L’Afrique ne représente que 5% de la consommation mondiale d’engrais et favorise l’utilisation de fertilisants minéraux comme l’azote ou le phosphate. Entre 2008 et 2015, les volumes d’utilisation ont grimpé de 130% d’après le Centre International de Développement des Engrais (IFDC). Le Béninois Gildas Zodome, originaire d’Allada, a souhaité aider à remédier au problème en fondant l’entreprise Bio Phyto Collines.
Son initiative est plus que bienvenue en Afrique, où l’utilisation des produits chimiques en agriculture est de plus en plus remise en question. En cause : leur coût élevé, la difficulté d’approvisionnement pour les zones rurales, leur faible qualité fertilisante, leur responsabilité dans la présence de facteurs endocriniens mais surtout leurs effets néfastes sur la santé des consommateurs et des agriculteurs. Ces derniers manipulent souvent ces produits sans matériel de protection et s’exposent à des problèmes de peau et des problèmes respiratoires.
Gildas est un doctorant de 33 ans à l’Université d’Abomey-Calavi de Cotonou (UAC), également ancien représentant local à Glazoué (centre-sud) de plusieurs institutions publiques d’assistance au secteur agricole, dont le Centre régional pour la promotion agricole du Bénin (Cerpa) et l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (Inrab).
Son initiative vient principalement d’une prise de conscience concernant les pathologies qui touchent les agriculteurs suite à l’usage des engrais et des fertilisants conventionnés : « Diarrhées, évanouissements, intoxication. Le phénomène est très connu », détaille-t-il.
Les nouveaux produits bio qu’il propose et sur lesquels il travaille avec ses neuf salariés sont conçus à partir d’un mélange de plantes aromatiques (eucalyptus, graines du margousier – également dénommé neem – oranger, hyptis…) et il a fallu deux ans pour arriver aux premiers échantillons.
Moins chers et plus sains, ces engrais bio représentent une bonne affaire pour les exploitants : le sac de 50 kilos coûte 10 000 francs CFA (environ 15 euros). « Les engrais chimiques sont plutôt à 17 000 francs CFA le sac au Bénin, voire 12 000 s’ils sont subventionnés », explique Gildas.
Et l’utilisation de ces produits porte ses fruits : « Sur un hectare en riziculture, nous avons mesuré une production moyenne de 4 tonnes de riz avec nos produits, contre 3 tonnes avec des intrants chimiques, et une marge économique supplémentaire de 50 000 francs CFA. » ajoute-t-il.
Le projet de Gildas est prometteur, tant pour les consommateurs que pour les agriculteurs africains et il espère pouvoir multiplier sa production par cinq d’ici trois ans.
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