Le développement d’un enseignement privé à but lucratif en Côte d’Ivoire a attiré l’attention des syndicats de l’éducation et a abouti à la conduite d’une étude et à des revendications adressées au gouvernement.
Une réunion d’éducatrices et d’éducateurs organisée à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, a fourni des résultats intéressants sur la privatisation et la commercialisation de l’éducation. Les enseignants et les dirigeants syndicaux/ales, ainsi qu’Assibi Napoe du bureau de la région Afrique de l’Internationale de l’Education (IE) et Luc Allaire, du Comité syndical francophone de l’éducation et de la formation (CSFEF), ont conclu que, compte tenu de la privatisation et de la marchandisation croissantes de l’éducation et du nombre d’établissements privés en constante augmentation dans le pays, une étude sur les conséquences de ces tendances sur le système éducatif ivoirien était urgente et nécessaire.
Ce projet est conforme au programme de l’IE « Réponse mondiale à la privatisation et à la commercialisation de et dans l’éducation », tel qu’il a été adopté par la première résolution du Congrès mondial de l’IE à Ottawa en 2015. Il marquera le premier pas vers une analyse de ce phénomène dans les pays de l’Afrique francophone.
De la recherche au plaidoyer
L’étude de la privatisation de l’éducation dans ce pays d’Afrique de l’Ouest a fourni des données probantes sur la nécessité de réglementer et de contrôler les activités des écoles à but lucratif dans le pays. En effet, de nombreuses familles n’ont pas les moyens de payer les frais de scolarité et l’offre privée d’éducation implique donc l’exclusion d’un grand nombre d’élèves du système éducatif.
Les six syndicats de l’éducation de Côte d’Ivoire, rassemblés au sein de la structure « Section de l’Internationale de l’Education de la Côte d’Ivoire » (IESCI), ont décidé de demander au gouvernement d’évaluer les écoles privées afin de s’assurer qu’elles respectent toute la réglementation, notamment en matière de formation des enseignants, d’infrastructures adéquates, de rigueur dans l’évaluation ainsi que de salaires et de conditions de travail des enseignants. Les écoles qui ne respectent pas la réglementation ne devraient pas recevoir de fonds publics du gouvernement ni l’autorisation d’exercer leur activité, selon les conclusions de la réunion.
L’IESCI réclamera également le réinvestissement des fonds publics dans des écoles publiques et cherchera à rallier à sa cause les acteurs de la société civile, à savoir les parents d’élèves, mais aussi des ONG actives dans le domaine de l’éducation et les chefs locaux traditionnels.