Une étude, qui paraîtra à la fin du mois de septembre, vient d’être réalisée par le Gret pour la commission Agriculture et alimentation (C2A) de Coordination Sud. Ce travail qualifie les effets de la politique agricole commune (PAC) sur les paysanneries des pays du Sud.
Alors que les discussions en vue de l’élaboration de la nouvelle PAC pour la période 2021-2027 sont en cours, l’étude pointe trois phénomènes négatifs liés pour partie à cette politique. L’Union européenne et la France s’étaient pourtant engagées à mettre en cohérence leurs politiques avec le développement.
Concurrence des exportations des pays de l’Union européenne
Selon l’étude, l’un des effets de cette nouvelle PAC est la concurrence des exportations des pays de l’Union européenne, qu’elles soient agricoles ou alimentaires, vis-à-vis des productions locales. Un impact négatif pour les pays du Sud marqués par des pratiques de dumping (vente à un prix inférieur au coût de production). Comme exemple pour illustrer ce premier effet, l’étude approfondit le cas des exportations de poudre de lait (et de substituts constitués de mélanges de lait écrémé et d’huile de palme) et de blé vers les pays d’Afrique de l’Ouest.
L’expansion du modèle soja
Les importations de soja en provenance de pays de l’Amérique latine et destinées à l’alimentation animale ont elles aussi un impact. L’expansion du modèle soja a, de fait, des effets dramatiques en termes de déforestation, de dégradation et de contamination des écosystèmes, d’expulsion des populations paysannes et de santé.
De plus, les paysans du Sud sont les principales victimes des émissions considérables de gaz à effet de serre du modèle agricole et alimentaire européen, lesquelles représentent une partie importante des émissions européennes.
Cependant, la PAC n’est pas la seule responsable de ces impacts négatifs. D’autres politiques européennes contribuent à ces phénomènes (notamment les politiques commerciales et énergétiques). Les conséquences sur les paysans du Sud sont indirectes : ce sont en réalité des conséquences du système agricole et alimentaire européen, qui est lui-même largement façonné par la PAC.
Comment élaborer une PAC en cohérence avec les ODD ?
Une PAC cohérente avec les ODD devrait donc mettre fin aux pratiques de dumping sur les marchés au Sud. De plus il s’agirait de diminuer progressivement puis de supprimer les importations de soja, et enfin de réduire drastiquement l’empreinte carbone du système agricole et alimentaire européen. Cela impliquerait de substituer l’actuel mécanisme d’aides découplées de la PAC (subventions versées aux agriculteurs et agricultrices en fonction de la surface qu’ils exploitent, indépendamment du type de production pratiquée) par des subventions ciblées en fonction d’objectifs de transition écologique de l’agriculture.
Éviter la production d’excédents
De plus, des mécanismes de régulation des marchés agricoles sont nécessaires, par exemple, dans le cas du lait afin d’éviter la production d’excédents et la chute des prix. Un plaidoyer que Coordination SUD portera dans les prochains mois auprès des décideurs politiques français et européens sur la base des conclusions et recommandations de l’étude et de la note de position qui en est issue.
L’étude sera également disponible en anglais à partir d’octobre. Quant à la note de position, elle sera traduite en anglais et en allemand.
4 films sur le séminaire « Les effets de la PAC sur les paysanneries du Sud »
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