Le numéro 90 de la lettre NAPA nous parle du MOOC sur la gestion des aires protégées qui commence à la fin de ce mois d’octobre (pour vous inscrire : https://www.coursera.org/course/apafrique). Elle présente le tout nouveau site Papaco.org et nous livre aussi les résultats d’une étude conduite sur le regroupement des services des fonds fiduciaires pour la conservation, pour en améliorer l’efficacité. Et bien sûr, quelques nouvelles du terrain…
Le numéro 90 de la lettre NAPA
Edito : Geoffroy MAUVAIS Coordinateur du Papaco
Vous avez dit MOOC ?
La première fois que j’ai entendu parler d’un Mooc, j’ai cru qu’on tentait de me vendre un de ces machins qui cuisent tout à la vapeur, s’assurant ainsi que la fadeur – et accessoirement les vitamines – de ce qu’on y place, est conservée.
Ça ne collait guère avec le sujet de notre conversation sur la formation en Afrique mais après tout, pourquoi pas ? Ayant finalement compris que ce n’était pas un Wok qui était l’objet de nos échanges, j’ai tendu une oreille plus attentive. Un Mooc, c’est un cours ouvert au plus grand nombre, gratuit et en ligne (Massive Open Online Course).
Une nouvelle façon de transmettre le savoir m’a-t-on dit. Et effectivement, j’ai regardé sur internet de quoi il retourne. A ma grande surprise, le mouvement Mooc que je croyais tout neuf a déjà presque 10 ans et s’est surtout développé aux USA où désormais plusieurs centaines de Mooc sont proposés, y compris ou plutôt en particulier par les plus grande universités. Ils parlent de tout (donc certainement aussi de rien), de l’histoire romantique mais brève des électrons qui se rencontrent dans une ampoule à la façon délicate de cuire un crabe sans qu’il n’en rougisse. Ils parlent aussi de nature, de conservation et certains sont probablement déjà des références. Essentiellement en anglais bien sûr.
Leur objectif finalement, c’est de permettre à tout un chacun d’avoir accès à une formation (et pas simplement à de l’information) qui répond à ses attentes, même lorsque celles-ci semblent démesurées compte tenu du prix des universités et de la rareté des places. L’Afrique, continent bientôt le plus peuplé et qui verra encore sa population doubler d’ici 2050 (voir NAPA 89), peut se résumer à un chiffre simple : le taux d’accès à l’enseignement supérieur y est de 7% aujourd’hui (en comparaison, par exemple, à 76% en Europe). S’il n’y avait d’autres urgences tout aussi dramatiques, on pourrait qualifier cela d’honteux.
Car c’est regarder peu loin que de penser que le continent se hissera au niveau qu’il mérite simplement en augmentant le nombre, mais pas les qualifications de ses habitants. Il semble pourtant bien que beaucoup de « décideurs » réfléchissent ainsi, qui investissent plus dans leur armée que dans leurs écoles, dans leurs propriétés que dans leurs enseignants. Enfin bref, le besoin est énorme et Dieu sait que le Papaco cherche depuis longtemps à y répondre, au travers des Master et Diplômes d’Université que nous avons mis en place avec l’U-Senghor. Mais force est de reconnaître que ce n’est pas en formant quelques dizaines d’étudiants tous les ans que nous changerons la donne. C’est un début, c’est nécessaire… mais cela ne suffira pas ! Alors oui, le Mooc est une opportunité formidable de changer d’échelle. Et oui, nous nous y sommes lancés comme d’habitude, sans trop réfléchir mais avec enthousiasme ! Poussés ou tirés comme toujours par les énergies des uns et des autres, avec cette fois-ci en plus, tout le savoir-faire de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne. Le résultat sera en ligne à la fin de ce mois (début des « cours » le 26 octobre). Sera-t-il à la hauteur ? Nous verrons bien. Mais j’ai envie de dire que là n’est pas vraiment le problème.
Ce qui compte, c’est que nous contribuions à faire tomber la barrière qui sépare nos gestionnaires, les ONGs, tous les acteurs de la conservation des aires protégées des connaissances dont ils ont besoin, dont ils ont envie, dont ils ont faim. Si ce premier Mooc n’est pas assez bon, et bien on l’améliorera. S’il ne répond pas à tous les espoirs (ce qui arrivera assurément), nous en ferons d’autres. Et d’autres en feront ! Le 26 octobre, ça démarre et je doute que ça s’arrête de sitôt !
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