USA : La filière solaire et les tortues font bon ménage dans le désert
Par Karin Rives
Rédactrice
Washington - Dans le désert de Californie et d'Arizona, des tortues d'une espèce rare font beaucoup parler d'elles. Parfaitement à l'aise dans les zones de nature sauvage brûlées par le soleil et où la température peut atteindre 50° Celsius, ces reptiles se font dorloter par des promoteurs de l'énergie solaire qui sont tenus de concilier le souci de l'environnement et le marché en pleine croissance des énergies renouvelables.
Le gouvernement fédéral a classé la tortue du désert au nombre des espèces menacées, ce qui signifie que toute entreprise désireuse de s'implanter dans son habitat doit se plier en quatre si nécessaire pour la protéger.
Et voilà pourquoi la société BrightSource Energy fait appel à des biologistes, jusqu'à une centaine d'entre eux, qui veillent au bien-être des tortues jour après jour, le temps de la construction de centrales solaires thermiques de 392 mégawatts, près de la frontière entre la Californie et le Nevada, dans le désert de Mojave. Cette grande installation, baptisée " projet Ivanpah ", vendra de l'électricité à deux compagnies et alimentera 140.000 foyers californiens.
Les biologistes quadrillent le chantier à la recherche de tortues. Quand ils en trouvent, ils les recueillent, placent sur elles un émetteur-radio et vont les déposer dans une aire où les machines et les véhicules n'ont pas accès. Les tortues femelles qui portent des oufs sont placées dans un couvoir spécial faisant l'objet d'une surveillance quotidienne.
Les mamans tortues abandonnent toujours leurs oufs. C'est donc aux biologistes qu'il incombe d'avoir l'oil vigilant. Après l'éclosion, ils installent les jeunes tortues dans des parcs qui leur sont spécialement destinés et où elles devraient normalement passer les cinq premières années de leur vie, à l'abri des renards, des coyotes et des autres prédateurs face auxquels elles sont particulièrement dépourvues de défenses à cette époque de leur vie.
" Nous plaçons la barre très haut pour protéger la tortue du désert ", affirme le président de BrightSource, John Woolard, dans un communiqué. " Chaque ouvrier sur le chantier sait que ses deux priorités les plus importantes sont la sécurité humaine et la protection de la tortue du désert. "
L'énergie solaire décolle
Le projet Ivanpah de la société BrightSource Energy, représenté sur la photo ci-contre, alimentera en électricité 140.000 foyers en Californie.
L'énergie solaire représente 1 % seulement de la production énergétique totale des États-Unis. Or cette part devrait progresser rapidement, maintenant que les États-Unis mettent les bouchées doubles pour construire des méga-centrales solaires dont la production électrique est destinée à être vendue à des grossistes.
En 2010, des entreprises ont installé aux États-Unis une capacité électrique solaire raccordée au réseau de 956 mégawatts, ce qui a plus que doublé la capacité de production, a indiqué récemment l'association Solar Energy Industries. Quand ces centrales seront opérationnelles, la part du solaire dans la production d'électricité augmentera progressivement.
La valeur totale des installations solaires aux États-Unis atteignait 6 milliards de dollars fin 2010, contre 3,6 milliards un an plus tôt, selon l'association professionnelle. Les garanties de prêts offertes par le ministère de l'énergie pour réduire le coût des projets solaires n'ont pas manqué de séduire les investisseurs.
Le gouvernement fédéral a mis de vastes étendues de terres publiques, dans l'ouest du pays, à la disposition de promoteurs de projets solaires, cette démarche s'inscrivant dans la volonté du président Obama de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Mais tout le monde ne voit pas d'un bon oil la décision d'autoriser de grands projets de construction sur les terres publiques écosensibles, même pour une bonne cause.
BrightSource a dû revoir plusieurs fois sa copie pour tenir compte des tortues et d'autres espèces rares avant d'avoir le plan définitif de son projet Ivanpah. Au cours d'une longue analyse environnementale avec des autorités d'État et fédérales, elle a réduit la taille de son installation de 12 %.
En outre, au lieu d'aménager le terrain en pente sur une superficie importante afin de pouvoir y construire des plateformes en ciment sur lesquelles elle prévoyait d'installer ses équipements, l'entreprise a monté ses miroirs solaires sur des barres pour limiter leur impact sur le terrain.
Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
Site Internet : http://iipdigital.usembassy.gov/iipdigital-fr/index.html
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