Selon un rapport commun de l'Organisation des Nations unies et du gouvernement kényan publié à l'occasion de la Journée internationale des forêts l'amélioration du secteur forestier au Kenya pourrait réduire les émissions de 27 % par rapport à l'année 2010, permettant ainsi à l'Afrique de l'Est d'honorer les engagements pris dans le cadre de l'Accord de Paris. Cela générerait également des avantages économiques de 188 millions de dollars par an.
Les conclusions du rapport Améliorer l'efficacité dans les opérations forestière et la transformation des produits forestiers : des mesures et des politiques REDD viables ? montrent qu'investir dans des mesures améliorant l'efficacité des activités de transformation et d'exploitation des produits forestiers pourrait contribuer à réduire la déforestation et la dégradation de la forêt ainsi que l'équivalent de 20 millions de tonnes de dioxyde de carbone (tCO2e) par an. Les émissions de carbone du Kenya étaient de 73 tCO2e en 2010 dont la majorité était issue de l'utilisation des terres, l'agriculture et la foresterie.
Les investissements suggérés dans le rapport, rédigé par le Programme des Nations unies pour l'environnement, le Programme de collaboration des Nations Unies sur la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts (programme ONU-REDD) dans les pays en développement, le Ministère de l'environnement kényan, Les autorités nationales chargées des ressources naturelles et le Service kényan des forêts (Kenya Forest Service), représentent une valeur de 39 millions de dollars par, c'est-à-dire moins de 25 % des retours potentiels sur investissements.
Le rapport identifie trois opportunités susceptibles de générer des bénéfices socio-économiques majeurs tout en respectant les objectifs de REDD , à savoir une approche REDD augmentée qui inclurait le rôle de la conservation, de la gestion durable des forêts et l'amélioration des stocks de carbone forestiers. Ces investissements amélioreraient l'efficacité de la production de charbon et la consommation de bois de chauffage à l'échelle domestique et industrielle.
Le rapport précise que la viabilité de ces mesures justifie leur incorporation dans la stratégie nationale REDD du Kenya. Etant donné les bénéfices escomptés sur le plan économique, le Kenya pourrait examiner les incitations financières et réglementaires nécessaires au renforcement des investissements publics et privés dans le secteur forestier.
« Le Kenya a démontré depuis de nombreuses années son engagement à inclure REDD , un instrument important pour assurer la protection de notre couverture forestière menacée, dans le cadre de ses politiques nationales et de sa stratégie de développement nationale » affirme Judi Wakhungu, secrétaire du Cabinet pour l'environnement, les ressources naturelles et les autorités régionales de développement.
« Nous examinons les meilleures façons d'aborder la question des facteurs directs et indirects du déboisement et ce rapport sur l'efficacité du secteur forestier arrive à un moment très opportun. Alors que nous nous attendions à ce qu'une plus grande efficacité dans les secteurs de la production de charbon et de bois de chauffage soit la mesure la plus attrayante, le rapport présente des données empiriques précieuses sur les avantages carbonés ou non que ces gains d'efficacité sont susceptibles d'entraîner. Nous disposons désormais d'arguments de poids pour insuffler un élan politique pour l'élaboration de politiques nouvelles et innovantes. »
Achim Steiner, le directeur exécutif du PNUE affirme : « le Kenya s'est engagé a remplir son rôle dans le cadre de l'Accord de Paris en introduisant plus de technologies propres, en réduisant sa dépendance au bois comme combustible, en augmentant la couverture forestière et en améliorant l'efficacité des ressources et de l'énergie dans tous les secteurs. Les recommandations issues de ce rapport démontrent clairement la manière dont le secteur forestier représente une aide considérable en vue de respecter les engagements pris. En plus d'améliorer l'environnement au Kenya, les avantages économiques de l'efficacité accrue dans le secteur forestier représentent également un retour sur investissement considérable. »
En ce qui concerne les mesures capables d'apporter des avantages REDD , le rapport met en évidence les possibilités et les bénéfices suivants :
Production de charbon : Les mesures proposées s'étendent de la formation de 100.000 producteurs de charbon de bois à l'introduction de fours plus efficaces. L'amélioration des technologies peut réduire de 10 kg à 3 kg la quantité de bois nécessaire à la production d'un kilo de charbon de bois. Ces mesures pourraient entraîner une réduction d'émissions de 16,5 millions de tCO2e par an ainsi que 30 millions de dollars de bénéfices suite à la réduction de la perte des forêts.
Utilisation du charbon et du bois de chauffage pour la cuisson des aliments : les mesures proposées visent l'adoption de 5 millions de fourneau de cuisine plus efficaces afin de remplacer les cuisinières inefficaces et réduire la demande en bois de chauffage. Cela pourrait entraîner une réduction d'émission de 2,4 millions de tCO2e par an. Les avantages économiques de la réduction des facteurs de perte de forêts est quant à elle estimées à 3,5 millions de dollars par an. En découlerait également des avantages financiers additionnels mais non mesurés comme la réduction de la pollution intérieure et l'amélioration de la santé, en particulier pour les femmes et les enfants.
Augmentation de l'efficacité dans l'utilisation du bois dans les procédés industriels: des mesures simples peuvent générer des réductions d'émissions de 2,0 millions de tCO2e par an. La valeur économique totale qui pourrait être économisée suite à la réduction des facteurs de perte de forêts est estimée à environ 1,9 million dollars par an.
Le rapport, tout en étant spécifique au Kenya, présente des conclusions applicables aux pays d'Afrique Centrale disposant de large couverture forestière qui pourraient bénéficier de méthodes similaires dans la lutte contre le changement climatique et le renforcement de leurs économies.
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