Par Stephen Kaufman
Rédacteur
Washington - De retour dans son Éthiopie natale après un long séjour à l'étranger, M. Gashaw Tahir contemple, atterré, le niveau de dégradation des sols et l'effet du déboisement sur le climat et sur la vie quotidienne des membres de sa collectivité, qui tirent leur subsistance surtout de l'agriculture.
" Autrefois, on ne pouvait pas voir le ciel " tant la forêt était dense, dit-il à America.gov, mais maintenant le paysage est devenu rocheux. Quand il était enfant, une douzaine de rivières coulaient aux alentours de sa ville natale. " Il en reste peut-être une ou deux aujourd'hui. C'est épouvantable. " En outre, la faune se fait rare, les températures moyennes ont nettement augmenté, et cela contribue à des poussées de paludisme. " De nos jours, cette maladie cause plus de décès que le sida. "
La solution est de reboiser la montagne. Mais M. Tahir a décidé que son projet de réhabilitation écologique devait aussi profiter à sa collectivité accablée de difficultés économiques et permettre aux jeunes de découvrir leur potentiel et d'en tirer parti. En recrutant des jeunes des communautés tant musulmane que chrétienne pour planter les pousses d'arbres, M. Tahir voulait aussi promouvoir la coexistence des religions tout en donnant aux jeunes la possibilité de gagner de l'argent pour acheter des vêtements et des manuels scolaires.
M. Tahir a demandé d'abord au conseil municipal de lui céder un hectare de terrain ; puis il a embauché 450 enfants pour une période de deux à cinq mois au cours de laquelle ils ont collecté de l'engrais pour le mélanger au sol épuisé avant d'y planter les jeunes pousses qu'il avait fait démarrer à temps pour la saison des pluies d'été.
Le projet, connu sous le nom de Greenland Development Foundation, s'est développé à vive allure tandis que M. Tahir ajoutait des terres et employait toujours plus de jeunes travailleurs. À ce jour, M. Tahir et ses équipes ont planté plus d'un million d'arbres et la couverture médiatique dont ils ont fait l'objet a inspiré le lancement de plusieurs projets semblables dans d'autres régions de l'Éthiopie.
Le gouvernement éthiopien a reconnu M. Tahir comme un " héros vert national ", mais celui-ci affirme que son rôle le plus important consiste simplement à " servir de modèle ". M. Tahir prévoit d'élargir encore ce projet maintenant que près de 4.500 nouveaux hectares lui ont été octroyés. Il a l'intention d'embaucher jusqu'à un millier de jeunes pour planter des arbres fruitiers, tels des orangers, des papayers et des manguiers.
Outre le fait que ces arbres fruitiers serviront à contrer l'érosion du sol, ils fourniront de la nourriture et des revenus supplémentaires à la population. Dans un pays qui continue à faire face à l'insécurité alimentaire, dit M. Tahir, ces arbres seront plus durables parce que la population sera réticente à les couper pour vendre leur bois afin d'acheter à manger.
" Ma devise est que je veux que l'Afrique soit verte de nouveau, non seulement en plantant des arbres, mais aussi des arbres fruitiers qui seront durables et qui amélioreront la vie des gens ", explique M. Tahir. " Les gens en prendront soin parce qu'ils leur rapporteront de l'argent, et cela sera bénéfique à l'environnement. Les arbres serviront deux objectifs. "
M. Tahir a aussi établi un centre de recherche agricole où les jeunes et leurs parents peuvent apprendre les techniques modernes et les meilleures pratiques. D'après M. Tahir, environ 80 % des membres de sa collectivité travaillent dans les champs. Mais un grand nombre d'entre eux ne produisent même pas assez pour se nourrir.
Le centre de recherche fournit des semences hybrides et enseigne des techniques modernes pour les cultures traditionnelles, tel le sésame, ainsi que pour des cultures nouvelles, comme le coton et le maïs. " Maintenant, ils peuvent faire ce qui leur convient le mieux ", dit M. Tahir. " Ils n'ont plus à se demander quelle culture donnera le meilleur rendement ou quand planter leurs champs. " Quelque 800 jeunes tirent profit du centre de recherche, de même que plusieurs centaines de leurs parents.
M. Tahir souligne que depuis son retour en Éthiopie et le lancement de la Greenland Development Foundation en 2006, il a déjà constaté des changements positifs au plan de l'environnement, tel un renouveau des pâturages et des zones d'ombrage, de même qu'une baisse des températures moyennes.
Les Éthiopiens sont aujourd'hui conscients des enjeux écologiques, qui ont des conséquences sur leur économie et sur la qualité de leur vie. La prochaine étape pour eux est d'avoir la volonté d'agir, affirme M. Tahir, et il est heureux de pouvoir leur donner l'exemple. " Ces jeunes gens, quand je leur donne du travail, quand je leur donne de l'espoir, quand ils gagnent de l'argent, ils ont la possibilité d'être autonomes. Et cela, ils le comprennent bien. "
Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
Site Internet : http://www.america.gov/fr/
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