder à l'esprit que des maladies virales risquent d'être stimulées par des températures plus élevées et que cela aurait pour effet d'endommager le tubercule.
La FAO détient une expérience considérable en ce qui concerne l'association du savoir-faire local à l'expertise scientifique. Un projet en République démocratique populaire du Lao a pour vocation d'aider les agriculteurs et les pêcheurs à mieux tirer profit des terres humides de leur pays (où le changement climatique devrait probablement avoir un impact majeur sur la quantité et la qualité de l'approvisionnement en eau) en coordonnant leurs efforts de recherche en faveur de pratiques de gestion des terres plus durables.
Des points clés
Concevoir des plans nationaux efficaces commence par l'identification des entités responsables (une tache souvent réalisée par un groupe spécial de travail dans un ministère mandaté pour dialoguer avec les différentes parties), il est ensuite question d'établir un processus de collecte et de stockage des données et enfin de définir les indicateurs qui suivront les progrès réalisés.
Les analyses sur le rapport coût-bénéfice sont évidemment indispensables et doivent relayer les bénéfices et les dégâts collatéraux que toute stratégie d'adaptation au changement climatique pourrait impliquer. Evaluer l'impact de la sécurité alimentaire et de la nutrition chez les populations vulnérables est également une composante essentielle.
Encourager des pratiques agricoles durables est également primordial afin de parvenir à un monde à plus faible teneur en carbone et à une croissance économique résiliente. Ces deux éléments constituent des composantes essentielles du programme de développement conçu pour réaliser les accords internationaux portant sur l'éradication de la faim et de la pauvreté et visant à lutter contre le changement climatique.
Les nouvelles directives ont été élaborées par le programme de la FAO et du PNUD "Intégrer l'agriculture dans les plans nationaux d'adaptation" et ont été développés grâce au financement du Ministère fédéral allemand pour l'environnement, la protection de la nature et la sûreté nucléaire (BMUB) et grâce également aux royaumes de Belgique, des Pays-Bas, de Suède et à la Suisse.
[ODD2030-13]
Communiqué de la FAO (745 hits)