changement climatique global : évaluation de l'évolution des paramètres climatiques au Togo (Afrique de l'ouest)
Résumé :
L'introduction dans tout système climatique, d'un changement au niveau des éléments de base régissant le grand complexe climatique induit d'énormes modifications dans les traits d'ensemble du climat. Partant de cette hypothèse et des techniques utilisées en statistique descriptive, des moyennes régionales des paramètres climatique ont été calculées afin de définir les comportements normaux, d'analyser ou d'évaluation leur comportement évolutif en comparaison avec certains modèles climatiques comme le Magicc-Schengen. Le découpage climatique laisse ressortir six régions. Ces régions sont obtenues à partir des températures moyennes annuelles et des hauteurs d'eau annuelles diversement enregistrées sur le territoire. Chacune des régions climatiques a une certaine particularité que régissent, dans l'ensemble, les centres d'action de la circulation atmosphérique générale ouest-africaine : les anticyclones des Açores et de Ste Hélène. Ayant la certitude selon certaines études du GIEC, qu'un effet de serre naturel maintient déjà la terre à une température supérieure à la norme, vu l'importance de l'effet des paramètres climatiques choisis sur la vie agricole, une analyse minutieuse de leur évolution annuelle et décennale a été réalisée aux fins d'une planification agricole à long terme. Ainsi, selon les résultats du calcul des indicateurs mensuels d'anomalies, nous avons aujourd'hui la conviction qu'il y a : § au niveau des températures un renforcement de la tendance en hausse des valeurs à tous les niveaux et dans toutes les régions climatiques du pays. La température moyenne globale du Togo a augmenté de ( +0,5°C ) par rapport à la norme de 1961 à 1990. Les valeurs minimales ont considérablement augmenté surtout sur le Littoral, tandis que Les maximales présentent une évolution très timide et assez nuancée. § au niveau des précipitations, une péjoration générale est observée, à des degrés divers, elle varie suivant les régions et la longueur de la série d'observation. § une légère augmentation des valeurs de l'humidité relative, davantage dans les régions septentrionales qu'au sud. § Une diminution générale des durées d'insolation par rapport à la norme. Selon nos projections pour 2025, si ces tendances se maintiennent, et qu'aucune action ne s'entreprend dans le but d'atténuer le phénomène, la hausse moyenne des températures atteindra (1°C). ce qui corroborerait les prévisions du modèle Magicc-Schengen.
CONCLUSION
L'application des méthodes de la statistique descriptive à des distributions des valeurs des caractéristiques climatiques régionales du Togo nous a permis de faire d'importantes observations. Ceci ne peut malheureusement pas nous permettre de faire des prévisions précises sur l'évolution future du climat et de ses paramètres. Seule une projection sur quelques années nous a permis d'appréhender la situation climatique de référence actuelle du Togo et certains comportements, dans un proche avenir, corollaire au renforcement des émissions du carbone (CO2) De nos différentes investigations, il ressort que le climat du Togo a subi depuis des années une évolution d'abord lente et naturelle, puis accélérée depuis quelques décennies avec le renforcement des émissions de gaz à effet de serre liés aux activités polluantes installées sur le territoire. L'inventaire des gaz à effet de serre a permis de quantifier ces émissions. Cet inventaire a été réalisé, selon les recommandations de l'IPCC (Intergovernmental Panel on Climat Change). L'année de base retenue est 1995. L'inventaire a porté sur sept ans, c'est - à - dire 3 ans avant et 3 ans après l'année de base. Un panier de sept (7) gaz a été recensé et quantifié pour 1995, il s'agit fondamentalement du gaz carbonique (CO2) 35 044 Gt, du Méthane (CH4), 58,91 Gt, l'Oxyde nitreux (N2O), 8,09 Gt, les Oxydes d'azote (NOX) 19,06 Gt, le Monoxyde de carbone (CO) 1152 Gt, les Composés Volatiles Non Méthaniques ( NMVOC) 39,53 Gt et le Dioxyde Sulfureux (SO2) 0,13 Gt. Pour mieux mettre en évidence le caractère influent des gaz à effet de serre sur les caractéristiques climatiques régionales dans le pays, nous avons fait une étude comparée de la norme de 1961 à 1990 avec la moyenne de 1991 à 1998 pour les régions maritime, littoral, et des Plateaux, puis (faute de série assez longue, à cause du jeune âge de la plupart des stations du nord du pays), une étude