Cent neuf agriculteurs repartis en quatre groupes (groupe des anciens, groupe des femmes, groupe des jeunes et groupe des chefs religieux) font l’objet de l’étude menée par Sadia Chétif, auteure de la thèse Construire la résilience au changement climatique par les connaissances locales : le cas des régions montagneuses et des savanes de Côte d’Ivoire. Ces populations ont été interrogées sur l’impact du changement climatique sur leurs conditions de vie et leurs pratiques agricoles et par quels moyens ils font face aux nouveaux défis environnementaux.
En effet, la principale conséquence du réchauffement climatique dans les zones agro-écologiques des montagnes et des savanes est la forte baisse du niveau des précipitations. Du fait de la forte dépendance des populations de la pluie pour la production de produits agricoles nécessaires à leur sécurité alimentaire, les Ivoiriens ont commencé à pratiquer des alternatives à la production des cultures de rente telles que le café, le cacao, le palmier à huile, l’hévéa, la banane et l’ananas dans le département du Man et le coton, le mil et le maïs dans le département de Korhogo. Les paysans dénoncent la déforestation comme principale cause de la perte de leurs anciens repères saisonniers. En effet, certaines espèces d’arbres dites « sacrées » leur permettaient de savoir à quel moment de l’année il allait pleuvoir. Il faut rappeler que la Côte d’Ivoire possède le taux de déforestation le plus élevé au monde comme résultat des défrichements pratiqués par les paysans à des fins agricoles mais aussi, à cause du développement des cultures agro-industrielles et l’exploitation du bois.
Ainsi, au-delà de la fonction sacrée de ces arbres, ces forêts jouaient un rôle primordial comme calendrier agricole. Mais aujourd’hui, les jeunes des villages remettent en cause les repères traditionnels des Anciens et proposent une forme de résilience plus moderne par rapport à la résilience cultuelle pratiquée autrefois. Par exemple, la diversification et redynamisation des cultures apparaissent comme une solution plausible avec l’introduction du manioc et du riz. Ceci et la rotation des cultures, permettent de minimiser les risques liés au climat tout en assurant un revenu conséquent aux paysans. Une autre solution, de plus en plus mise en place, est la diversification économique, c’est-à-dire, réduire la dépendance économique envers les activités vulnérables au changement climatique.
On observe finalement que la préoccupation majeure des communautés rurales ivoiriennes est le besoin de subsister et pour s’adapter aux nouveaux aléas climatiques, elles ont développé des stratégies locales sur une base empirique. Celles-ci sont souvent inspirées de connaissances traditionnelles, héritées des ancêtres, ensuite modifiées et adaptées sur la base de l’expérience climatique.
Source : Sadia Che%u0301rif, Construire la re%u0301silience au changement climatique par les connaissances locales : le cas des re%u0301gions montagneuses et des savanes de Co%u0302te d ’Ivoire, FMSH-WP-2014-83, novembre 2014.
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