Par Karin Rives
Rédactrice
Washington - Plus de 190 États, confrontés à leurs réalités politiques individuelles et à des besoins des plus divers, s'efforcent de dégager des terrains d'entente à la conférence climatique de Cancún (Mexique), tâche ardue s'il en est.
Près d'une semaine après l'ouverture, la délégation des États-Unis à la COP-16 affirme que son gouvernement demeure fidèle à ses engagements pris l'an dernier à Copenhague et prêt à aller de l'avant. Qui plus est, les États-Unis montrent, financements à l'appui, par leurs actions qu'ils prennent des mesures sans précédent en vue de faire face, sur leur territoire et à l'étranger, aux conséquences des changements climatiques.
" C'est un vrai changement par rapport à l'attitude d'insouciance des dernières décennies et nous essayons d'agir rapidement en vue d'encourager le reste du monde à passer aussi à l'action ", a déclaré Jonathan Pershing, l'envoyé spécial adjoint des États-Unis pour les changements climatiques, à la presse le 1er décembre, lors de la troisième journée de la conférence.
Les États-Unis ont installé un pavillon où se tiennent des programmes quotidiens et des expositions dans le cadre de la COP-16, la Seizième Session de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
L'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a rejoint des membres du ministère des finances, le 2 décembre, pour expliquer comment l'aide américaine aux pays en développement lie de plus en plus l'environnement durable au développement économique.
Triplement des investissements climatiques à l'étranger en 2010
Ainsi, dans le nord-ouest du Kenya, le programme d'infrastructure africaine de l'USAID appuie l'exécution d'un projet d'éoliennes de 300 mégawatts qui pourrait un jour satisfaire le quart des besoins du pays en électricité. Ce projet du lac Turkana, de 620 millions de dollars, pourrait prévenir l'émission de 650.000 tonnes de gaz carbonique par an tout en créant des centaines d'emplois.
L'USAID apporte également son concours à une nouvelle usine de cogénération par biomasse de 1,2 mégawatt aux Philippines. Cette centrale procurera des revenus à au moins 700 exploitants qui géreront environ 1.700 hectares de forêt productrice de biomasse.
L'objectif est d'accroître les compétences techniques locales de façon à permettre la multiplication et l'élargissement de projets de ce type, a déclaré Maura O'Neill, directrice de l'innovation à l'USAID. " Notre ambition est de mettre en place des systèmes agrandissables et exploitables dans la durée ", a-t-elle déclaré au pavillon des États-Unis.
Les États-Unis ont consacré, en 2010, 1,7 milliard de dollars à des projets climatiques dits " à démarrage rapide " dans des pays en développement. C'est un montant trois fois plus important que celui de l'année précédente et dix fois supérieur aux sommes consenties pour des projets d'adaptation climatique entrepris dans le monde en développement, a indiqué M. Pershing.
Financement REDD+ : priorité aux forêts
L'accord non contraignant de Copenhague, à la rédaction duquel ont participé les États-Unis et plusieurs autres grandes puissances économiques vers la fin de la conférence climatique de l'an dernier, prévoyait que les pays industriels verseraient 30 milliards de dollars d'aide immédiate liée au climat en faveur des pays en développement. On s'attend en effet que ces derniers subissent les conséquences les plus graves des perturbations climatiques mondiales et, déjà, plusieurs ont pâti d'événements météorologiques extrêmes qui pourraient être liés aux changements climatiques induits par l'homme.
Également en application de l'accord de Copenhague, les États-Unis se sont associés à l'Australie, à la France, au Japon, à la Norvège et au Royaume-Uni pour lever 3,5 milliards de dollars en faveur de la lutte contre le déboisement dans le monde en développement, les zones prioritaires étant l'Amazonie, le bassin du Congo et l'Indonésie, a indiqué Mme O'Neill.
Le président Obama et son homologue indonésien Susilo Bambang Yudhoyono ont annoncé, début novembre, l'élargissement du Partenariat américano-indonésien sur les changements climatiques et l'énergie propre, qui comprend des projets forestiers d'une valeur de plusieurs dizaines de millions de dollars, notamment une aide au programme indonésien REDD+ des Nations unies visant à réduire les émissions dues à l'exploitation forestière et à la dégradation des forêts.
Le maintien de l'objectif d'une réduction de 17 % des émissions
Les représentants des États-Unis ont répondu à un grand nombre de questions de la presse étrangère sur la capacité des États-Unis à réduire de 17 % leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020 par rapport à leur niveau de 2005, objectif chiffré par le président Obama.
Vu l'impuissance du Congrès à adopter une loi sur les changements climatiques au cours des deux premières années de la présidence de M. Obama, et après l'élection récente d'un nombre accru de parlementaires qui ont l'intention déclarée de s'opposer aux lois de ce genre, on se demande si les États-Unis ne risquent pas de renoncer à leurs programmes internationaux de réduction des émissions.
Les responsables américains ont affirmé à plusieurs reprises qu'il existait des moyens autres que législatifs de faire face au problème des émissions et que le gouvernement Obama ouvrait de concert avec l'administration fédérale en vue de concrétiser ces possibilités.
Par exemple, sur le plan national, l'administration fédérale élabore de nouvelles normes d'efficacité énergétique pour les véhicules et pour les industries. De plus, comme elle est la première entreprise du pays sur le plan du nombre des salariés, elle prend des mesures afin de limiter son empreinte carbone.
" On fait énormément aux États-Unis et (...) il convient de bien saisir toute la portée de ces efforts ", a déclaré M. Pershing cette semaine. " À l'étranger, on ne sait pas nécessairement tout ce qui se passe parce qu'on est d'un autre pays et qu'on n'a pas un accès facile aux données. Nous essayons de mieux diffuser nos informations car elles témoignent d'un engagement extrêmement substantiel. "
Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat
Site Internet : http://www.america.gov/fr/
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