comparative des moyennes décennales ( 1981-1990 ) et ( 1991-1998 ) pour les régions du centre, de la Kara et des Savanes. Ces différentes études, révèlent que l'évolution des principales caractéristiques climatiques s'est faite de la manière suivante : S'agissant de la pluviosité, les cumuls annuels des précipitations ont considérablement diminué dans toutes les régions, à l'échelle des 38 années d'observation, alors que l'étude comparée des moyennes décennales pour les régions du nord, notamment les régions de la Kara et des Savanes, fait ressortir une hausse de précipitations par rapport à la moyenne de la décennie précédente ; les rythmes saisonniers sont passés d'un régime bimodal à un régime monomodal sur le Littoral et dans la région Maritime avec allongement de la saison sèche ; la région des Plateaux à régime de transition a également évolué vers un régime monomodal. Par contre, ils sont devenus très pluvieux dans les régions de la Kara, du centre et des Savanes au cours de cette décennie. Outre ces rythmes saisonniers, on observe, grâce au calcul des Indices Climatiques Normaux (ICN), une augmentation du nombre d'années sèches sur le Littoral et dans la région Maritime surtout, une disparition complète des années très humides. L'humidité relative a, dans l'ensemble, augmenté dans les régions septentrionales mais est en relative baisse sur la côte. La région climatique des Plateaux présentent une baisse de (- 0,6 %). En ce qui concerne les températures, les valeurs moyennes ont pratiquement augmenté sur toute la période d'observation et davantage au cours de la décennie 1991-1998. Le pays tout entier enregistre actuellement une augmentation des températures moyennes de l'ordre de + 0,5 °C. Aussi nos investigations ont-elles révélé que l'année 1998 a été la plus chaude de toutes les années observées. De toutes les régions climatiques, c'est le Littoral qui a connu le plus fort changement, avec une hausse moyenne de +1°C de ses températures. Cette région est d'ailleurs la plus affectée par le phénomène de pollution atmosphérique urbaine, c'est la preuve la plus convaincante de l'influence des activités anthropiques sur le climat. En réalité, les variations observées au niveau de la distribution des précipitations, des températures de l'humidité relative et de l'insolation peuvent s'expliquer par deux principaux facteurs : l'évolution naturelle du climat, liée à l'état de l'atmosphère et aux échanges que celle-ci subit dans sa dynamique, et qui régissent le comportement planétaire des paramètres climatiques ; à ceci s'associe l'activité humaine qui vient imprimer un rythme particulier à ces variations. L'effet de serre et son augmentation semblent être à la base de la hausse des données de températures moyennes. Cette hausse affecte inégalement les moyennes mensuelles des températures maximale et minimale. Toutefois, il est à remarquer que les changements de comportements remarqués dans l'évolution de la quasi-totalité des paramètres étudiés l'ont été sur une période de trente-huit années seulement ; une étude beaucoup plus étendue permettrait de mieux consolider ces constats. Il apparaît dès lors plus intéressant d'orienter d'autres études vers des points plus fins, tels, l'évolution de la distribution journalière des valeurs de températures minimale moyenne, et surtout celles de la température maximale. En considérant que des relations étroites existent entre le régime saisonnier des précipitations et le cycle végétatif, les changements de comportements des paramètres climatiques, qu'ils soient dus ou non à l'activité humaine, ont des retombées le plus souvent négatives sur la production agricole. Ainsi la baisse générale des pluies et la hausse des températures moyennes laissent entrevoir de sérieux impacts sur la vie des humains, leur santé et la production agricole au Togo. Il ne faut pas, cependant, perdre de vue les solutions à élaborer dans tous les pays. Selon les différents rapports de l'Intergovernmental Panel on Climat Change (IPCC), en utilisant les techniques qui, actuellement fournissent la plus grande quantité de services énergétiques pour un apport d'énergie donné, il serait techniquement possible dans de nombreux pays d'aboutir à des gains d'efficacité de 50 à 60 % au cours d'une même période. La concrétisation de ces possibilités dépendra de la réduction des coûts, du rythme de développement, et de la mise en œuvre des nouvelles techniques propres.
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