L'eau, la paix et la sécurité sont inextricablement liées, a déclaré mardi le Secrétaire Général des Nations Unies, António Guterres, lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacré à la diplomatie préventive et aux eaux transfrontières.
La demande en eau douce devant augmenter de plus de 40 % d'ici le milieu du siècle, et le changement climatique ayant un impact croissant, M. Guterres a jugé la pénurie d'eau de plus en plus préoccupante.
D'ici 2050, au moins une personne sur quatre vivra dans un pays où le manque d'eau douce est chronique ou récurrent, s'est alarmé le Secrétaire général en relevant qu'on observe déjà, dans toutes les régions, une augmentation des tensions autour de l'accès à l'eau.
« Sans une gestion efficace de nos ressources en eau, nous risquons de voir s'intensifier les différends entre les communautés et les secteurs, et même les tensions entre les nations », a averti le chef de l'ONU lors de cette réunion du Conseil présidée par la Bolivie qui était représentée par son chef d'Etat, Evo Morales Ayma.
M. Guterres a expliqué que les trois quarts des États membres de l'ONU partagent des rivières ou des bassins fluviaux avec leurs voisins. Des bassins importants, comme ceux du Nil, de l'Indus, du Gange, de l'Euphrate-Tigre et du Mékong, sont d'une importance vitale pour l'économie, le commerce, la culture et les moyens de subsistance des communautés environnantes.
À l'heure actuelle, plus de 270 bassins fluviaux sont partagés au niveau international. Ils constituent la principale source d'eau douce pour environ 40 % de la population mondiale. C'est pourquoi « il est essentiel que les nations coopèrent pour s'assurer que l'eau soit partagée de façon équitable et utilisée de manière durable », a insisté M. Guterres.
Le Secrétaire général a en outre fait remarquer que l'eau s'était avérée être un catalyseur de la coopération entre les nations, « même celles qui ne sont pas en bons termes ». Il a cité à cet égard quelque 287 accords internationaux sur l'eau signés au cours de la deuxième moitié du XXème siècle.
Par exemple, en Amérique du Sud, le lac Titicaca, le plus grand lac d'eau douce du continent, a longtemps été une source de coopération entre la Bolivie et le Pérou. De même, le Traité sur les eaux de l'Indus de 1960 entre l'Inde et le Pakistan a survécu à trois guerres entre les deux pays.
Le Secrétaire général a également mentionné la Convention d'Albufeira, signée pendant qu'il était Premier ministre du Portugal, qui continue de promouvoir de bonnes relations sur la gestion de l'eau entre le Portugal et l'Espagne. Il a pu témoigner des difficultés rencontrées dans ces négociations, qui avaient finalement abouti grâce aux efforts de deux équipes restreintes arrivées à un compromis raisonnable. Il en a tiré la leçon qu'avec la volonté politique nécessaire, on peut arriver à des résultats qui bénéficient à tous.
En Europe, la Convention sur la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontières et des lacs internationaux a favorisé la collaboration et la résolution des conflits depuis 1992. En mars 2016, la Convention a été ouverte à tous les États membres de l'ONU, « ce qui offre la possibilité de créer un cadre mondial pour la diplomatie préventive s'agissant des questions des eaux transfrontières », a ajouté M. Guterres.
Le Secrétaire général a assuré que « les Nations Unies favorisent activement la médiation et le dialogue comme outils efficaces pour prévenir et résoudre les différends relatifs à l'eau et à d'autres ressources naturelles ».
Ainsi, le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale collabore étroitement avec le Fonds international pour le sauvetage de la mer d'Aral et d'autres partenaires pour renforcer les capacités en matière de diplomatie de l'eau et moderniser le cadre juridique régional sur la gestion des ressources en eaux transfrontalières. M. Guterres a d'ailleurs annoncé son déplacement en mer d'Aral dans les prochains jours.
Il a rappelé qu'un plan d'action avait été élaboré l'an dernier par le Groupe de haut niveau sur l'eau, convoqué par l'ancien Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, et le Président de la Banque mondiale. Ce plan promeut une façon de développer et de gérer les ressources en eau qui soit globale, collaborative et accessible à tous, tout en améliorant les services liés à l'eau et à l'assainissement.
« Alors que nous travaillons à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030 et de l'Accord de Paris sur les changements climatiques, nous élargirons ces initiatives », a promis le Secrétaire général.
Cette réunion du Conseil de sécurité aura permis de souligner « comment l'eau est et devrait rester un motif de coopération et non de conflit », s'est-il félicité, avant d'appeler à s'engager et à investir dans la sécurité de l'eau pour assurer une paix et une sécurité durables pour toutes les communautés et les nations.
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