Par : Agnès Béatrice Bikoko et Paul Ombiono
La fourniture de l’énergie électrique est, à n’en point douter, l’un des problèmes majeurs que rencontre le Cameroun actuellement. On veut se tourner vers les énergies renouvelables. Sans grand succès.
Cela fait plusieurs décennies que la Société Nationale d’Electricité (Sonel) a été privatisée au profit d’acteurs privés qui se succèdent pour des raisons jusque-là ignorées du plus grand public. Le motif que l’on avait évoqué était l’incapacité de la Sonel (société d’Etat) à fournir de l’énergie électrique tant domestique qu’industrielle et sa mauvaise gestion. On avait alors procédé à une cession de gestion. Mais on constate aujourd’hui que la situation n’a pas du tout changé lorsque l’on ne dirait pas qu’elle s’empire plutôt. Les coupures électriques sont plutôt devenues la règle.
Malgré tous les efforts consentis par les pouvoir publics, moins de 40 % de la population a droit à l’énergie électrique. En effet, deux grands barrages existent pour la production de cette énergie mais cela s’avère insuffisant pour satisfaire les seules populations habitant les grandes métropoles. Ce qui les soumet à des coupures électriques aux conséquences autrement fâcheuses, tant elles empêchent de sécuriser les provisions en vivres, qu’elles nuisent tout aussi au bon fonctionnement du secteur industriel.
Pour les campagnes, les pouvoirs publics ont lancé un projet d’électrification rurale qui tarde à son tour à s’imposer véritablement. Toutes les campagnes n’ont pas réussi à en bénéficier de nos jours. Celles mêmes qui en bénéficient passent souvent de longs mois sans énergie parce que le courant électrique y est transporté par un seul câble, le monophasé, qui n’est pas assez puissant pour supporter la charge et la distance. Ce qui crée des baisses de tension ; ou alors ce sont des coupures pour rationner la distribution ; ou plutôt l’endommagement du réseau lié aux multiples problèmes d’entretien ; ou encore ce sont les arbres de la forêt qui tombent emportant les câbles et les poteaux électriques.
Un autre problème, et pas des moindres, c’est l’arrogance de ces sociétés qui n’ont de comptes à rendre à personne. Elles font tout ce qu’elles veulent puisqu’elles sont toujours seules à y exercer. C’est la cruelle loi du monopole.
Face à cette situation, certaines personnes nanties ou certaines sociétés d’Etat, privées ou parapubliques se retournent vers l’énergie solaire avec des fortunes diverses. Les plaques scolaires sont encore très coûteuses aujourd’hui. Pour les avoir, cela nécessite un investissement important qu’il faut renouveler à échéance. Ce qui n’est pas toujours à la portée de tous. Ceux qui ont réussi à les acquérir ne sont pas toujours capables de les entretenir et les installations tombent en ruine faute de moyen ou de maintenance.
Certains ménages acquièrent des lampes rechargeables par le biais de l’énergie solaire mais cela non plus ne satisfait pas la grande majorité de la population qui croupit dans la pauvreté. On retombe ainsi dans l’obscurité.
Les pouvoirs publics ont lancé l’expérimentation de l’énergie solaire en l’utilisant pour l’éclairage de certains espaces publics tels que les routes. Mais cette expérience est encore très timide. L’axe routier Yaoundé Soa (une ville estudiantine à moins de 15 kilomètres de Yaoundé) en bénéficie depuis bientôt une décennie et puis plus rien. Ici, plusieurs plaques solaires ne fonctionnent plus. Les unes se sont éteintes d’elles-mêmes et ne sont pas réparées en temps réel. Certaines autres sont tombées parce qu’elles ont été mal montées ou alors parce qu’elles ont été percutées par des automobilistes indélicats qui n’ont pas été contraints de les refixer ou de les remplacer.
Pour ne plus connaître ces déboires et agir dans la durabilité, ne serait-il pas indiqué de former des ressources humaines capables non seulement d’assurer la maintenance de ces équipements, mais aussi d’explorer d’autres sources d’énergies renouvelables comme la biomasse par exemple. En somme nous bénéficions du soleil, nous générons aussi un volume plus qu’important d’ordures ménagères, mais nous sommes incapables d’en tirer le plus grand profit.