Le numéro 99 de la lettre NAPA nous présente le programme du Papaco au prochain Congrès Mondial de la Conservation. Elle parle aussi d'équité dans la gestion et la gouvernance des AP et de conservation des rhinocéros.
Le numéro 99 de la lettre NAPA
Edito : Geoffroy MAUVAIS Coordinateur du Papaco
Une mauvaise réponse à un vrai problème ?
On a vu le mois dernier (NAPA 98) que parfois, et le plus souvent pour de mauvaises raisons, on ne peut éviter l’extinction d’une espèce dans la nature. Dans ce cas, sa protection en dehors de son milieu d’origine devient la seule alternative. Le cas de l’Addax, qui suit celui de l’Oryx algazelle, il y a vingt ans, et certainement précède celui de la gazelle Dama, est malheureusement affligeant mais montre que la conservation ex-situ a effectivement un rôle à jouer. Il n’y a pas de doute là-dessus et nul besoin de débat.
Mais la conservation ex-situ ne devrait être perçue que comme la dernière option dans notre lutte quotidienne pour sauvegarder la biodiversité, c’est- à-dire la diversité des espèces dans leur milieu d’origine. Ce n’est pourtant pas toujours le cas, et son utilisation à d’autres fins peut engendrer beaucoup d’incompréhensions, sinon des résultats inverses. Il existe actuellement un projet de transférer en Australie une population de Rhinocéros (blancs) pour créer là-bas un noyau qui pourrait servir à préserver l’espèce sur le long-terme. Quatre-vingt individus sont visés, pour un coût estimé à plus de 3 millions de dollars. L’idée est séduisante et la liste des raisons, valables, d’approuver la démarche ne tiendrait sans doute pas dans cette NAPA.
Cela n’en fait pas une bonne idée pour autant, à mon avis. Tout d’abord, la situation du Rhinocéros, pour préoccupante soit-elle, n’est pas critique au point d’exiger une telle opération. Depuis 2008 et la reprise du braconnage des rhinos pour leur corne, beaucoup de mesures ont été prises. Avec environ 20,000 rhinos blancs et 5,000 noirs, les deux espèces ont certes encore du chemin à faire pour retrouver des effectifs décents, mais la population globale de rhinos blancs est stable actuellement et celle de rhinos noirs augmente doucement. On est loin des quelques centaines de rhinos blancs survivant, il y a seulement cinquante ans, en un seul parc d’Afrique du Sud. Ce qui montre que le travail a porté ses fruits et qu’il continuera à le faire si on garde le cap et qu’on maintient la pression.
Ensuite, la création de populations en dehors de l’Afrique du Sud est déjà réalisée, y compris dans des pays comme le Kenya où le Rhinocéros blanc n’existait pourtant pas. Il n’y a donc plus de risque d’extinction globale du fait d’un drame local. Egalement, les efforts de tous, quels que soient les créneaux suivis, vont réussir. Il le faut. Sans occulter l’extraordinaire travail des protecteurs quotidiens des rhinos sur le terrain, le plus gros impact sera obtenu par un changement radical des habitudes des « consommateurs » asiatiques. N’a- t-on pas réussi à se libérer de la chasse aux phoques pour leur fourrure ? Il faut continuer, continuer et continuer les campagnes d’information et, les générations passant, la consommation grotesque de cette kératine sanglante finira par appartenir au passé...
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