Système qui unit la culture des plantes à l’élevage des poissons, l’aquaponie est expérimentée par l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) que dirige Dr. Noé Woïn.
En effet, cette pratique agricole aux relents futuristes est implémentée depuis 8 mois dans sa Station polyvalente de recherche agricole de Bertoua (est-Cameroun).
D’après le chef de ladite structure opérationnelle, Alain Christian Missé, l’aquaponie est constitué de deux bacs, l’un (aquarium) pour l’élevage des poissons et l’autre pour la culture de plantes.
Le bac des plantes contient un substrat qui colonise les bactéries. C’est ainsi que les déchets (urines et déjections) produits sous forme d’ammoniaque par les poissons sont décomposés par les bactéries en une solution nutritive organique pour les plantes.
En revanche, l’eau des poissons est renvoyée dans le bac de culture à l’aide d’une pompe. Et la même eau retourne dans le bac des poissons après avoir été épure par les plantes et les bactéries du substrat des plantes.
Pour des systèmes plus complexes, un système de décantation et d’aération peut être ajouté.
Il est à noter, selon le chercheur, que le potentiel de l’aquaponie se perçoit sur plusieurs plans.
Au plan socio-économique, il permet de générer des revenus issus de deux productions différentes, à savoir les plantes et les poissons.
Facile et agréable à entretenir, c’est un système qui peut être implémenté partout, même en ville.
Au plan écologique, au regard des catastrophes naturelles, des changements climatiques, de la croissance démographique, les experts sont unanimes à reconnaître que l’aquaponie est un système d’avenir.
Ce d’autant plus qu’il est économique en matière de gestion de l’eau. Avec son système de recyclage, il utilise moins de 10% des quantités d’eau utilisées en pisciculture et en agriculture ordinaire.
Des études menées jusqu’ici donnent un rendement meilleur non seulement en termes de croissance, de qualité et de goût mais aussi en termes d’espace. Puisqu’il permet de cultiver intensivement sur des surfaces réduites.
Et contrairement à l’aquaculture et l’agriculture qui polluent, l’aquaponie est un système propre : il ne demande pas d’intrants chimiques et ne rejette aucun polluant dans la nature.
En fonction de la densité de poissons à grossir, on peut produire en moyenne 350 g à 650 g de plantes par mètre carré de bac de culture.
En perspective, selon les dirigeants de l’institut bras séculier de l’État du Cameroun en matière de développement agricole, la section productions aquacole et halieutique a la mission de vulgariser ce système à travers le pays.
Ce système qui allie, durablement, aquaculture et agriculture a été (parmi d’autres systèmes innovants et produits agricoles améliorés de l’IRAD) mis en vitrine lors des Journées d’excellence de la recherche scientifique et de l’innovation pour la région de l’Est (JERSIR-EST) 2020, organisées par le ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation (MINRESI).