Selon le rapport publié par la Banque mondiale, Poverty in rising Africa (2016), “ les données montrent une diminution de la proportion d’Africain vivant dans l’extrême pauvreté “ Cependant, des obstacles majeurs persistent. Kathleen Beegle déclare que “ les principaux messages qui ressortent de cet exercice d’estimation de la pauvreté sont encourageants mais font également réfléchir.”
D’après les estimations de la Banque mondiale, le pourcentage d’Africains pauvres est passé de 56% en 1990 à 43% en 2012. Néanmoins, le rapport souligne que le recul du taux de pauvreté pourrait être davantage important. Cependant, cela ne doit pas masquer le fait que le nombre de pauvres a augmenté. En effet, selon le schéma le plus optimiste, il y avait 330 millions de pauvres en Afrique en 2012, contre 280 millions en 1990.
La réduction de la pauvreté est plus difficile dans les pays dits les plus fragiles. De manière générale, les zones rurales sont plus pauvres que les milieux urbains. Néanmoins, on observe une diminution de l’écart de pauvreté entre les milieux urbain et rural.
Les indicateurs non monétaires de la pauvreté se sont nettement améliorés. Tout d’abord, depuis 1995, le taux d’alphabétisation chez les adultes ont gagné quatre points de pourcentage. Les disparités entre les sexes ont quant à elles été réduites. Ensuite, l’espérance de vie a augmenté de six ans. Enfin, la malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans a baissé et est désormais à 39%. Cependant, les défis restent titanesques. Au sujet de la qualité de l’instruction, elle reste souvent très médiocre, plus de deux adultes sur cinq sont encore analphabètes, ce qui montre la priorité d’améliorer l’enseignement primaire. D’après le rapport, “ paradoxalement, les habitants des pays riches en ressources naturelles sont moins bien lotis sur le plan des indicateurs de bien-être humain.” Ainsi, la croissance économique est essentielle pour réduire la pauvreté, même si elle ne suffit pas en elle même.
Quel est l’état des lieux des inégalités en Afrique ?
Définir l’état des lieux des inégalités est complexe. Sept des dix pays les plus inégalitaires au monde sont en Afrique, et surtout en Afrique australe. On observe auprès des ménages que l’on assiste à une augmentation du nombre de personnes très fortunées. Il est important de remarquer que l’enquête ne montre pas une hausse systématique des inégalités dans les pays africains. Cependant, l’enquête montre d’importantes disparités entre les zones urbaines et les zones rurales. Enfin, la mobilité intergénérationnelle est en nette amélioration, sur le plan des études et des emplois, même si elle reste encore faible.
Même si l’évolution de la pauvreté non monétaire a progressé, il n’en est pas de même pour les aspects monétaires. En effet, seuls 25 pays d’Afrique subsaharienne sur 48 ont proposé au moins deux enquêtes auprès des ménages entre 2003 et 2012. Les pays les plus pauvres recevront de la part de la Banque mondiale un appui pour réaliser des enquêtes sur les ménages tous les trois ans.
Luc Christiaensen, économiste à la Banque mondiale et coauteur du rapport, indique “qu’en disposant de meilleures données, on aboutira à de meilleures décisions et à de meilleures conditions de vie.” Il insiste sur la qualité des informations. Enfin, il termine en disant que “ la préservation des progrès obtenus au cours des deux dernières décennies et leur accélération exigent un effort collectif.”
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