IFOAM - International Federation of Organic Agriculture Movements
La troisième conférence sur la révolution verte en Afrique se tiendra du 28 au
29 août 2008 à Oslo, en Norvège. Les représentants de haut niveau des banques
et de l'industrie, dont la plupart sont engagés dans les semences et les
engrais chimiques, se réunissent pour discuter des mesures pour une Révolution
verte en Afrique. Tout en exprimant sa satisfaction de l'attention pour la
situation de l'agriculture en Afrique, IFOAM exprime sa profonde préoccupation
quant à l'orientation des négociations à Oslo : retour vers le passé au lieu
de se tourner vers le futur, en négligeant les
récents résultats scientifiques et de société.
Moses Kiggundu Muwanga, membre du Conseil mondial d'IFOAM et coordinateur du Mouvement national d'agriculture biologique d'Ouganda (NOGAMU), souligne que : " La crise alimentaire mondiale a des liens avec d'autres crises anthropiques et nous devons chercher des solutions qui répondent à ces crises de manière systématique. Mettre l'accent sur les engrais chimiques n'a pas de sens : ils émettent des gaz à effet de serre, aussi bien du fait de leur processus de production que de leur composition, principalement constituée d'oxyde nitreux. Ils contribuent ainsi aux changements climatiques. Avec l'augmentation des prix de l'énergie, le coût des engrais synthétiques augmentera encore plus et ceux-ci seront inaccessibles pour la plupart des agriculteurs de subsistance. "
De récents rapports et études internationaux supportent l'agriculture biologique comme une solution à la crise alimentaire en Afrique.
La séance de clôture intergouvernementale de l'Evaluation internationale des sciences et technologies au service du développement (IAASTD)[1] s'est tenue cette année, du 7 au 14 avril à Johannesburg (Afrique du Sud). Créée en 2002 par la Banque mondiale et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, l'IAASTD a débuté ses travaux en 2004 avec l'objectif d'améliorer la vie, la santé et la prospérité de milliers de paysans pauvres. Le principal message du rapport de synthèse de l'IAASTD est l'urgente nécessité de s'éloigner de l'agriculture industrielle qui est destructive et dépendante des intrants chimiques et d'adopter des méthodes agro-écologiques modernes pour la durabilité environnementale et des communautés locales. Encore plus de denrées alimentaires de meilleure qualité peuvent être produites sans détruire les conditions de vie rurales et les ressources naturelles. Les méthodes locales socialement et écologiquement adéquates sont la solution. L'IAASTD a également conclu que les techniques telles que le génie génétique ne sont pas des solutions à la flambée des prix des aliments, à la faim et à la pauvreté. Le rapport recommande finalement un nouveau paradigme pour l'agriculture axé sur le rôle des agriculteurs et particulièrement sur les paysans pauvres.
Dans le document de recherche sur l'agriculture biologique et l'offre globale de denrées alimentaire " Organic Agriculture and Global Food Supply "[2] publié en 2007, Barley et al. de l'université du Michigan ont examiné la productivité de l'agriculture biologique par le biais d'un modèle comparant les rendements des fermes biologiques et celui des fermes conventionnelles ou de production alimentaire de faible intensité. Les résultats de l'étude ont montré que l'agriculture biologique a le potentiel de produire assez de denrées alimentaires et de nourrir la population mondiale sans augmenter la surface agricole actuellement cultivée. Les rendements de l'agriculture biologique sont plus élevés que ceux des systèmes conventionnels dans les pays tropicaux comme ceux d'Afrique. En plus, la fixation d'azote par les légumineuses peut remplacer la quantité d'azote synthétique actuellement utilisée. Ces résultats montrent que l'agriculture biologique pourrait contribuer durablement à l'offre alimentaire globale tout en réduisant les effets négatifs préjudiciables de l'agriculture conventionnelle.
La Conférence de la FAO sur l'agriculture biologique et la sécurité alimentaire tenue au mois de mai 2007[3] avait pour objectif d'identifier le potentiel et les limites de l'agriculture biologique par rapport au défi de la sécurité alimentaire. En conclusion, l'agriculture biologique a été présentée comme une forme d'agriculture moderne car elle combine les pratiques traditionnelles et scientifiques. Elle a le potentiel de contribuer durablement à la sécurité alimentaire par la réduction drastique des coûts des intrants, une meilleure consommation d'éléments nutritifs par les ménages, la contribution à des situations d'urgence alimentaire de courte durée et à l'équilibre alimentaire. Elle joue aussi le rôle d'un employeur national en générant des emplois dans les zones rurales, et maximise les services environnementaux globaux tout en étant mise au défi de contribuer à atténuer les changements climatiques.
Le projet de Tigray[4] au nord de l'Ethiopie a réussi à inverser les développements agricoles négatifs dans une région autrefois gravement touchée par des problèmes tels que l'érosion des sols et la faim. Au sein de ce projet, des agriculteurs de subsistance pauvres, des chercheurs, des conseillers locaux, des experts agricoles et l'Institut pour le développement durable ont conçu ensemble un système cultural. Ce système est fondé sur les intrants locaux, la diversité biologique, et autres services environnementaux. Le projet a produit une série de résultats positifs tels que l'augmentation des rendements agricoles, l'augmentation des niveaux de la nappe phréatique, l'amélioration de la fertilité des sols, la diminution de la sensibilité à la sécheresse, l'augmentation des revenus et de meilleures conditions de vie.
Angela Caudle de Freitas, Directrice d'IFOAM, souligne que : " Ce n'est pas le moment de chercher des solutions à court terme à travers l'agriculture chimique. Il n'en a jamais été question et le monde aujourd'hui plus que jamais doit investir dans des solutions solides et durables qui bénéficient aux hommes et à l'environnement. "
[4] http://www.ifoam.org/about_
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