Évoquée au cours de la dernière édition du Forum économique mondiale africain organisée du 3 au 5 juin 2015 au Cap en Afrique du Sud, l'agriculture africaine fait preuve aujourd'hui d'un dynamisme prometteur et pourrait à terme permettre de garantir la sécurité alimentaire du continent. Un défi qui nécessitera néanmoins un regain d'intérêt des investisseurs privés pour la filière agricole longtemps exclue des politiques de financement publique et victime de la frilosité des investisseurs face aux incertitudes politiques qui minent le continent africain.
Si le développement de la production agricole est essentiel pour combattre la faim en Afrique, il est également un choix stratégique des plus avisés sur le plan économique. C'est en tous cas le message qu'a voulu faire passer Ibrahim Assane Mayaki, administrateur général de l'Agence de planification et de coordination du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) lors du dernier Forum économique mondiale.
L'agriculture est désormais le principal secteur économique dans de nombreux pays africains (y compris les pays producteurs de pétrole) et le volume des récoltes est bien souvent le moteur principal de la croissance économique. Un dynamisme qui pourrait surprendre au regard des faibles soutiens gouvernementaux qu'a reçu la filière ces dernières décennies mais qui se doit désormais d'être encouragé. Le Nepad a pour cela annoncé la création de plates-formes d’investissements pour soutenir les projets d’infrastructures et d’agriculture dans le cadre de son programme de développement Grow Africa.
Comme l'a déclaré Ibrahim Assane Mayaki, "l'Afrique a le potentiel pour devenir un important producteur et pour assurer sa sécurité alimentaire. Une augmentation des investissements, de meilleures politiques agricoles et des aides aux cultivateurs africains peuvent mener le continent vers une révolution agricole".
Une révolution qui restera toutefois inenvisageable sans une augmentation significative des investissements privés encore bien trop timorés. En effet, dans le secteur agricole comme dans tous les secteurs de l'économie, l'Afrique souffre d'un déficit de confiance criant de la part des investisseurs privés et étrangers. Une défiance qui entrave jusqu'à présent le bon développement économique du continent et contre laquelle plusieurs opérations de séduction ont été mises en place ces derniers années. Outre le projet Grow Africa et le Nepad, on peut citer ici le New York Forum Africa organisé par Ali Bongo et Richard Attias ou le Forum de l'AGOA ("African Growth and Opportunity Act").
Ces deux initiatives se dérouleront en parallèle au mois d'août prochain à Libreville au Gabon et aborderont les enjeux politiques et économiques du développement africain, d'une croissance harmonieuse des pays africains et de la nécessité de développer les partenariats commerciaux et d'attirer les investissements dans l'agriculture comme dans tous les autres secteurs clés de l'économie (éducation, santé, nouvelles technologies, transport, etc.)
Ces événements sont indispensables "pour rassurer et connecter les acteurs économiques africains et leurs partenaires, pour montrer que les retours sur investissements sont désormais excellents et que les cadres de régulation se sont améliorés de manière significative", a conclu Ibrahim Assane Mayaki.
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