Le 17 octobre, le Gret et la société de conseil Hystra ont lancé à Ouagadougou, au Burkina Faso, un projet de trois ans visant à démontrer comment et à quelles conditions des solutions commerciales peuvent contribuer à prévenir durablement la malnutrition, sous toutes ses formes, dans les grandes villes du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Le projet Meriem (Mobiliser les entreprises sahéliennes pour des réponses innovantes et à large échelle contre la malnutrition), financé par l’Agence française de développement (AFD) et la Fondation Bill & Melinda Gates, est mis en œuvre par une alliance multi-acteurs composée de professionnels du développement, de la recherche et du conseil aux entreprises.
Les 1 000 jours, une période clé pour prévenir la malnutrition, notamment en milieu urbain
Au Burkina Faso, au Mali et au Niger, 21 à 42 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique. Elle a des conséquences irréversibles si elle survient pendant la période des « 1 000 jours », correspondant à la période du développement de l’enfant, du premier jour de grossesse jusqu’à l’âge de deux ans. Les aliments fortifiés manufacturés de qualité ont un fort potentiel pour contribuer à prévenir la malnutrition des jeunes enfants et de leurs mères sur cette période clé, en apportant une valeur nutritionnelle adaptée à leurs besoins. Cela est d’autant plus vrai dans les grandes villes sahéliennes où les citadins ont l’habitude de consommer des aliments manufacturés et où la population des quartiers précaires est en augmentation constante.
Pourtant, les entreprises sahéliennes ont encore des difficultés à produire et distribuer à grande échelle des aliments fortifiés de qualité, sur un marché qui leur semble complexe et peu favorable. Une offre locale existe, mais elle est insuffisante pour couvrir durablement les besoins de la population, et les produits importés sont inaccessibles financièrement à la majorité de la population.
« Nous avons constaté que les aliments fortifiés font partie des solutions efficaces pour lutter contre la malnutrition dans notre pays, en particulier en ville où les aliments manufacturés sont entrés dans nos habitudes alimentaires », explique Bertine Ouaro, directrice de la nutrition au ministère de la Santé burkinabè. « C’est pourquoi nous encourageons le développement dans notre pays d’une offre d’aliments fortifiés de qualité, produits localement et accessibles financièrement au plus grand nombre ».
Une solution innovante et durable qui mobilise les entreprises
En suscitant l’adhésion des acteurs publics et privés de la nutrition, et avec des mécanismes de marché pérennes, il est possible au Sahel d’étendre l’offre d’aliments fortifiés manufacturés, de qualité, et accessible au plus grand nombre. Fort de cette idée, le Gret lance le projet pilote Meriem (Mobiliser les entreprises sahéliennes pour des réponses innovantes à large échelle contre la malnutrition).
Ce projet relève le défi de concilier objectif social et rentabilité économique à grande échelle dans trois pays. Il veut démontrer comment et à quelles conditions des solutions commerciales peuvent contribuer à prévenir durablement la malnutrition. Des innovations en matière de commercialisation seront testées et déployées avec des entreprises sahéliennes à fort potentiel, sélectionnées pour leur double intérêt à se lancer sur un marché porteur, tout en contribuant à un enjeu de santé publique. Ces innovations s’accompagnent d’actions indispensables d’appui au secteur public pour la mise en œuvre d’un cadre règlementaire adapté (normes qualité, Code international de l’OMS, etc.) et à la promotion d’un label qualité, permettant d’encourager les entreprises à se mobiliser tout en encadrant leur action. Cette approche s’accompagne d’actions de sensibilisation à l’allaitement maternel exclusif, à la diversification alimentaire et à la poursuite de l’allaitement maternel jusqu’à l’âge de deux ans ou plus, en lien avec les acteurs publics de santé, avec la préoccupation d’encourager ces bonnes pratiques fondamentales en matière d’alimentation pendant la période de 1 000 jours.
Un projet pilote à large échelle
Ce projet, piloté par le Gret et Hystra, réunit un pool d’experts internationaux du monde des ONG, de la recherche et du conseil au secteur privé – l’Institut de recherche et d'applications des méthodes de développement (Iram), Initiatives Conseil International (ICI), l’Institut de recherche pour le développement (IRD), Ogilvy Change et ThinkPlace. D’une durée de trois ans (juin 2018-mai 2021), il bénéficie du soutien de l’AFD et de la Fondation Bill & Melinda Gates pour un budget total de 14,2 millions d’euros. Avec une direction projet basée à Ouagadougou et des équipes projets dans les trois pays, ce consortium hybride travaillera sur trois grands volets d’activités :
1) Développer une offre locale d’aliments fortifiés de qualité
2) Déployer une approche commerciale innovante
3) Evaluer et capitaliser les résultats
En travaillant en milieu urbain, ce projet veut répondre au défi de la bonne alimentation en ville, où peu de projets se développent malgré l’augmentation rapide de la population dans les quartiers précaires. Il vise à prévenir la malnutrition sous toutes ses formes en mobilisant les entreprises pour assurer au plus grand nombre un accès durable à des produits fortifiés de qualité.
Le projet a été lancé officiellement le 17 octobre à Ouagadougou pour le Burkina Faso, à l’occasion du deuxième comité de pilotage du projet. Cette cérémonie de lancement s’est tenue en présence des représentants de l’AFD et de la Fondation Bill & Melinda Gates, de Philippe Chedanne, délégué régional Grand Sahel de l’AFD, de Ella Compaore, secrétaire technique en charge de l’alimentation et de la nutrition au ministère de la Santé, de Nana Thiombiano, représentante de la Direction de la Nutrition, de Salamata Ouedraogo, représentante de la Direction générale de la promotion des entreprises au ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, de Pierre Jacquemot, président du Gret et des représentants des ONG, des Nations Unies, des entreprises et du secteur bancaire, et du laboratoire national de santé publique.
Le lancement des activités au Burkina Faso sera suivi du lancement des activités dans les deux autres pays d’intervention du projet, au Mali et au Niger, dans les prochains mois.
Plus d’informations sur la page projet Meriem
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