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La participation des femmes et des filles à la science est cruciale pour le développement de l'Afrique



  • La Journée internationale des femmes et des filles de science, le 11 février, offre l'occasion de jeter un regard sur la conjonction de deux domaines importants - la problématique homme-femme et la science - et leurs incidences sur le développement économique et la qualité de vie. Le domaine scientifique et l'égalité des sexes jouent chacun un rôle crucial pour la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), qui se situent dans l'axe de la Stratégie décennale de développement de la BAD et de ses cinq priorités pour le développement, les « Cinq grandes priorités ».

    Les besoins du continent, notamment le développement de ses infrastructures, son industrialisation, la modernisation de son agriculture, l’essor de son secteur privé et l’amélioration de ses systèmes de gouvernement et de redevabilité, ont pour dénominateur commun la nécessité de disposer de personnes en mesure d’acquérir des compétences scientifiques et technologiques. Aucune amélioration ne peut être envisagée dans la qualité de vie des Africains sans que l’on ne consente des investissements en matière de compétences professionnelles, de matières scientifiques, de technologies et d’innovation.

    Même si les contextes nationaux peuvent varier, on constate généralement que les investissements engagés par des pays dans la recherche scientifique, le développement technologique et l’innovation leur ont apporté des gains indéniables en terme de développement économique. De la même manière, ces pays ont profité de l’inclusion de la dimension du genre, par laquelle des femmes sont équipées, au même titre que les hommes, en connaissances et en moyens d’accès à la science et la technologie dans tous les domaines, ce qui leur permet de résoudre les problèmes auxquels elles sont confrontées dans leur vie de tous les jours.

    Mais aujourd’hui encore, des femmes et des filles se heurtent, dans différentes parties de l’Afrique, à des obstacles supplémentaires rien que pour bénéficier d’une éducation de base. La répartition traditionnelle des rôles selon le sexe se manifeste également dans le monde universitaire, où seule une minorité de femmes s’engage dans des disciplines scientifiques et technologiques. Les préjudices liés au genre ne freinent pas seulement la progression des femmes et des filles : ils exercent les mêmes effets sur nos sociétés.

    Bien que les femmes aient vu leur place s’affirmer davantage dans l’enseignement supérieur et la recherche au niveau mondial, il reste que seul le tiers des chercheurs du monde sont des femmes. En Afrique, le pourcentage est de 34 %, mais ce chiffre cache les grandes disparités qui existent sur le continent. Au Cap-Vert, 52 % des chercheurs sont des femmes, 47 % le sont en Tunisie, et 40 % en Afrique du Sud et en Ouganda. La Guinée se situe à l’autre extrémité avec seulement 6 % de femmes parmi les chercheurs. Ce pays est suivi de l’Éthiopie, où le taux est de 7,6 %, puis par le Mali avec 10,6 %, et la Côte d’Ivoire avec 16,5 %. 

    Au-delà des inégalités de genre qui perdurent dans le monde universitaire et de la recherche, on constate une ségrégation prononcée au niveau des disciplines, car l’ingénierie et la recherche technologique et industrielle sont entièrement dominées par des hommes. Ces inégalités ne sont pas sans affecter les prises de décision dans le monde universitaire et scientifique, étant donné que peu de femmes occupent les positions de responsabilité leur permettant de façonner les priorités et les programmes de nature scientifique. 

    Pourquoi devrions-nous promouvoir l’égalité des sexes face à la science, aux études universitaires et à la technologie ?

    • Sous la perspective du capital humain et de l’optimisation des systèmes de recherche, il convient de recruter les meilleurs talents et les meilleurs cerveaux pour la science et la technologie, en faisant abstraction du genre, car « égalité signifie qualité ».
    • Sous la perspective du développement social et économique, investir dans l’éducation et la formation de femmes apporte des bénéfices à la société qu’il importe de ne pas gaspiller, car les inégalités de genre reviennent à un problème économique national.
    • Sous la perspective épistémologique, plus une communauté scientifique est diversifiée, plus ses résultats de recherche et les questions étudiées seront variés, car l’égalité produit une science et une technologie améliorées.
    • Sous la perspective des droits humains, chaque individu doit avoir le droit de réaliser son potentiel, quel que soit son sexe, car l’inégalité et la discrimination constituent une violation des droits humains.

