Le numéro 84 de la lettre NAPA entame notre série sur la gouvernance des aires protégées en Afrique : tout d’abord, une revue du contexte général de cette gouvernance, avant d’aborder dans les prochaines lettres, les gouvernances privée, étatique et communautaire. Elle parle du groupe des Jeunes de la Commission Mondiale sur les Aires Protégées et propose diverses lectures recommandées, offres d’emploi…
Le numéro 84 de la lettre NAPA
Edito :
Geoffroy MAUVAIS Coordinateur du Papaco
Les arbres nous menacent-ils?
Ainsi posée, la question peut paraître saugrenue. Car évidemment, à part quelques espèces envahissantes – et il y en a, même chez les arbres ! - on voit mal comment une telle chose pourrait arriver. Les arbres autour de nous sont de véritables écosystèmes riches d’une biodiversité
fascinante, de champignons, d’insectes, d’oiseaux…et ils sont beaux, tout simplement beaux.
Encore une fois, ce n’est pas la nature qu’il faut blâmer, mais ce qu’on en fait. Car si les arbres ont de multiples fonctions essentielles pour l’homme, ils sont aussi pourvoyeur du papier. Et le papier est une arme de destruction massive de la conservation. Pas toujours me direz-vous : lorsqu’il sert à diffuser les savoirs sur la nature et comment mieux la protéger, soit. Mais lorsqu’il devient le support d’une bureaucratie autant inflationniste qu’inutile, que dire d’autre ?
Alors que tout va plus vite aujourd’hui grâce à la technologie, le temps qu’on passe dans la « paperasserie » ne cesse de croître. A l’intérieur de nos grosses ONGs, les conservationnistes ont été progressivement remplacés par des administratifs. Et l’administration a cette formidable qualité qu’elle génère elle-même toujours plus d’administration. C’est un cercle vicieux qui conduit à avoir toujours plus de secrétaires, de comptables, de juristes, d’auditeurs…qui demandent toujours plus de papiers à remplir, à valider, à faire signer. Oh, bien sûr il en faut, bien sûr ils ont un grand rôle à jouer, mais est-ce cela notre fonction primaire.
Est-il normal qu’à la fin, la majeure partie de notre temps consiste à produire des papiers, d’ailleurs de pure forme puisque le fonds n’intéresse pas les lecteurs potentiels. Qu’il faille, du matin au soir, courir après d’hypothétiques signataires qui doivent eux-mêmes obtenir des autorisations avant toute décision.
Cela conduit à une inflation de personnels, donc de coûts qu’il faut couvrir par toujours plus de revenus qui génèrent eux-mêmes toujours plus d’administration. Petit à petit, on voit partir ceux et celles dont la fibre est la conservation, parce qu’ils n’en font plus et parce qu’ils se retrouvent submergés, dans un monde qui n’est plus celui auquel ils pensaient appartenir. Parce que le milieu leur devient hostile et le jargon utilisé incompréhensible...
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