La campagne de financement participatif de la méta-startup de financement collaboratif "African Social Green Crowdfund" est sur le starting block, pendant que se poursuivent des actions d'information, de sensibilisation et de mobilisation des soutiens à travers les medias sociaux.
En effet, le crowdfunding tarde à décoller véritablement en Afrique pour des raisons évoquées dans nos précédents posts et argumentées dans un excellent article paru initialement dans Conversation sous la signature du Pr wenaelle Oruezabala.
Oui, la tontine est une pratique séculaire locale pouvant servir de support à la mise en œuvre de projets de crowdfunding en Afrique. Cependant, la révolution qui s’est opérée dans les technologies numériques (plateformes internets, crowdsourcing, téléphonie mobile, FinTech, paiement électronique, etc.) court-circuite à la fois le formalisme des institutions bancaires, tout en modifiant fondamentalement les règles de jeu de l’informel des tontines (tirage au sort, tiers de confiance, traçabilité des membres et des transactions), ainsi que leur cloisonnement topologique à une l'échelle purement locale.
Oui, l'Afrique se doit de réinventer sa propre voie du crowdfunding, à travers la valorisation de ses propres acquis culturels, et d'innover dans l'application des outils technologiques, financiers et réglementaires pour promouvoir de nouveaux marchés financiers inclusifs, démocratiques et adaptées aux contexte locaux, aux besoins et aux priorités des acteurs sur le terrain.
La méta-startup "African Social Green Crowdfund", en accélération, s'inscrit résolument dans cette logique. Elle s'offre, d'une part, comme une plateforme de socio-financement des projets et des entreprises, un support d'autopromotion, d'entrepreneuriat local, de coopération économique et financière sous-régionale au moyen de financements, de co-financements et d’investissements collaboratifs à grande échelle.
Elle intègre, d'autre part, un Marketplace, sorte de portail E-commerce équitable adapté à l'offre locale et susceptible de naviguer dans l’interstice des contraintes et opportunités nationales en terme d'infrastructures, d'accès à l'internet, à la téléphonie mobile et aux instruments de payement et de transfert internationaux des devises.
La plateforme intègre également des grilles de monitoring d'impact économique, social et environnemental des entreprises, des produits et des services, plus particulièrement leur empreinte carbone, ainsi que leur contribution à l’aménagement des services environnementaux et écosystémiques.
La dimension liée à la norme, à la qualité et au label des produits et services est envisagée dans le portail E-commerce, ainsi qu'un espace d'appel à projets spécifiquement dédié aux organisations et institutions partenaires pour stimuler des synergies horizontales et verticales en matière de de co-financement des projets.
Les grilles d'évaluation adoptées sont susceptibles de capitalisation dans les registres d'engagement et cahiers des charges des entreprises et des organisations en matière de RSE, INDC, NAMA, APA, REDD , ... en adéquation avec les objectifs climatiques et de développement durable d'ici 2030.
Puisque l'accès prohibitif aux sources classiques de financement en capital et en investissement est souvent avancé comme l'une des principales contraintes à l'entrepreneuriat et aux initiatives endogènes de développement en Afrique, le crowdfunding (financement participatif) apparaît en définitive comme une excellente opportunité de financement de l'économie, de la transition écologique et de l'équité sociale.
African Social Green Crowdfund s’appuie sur un dispositif "Green Startup Applied Academy" ainsi que sur des écosystèmes locaux d'incubateurs et accélérateurs de startups et entreprises et ,des partenariats avec des institutions de recherche et de formation professionnelle.
Son modèle de déploiement et de gouvernance à la Blockchain s'envisage comme une approche susceptible de garantir la proximité avec les utilisateurs, l'inclusivité, la transparence, l'efficacité, la performance et l'adaptabilité à diverses configurations et contextes nationaux et locaux.
La méta-plateforme se distingue de la concurrence par son alignement aux grands objectifs transformationnels de l'Afrique, son positionnement par rapport aux dynamiques de coopération régionale et internationale, incluant la capitalisation du potentiel des diasporas africaines, ainsi que l'infrastructure socio-économique et communautaire locale de développement, d'épargne et d'investissement.
African Social Green Crowdfund s'invite à la confluence de la FinTech, de l'Eco-BioTech et de la SocioTech, tout en capitalisant l'appropriation et l'optimisation synergique des partenariats classiques de développement au niveau local, national et international.
Soutenir et contribuer au socio-financement de la plateforme, au-delà des compensations incitatives entrevues pour les nombreux contributeurs espérés (rewards), c'est avant tout adhérer aux valeurs et à la vision qui fondent les objectifs esquissés et commandent l'utilité et la nécessité de son l’implémentation le plus tôt possible ainsi que nous l'entrevoyons à l’issue de la campagne de fundraising.
Le taux de pénétration de l’internet en Afrique subsaharienne est estimé à 10,84 %, données datant de 2014 (Banque mondiale, 2016). Le taux d'accès à la téléphonie mobile se situe quant à lui entre 40 et 80% dans la majorité des pays d’Afrique subsaharienne, pendant que 20.7% de la population a accès à l'internet, majoritairement via des smartphones. Cependant, environ 872 millions d’africains n’y ont toujours pas accès, notamment en zones rurales.
l’Afrique comptera 910 millions d’abonnés au téléphone mobile d'ici 2017. Parmi ceux-ci, 350 millions utiliseront le smartphone qui, permettant l'accès à l'internet haut débit, facilitera également la prolifération de la consommation des technologies et contenus numériques tels que le commerce électronique, le paiement mobile et la numérisation des contenus.
Le crowdfunding ne devrait déroger à cette tendance haussière que si les approches mises en oeuvre se limitent essentiellement à la duplication des grands portails américains et européens. C'est en partie une des justifications des résultats du crowdfunding en Afrique ces cinq dernières années, très en deçà du potentiel que représente le continent pour le développement du financement collaboratif. En effet, l'Afrique compte 57 plateformes, moins de 2% du total mondial, capitalisant à peine 0,1% des fonds mobilisés au niveau global à travers les plateformes de financement participatif.
La majorité de celles-ci sont peu adaptées aux demandes locales, au moment où les plateformes collaboratives brassent des investissements colossaux via les réseaux sociaux et plateformes peer to peer, au moment où le crowdfunding connaît chaque année le doublement de son taux de croissance au niveau global depuis près d'une décennie en terme de capitaux mobilisés.
Comme le relève la Banque Mondiale dans l'étude sus-évoquée, les technologies numériques peuvent transformer nos économies, nos sociétés et nos institutions, mais ces changements ne sont ni acquis ni automatiques. C'est ainsi que 60% de la population mondiale est encore exclue de l'économie numérique en constante expansion. Jusqu'ici, ce sont les personnes riches, compétentes et influentes à travers le monde qui bénéficient encore de cette expansion. Il importe de soutenir et d'appuyer des initiatives comme celle-ci qui, au-delà de l'équation de rentabilité, sont susceptibles de changer la donne.
En attendant l'accès universel au numérique, vous êtes la voix de ceux qui n'ont pas de voix et la bouche de ceux qui sont bâillonnés par la nature des choses.
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