    La BAD collabore avec ses pays membres pour promouvoir la science et de la technologie ainsi que pour assurer l’avancement et l’habilitation des femmes dans ces domaines. Pour atteindre cet objectif, elle a lancé un certain nombre d’opérations et d’initiatives, dont les suivantes :

    • Dialogue sur les politiques à adopter : Le Forum ministériel africain sur la science, la technologie et l’innovation (Kenya 2012, Maroc 2014). La Banque et ses partenaires ont animé deux conférences ministérielles de haut niveau sur la science, la technologie et l’innovation où il été question de l’importance de la participation des femmes. Signées par plus de 30 ministres africains des Sciences et de la Technologie, les Déclarations ministérielles de Nairobi et de Rabat témoignent de l’engagement des gouvernements africains à faire progresser la science, la technologie et l’innovation sur le continent.
    • Projets et opérations : La BAD gère un portefeuille actif de projets dans les domaines des sciences, de la technologie et de l’innovation dans plus de 20 pays. Ils mettent l’accent sur le développement du capital humain dans les disciplines scientifiques et technologiques de l’enseignement supérieur. Tous ces projets comportent une composante liée au genre. En voici des exemples :
    • Un projet de 112,24 millions de dollars US au Ghana, désigné Projet de développement de compétences pour l’industrie, dont la mise en œuvre se déroule de 2013 à 2018. Il a pour but d’appuyer le renforcement des compétences techniques et professionnelles de niveau moyen dont l’économie ghanéenne a besoin. Ses objectifs spécifiques sont : (i) étendre l’accès égal aux institutions publiques en ciblant des femmes et des filles ainsi que des pauvres vivant en milieu rural, et (ii) améliorer la pertinence, l’équité et la qualité des prestations des établissements d’enseignement et de formation techniques et professionnels (EFTP). Le projet prévoit la distribution de bourses d’accès à l’EFTP à des élèves nécessiteux et désavantagés émanant des secteurs formels et informels, privilégiant plus particulièrement les élèves du sexe féminin. Ce système de bourses viendra en aide à 1 550 élèves des établissements techniques et polytechniques, ainsi qu’à 2 500 apprentis. L’on s’attend que la formule de sélection des boursiers, dont 60 % sont des femmes, et la mise en œuvre d’un programme visant à proposer des modèles de rôles aux élèves par des actions de mentorat prévus dans le projet, auront dans la durée l’effet d’accroître l’embauche de femmes dans des métiers à prédominance masculine.

    Le Projet d’appui à l’enseignement supérieur dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (PAES – UEMOA). Ce projet est aménagé de manière à ce qu’au moins 33 % des bénéficiaires des formations et des bourses de recherche mises en place soient des femmes. Jusqu’ici, 37 % des bénéficiaires de ces bourses d’études, qui sont de caractère concurrentiel et visent l’excellence, ont été des femmes, mais seuls 10 % des bénéficiaires des bourses de recherche sont de sexe féminin. Cela rappelle la nécessité d’encourager les pays membres à donner aux femmes de meilleures possibilités d’accès aux domaines scientifiques et technologiques.

    En octobre 2015, la Banque a accueilli, à son siège à Abidjan, un « Week-end de l’innovation » dans le but d’explorer les solutions technologiques d’origine ouest-africaine capables d’améliorer les vies de femmes et de jeunes de cette région. Cette rencontre de trois jours s’est concentrée sur deux grands thèmes d’intérêt pour l’innovation technologique en Afrique de l’Ouest : l’inclusion financière et le développement de compétences pour les femmes et les jeunes afin de répondre aux besoins de la région et y créer des emplois.

    « Nous avons besoin d’idées fortes pour générer des gains de grande ampleur, et cela signifie prendre de gros risques », a déclaré le président de la BAD, Akinwumi Adesina, dans son message aux participants. « Toutefois, si elles ne sont pas soutenues financièrement, les idées finissent par mourir. À la Banque africaine de développement, nous entendons explorer les moyens de créer des fonds d’accélération pour incuber ces idées », a-t-il déclaré.

    De concert avec des partenaires, la Banque est également engagée dans le projet « À la recherche de Martha », une initiative de l’UNESCO visant à habiliter de jeunes femmes entrepreneurs à former des jeunes filles sur le continent, pour permettre à celles-ci de développer, de vendre et de promouvoir à grande échelle des applications mobiles d’intérêt pour les ODD, et de créer par-là des opportunités d’emploi.

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