Parmi les acteurs clés identifiés pour préserver et gérer durablement les ressources en eau, en terres et en biodiversité des paysages des monts Bamboutos et Bana-Bangangté-Bangou, les femmes occupent une place de choix. Ce d’autant plus que, selon les chiffres convoqués par l’Ong américaine Rainforest Alliance, ces femmes représentent plus de 70% des personnes actives sur les flancs de ces zones clés de biodiversité des hautes terres de l’Ouest. Le maire de la commune de Bangou, Paul Sikapin, va plus loin en indiquant que 90% des agriculteurs en activité dans les hautes terres de l’Ouest sont constitués des femmes. Par ailleurs, elles occupent des postes de responsabilité au sein des GICs en activité.
La prise en compte du genre est un facteur de durabilité du projet Women in COBALAM qui vient en complémentarité du projet COBALAM, en vue de renforcer les droits économiques et sociaux des femmes par leur engagement dans la gestion communautaire et écologiquement durable du paysage. Le projet Women in COBALAM conforte la place stratégique de la femme à travers une meilleure représentativité comme membres des commissions communales de gestion du paysage (CCGP) et des comités de gestion du paysage (CGP). Ce qui correspond à l’objectif d’atteindre le quota d’au moins 30% des femmes au sein de ces instances multi-acteurs de prise de décision. « Depuis deux ans, les femmes de ces paysages sont accompagnées par Rainforest Alliance qui renforce leurs capacités en leadership, en gestion financière et en budgétisation. Ce qui leur permet de se positionner dans l’entrepreneuriat, de participer aux instances de prise de décision et de mieux gérer les ressources naturelles disponibles pour le bien-être des générations présentes et futures », explique la coordinatrice de l’Association pour la promotion des actions de développement endogène rurales (APADER), Florence Yousseu.
L’appui co-financé par le Fonds pour l’environnement mondial (GEF), le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’Union européenne vise aussi à améliorer les compétences techniques et à stimuler la productivité des entreprises locales dirigées par des femmes, en mettant l’accent sur l’agriculture durable, les produits forestiers non-ligneux et les solutions en matière d’énergies non renouvelables.
Les jeunes sont aussi mis à contribution. Rainforest Alliance surfe sur la vague selon laquelle le Cameroun dispose d’une population jeune avec près de 60% de jeunes de moins de 25 ans. A ce niveau, les entreprises locales dirigées par les jeunes femmes sont créées et soutenues, à travers des formations aux techniques de transformation plus durables. L’idée étant d’améliorer la qualité et la valeur marchande des produits agricoles et forestiers locaux, notamment l’avocat, le miel, les épices et la volaille.
Les minorités Mbororos ne sont pas en reste. « Le projet nous a aidé en fournissant le matériel. Les femmes ont été reçu des formations en fabrication du charbon écologique, des foyers améliorés, des filtres biologiques, des engrais et sur la production des herbes (essences fourragères) », fait savoir Ahi Jamilatou, membre du CCGP de Batcham et représentante des populations Mbororos dans les Monts Bamboutos. L’acteur de la société civile à ECO-PH, Jibrila Haman, souhaite une allocation des points d’abreuvement des cheptels, l’accompagnement des Mbororos dans l’établissement des titres fonciers au même titre que les autres communautés. « Nous ne devons plus être considérés comme des personnes qui pratiquent la transhumance, mais comme des êtres à part entière qui méritent également l’accès à la propriété foncière », soutient-il. Bih Bridget Mbacham, Senior Associate Gender and Human Rights à Rainforest Alliance, souligne que l’implication des femmes, des jeunes et des minorités permet en outre de lever des financements nécessaires à la gestion durable des paysages.
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