Sur un ton d'urgence et de franche volonté d'orienter
la discussion sur le thème retenu pour l'année 2008, «Lutter contre la
dégradation des terres pour une agriculture durable», un Forum fort
stimulant s'est tenu, le 17 juin dernier, à Ottawa, dans le cadre de la Journée
mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse. Le Centre international
Unisféra, grâce au dévouement de Mme Friederike Knabe, a chapeauté cet unique
effort de réflexion en Amérique du Nord en regard de l'évènement planétaire.
Plusieurs partenaires se sont joints à l'organisation de ce Forum dont l'Agence
canadienne de développement international, le Conseil canadien pour la
coopération internationale, Farm Radio International, Uniterra et CARE Canada. Les
discussions du Forum ont été orientées vers l'agriculture à petite échelle
comme composante essentielle de modes de vie durables face à la dégradation des
terres, à la désertification et à l'adaptation aux changements climatiques en
Afrique.
Le Forum s'est entamé par une revue de quelques
cadres juridiques internationaux ainsi que de leurs contextes. A cette occasion, Mme
Rachel McCormick, du ministère des Affaires étrangères et Commerce
international (DFAIT), est venue nous entretenir sur la Commission du
développement durable (CDD) des Nations Unies, sur les enjeux de la 16e et 17e sessions ainsi que sur les stratégies canadiennes pour le
cycle 2008/2009. Mme Friederike Knabe, du Centre international Unisféra, s'est pour
sa part attardée aux rôles de la société civile dans le cadre de la CDD et de
la CNULD et à la nécessité d'intégrer les acteurs de la société civile dans l'élaboration
de stratégies liées à la gestion durable des sols. Mme Knabe a entre autre identifié
trois défis à l'occasion de son allocution, à savoir, la nécessité de renforcer
les capacités de dialogue et de négociation, le besoin de mettre en liaison les
expériences régionales pour qu'elles participent à un véritable effort d'apprentissage
et, enfin, de ne pas minimiser la valeur du contrôle et de l'évaluation. Suite
à une plénière qui aura été marquée par un effort de réflexion sur le rôle des
industries et entreprises dans le déploiement de pistes de solutions, sur la
nécessité d'une compréhension holistique des thèmes connexes à la gestion
durable des terres et sur la valeur des terres arides pour la production de
biocarburants, le Forum a offert un tribune à quelques études de cas dont le
thème rassembleur était l'agriculture à petite échelle. Les premières
initiatives ont été présentées par le Groupe canadien de réflexion sur la
sécurité alimentaire (FSPG) et ont porté sur la notion de résilience comme
principe articulant la faculté de persister et de s'adapter face aux risques émergeants. Une expérience nigérienne, le " climate
change radio drama ", a su brillement illustrer la problématique. Le Forum
s'est poursuivi avec un panel sur différentes expériences, les " meilleures
pratiques " et leçons apprises relatives à l'agriculture à petite échelle
au sein d'écosystèmes fragiles en Afrique. Par une entrevue téléphonique préenregistrée,
Mme Salamatu Garba du " Women Farmers' Advancement Network " a expliqué l'impact de la dégradation des
terres sur les femmes du nord du Nigeria. Dre Francisca Smith, de " Bioversity
International ", a pour sa part souligné l'étroite relation et
interconnectivité entre les questions de sécurité alimentaire, de nutrition, de
santé des ressources et d'agriculture. La Discussion s'est terminée par l'allocution
de Dr Awegechew Teshome sur l'agrobiodiversité comme élément de solution à la diminution
de la dégradation des sols et de la désertification.
Suite à une plénière dynamique et riche sur les
besoins de coexistence entre le système d'agriculture " à grande échelle "
favorisé par une compréhension linéaire de la croissance économique et les
systèmes d'agriculture à plus petites échelles, caractérisés par une approche
intégrée du savoir traditionnel et de l'innovation, les invités ont participé à
des ateliers de discussion portant sur le rôle des études de cas dans le
développement de politiques, la résilience et l'agriculture à petite échelle
comme paradigmes émergeants, les biocarburants et terres marginales, le rôle
des secteurs corporatifs et la crise alimentaire. La synthèse de ces ateliers a
mené Mme Susan Walsh, de USC Canada, à clore le Forum en réitérant quelques
éléments clefs des discussions de la journée; la nécessité de rendre les
gouvernements responsables par l'élaboration de politiques substantielles, le
besoin d'adopter une approche intégrée pour que convergent la CNULD, la
Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et la Convention
sur la biodiversité, le devoir de développer une compréhension holistique de la
notion de résilience, le devoir de développer des partenariats avec le secteur
corporatif, la nécessité de renforcer les capacités de la société civile à
participer à l'élaboration de stratégies, développer des politiques dites " aliments
d'abord, agriculteurs d'abord " et orienter les projets vers l'idée de
souveraineté alimentaire.