Cet article fait partie du numéro de l'eJournal USA intitulé " Les actions climatiques locales ".
Karin Rives
Karin Rives est rédactrice spécialisée dans l'environnement au Bureau des programmes d'information internationale du département d'État.
Quels résultats obtient-on lorsque les producteurs d'hydroélectricité et d'autres entreprises dont l'activité dépend des cours d'eau versent une contribution pour rémunérer les familles qui protègent les forêts en luttant contre l'abattage illégal des arbres ?
La réponse est apportée par un programme pilote déployé depuis deux ans dans la province vietnamienne de Lam Dong par l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et son sous-traitant, l'ONG Winrock International. Mise en ouvre en collaboration avec le gouvernement vietnamien, les producteurs d'électricité, les entreprises de tourisme et les résidents locaux, cette initiative a permis de réduire l'exploitation illégale des forêts de moitié entre 2008 et 2010. Des projets similaires ont également porté leurs fruits aux États-Unis et au Costa-Rica.
Faire participer les populations locales
Environ 8.000 ménages participent au programme vietnamien. Chaque famille reçoit environ 11 millions de dongs par an (environ 537 dollars américains) pour effectuer des patrouilles régulières et surveiller un secteur de la forêt. Cet effort au niveau local est une première en Asie du Sud-Est. L'efficacité de cette initiative pilote a fait la une des journaux. Le premier ministre vietnamien, M. Nguyen Tan Dung, a également publié un décret assurant la pérennité du programme PFES (programme de rémunération pour la protection de l'environnement forestier).
Cette initiative contribue à la protection de la biodiversité et à la stabilité des communautés et des activités dans la zone sensible du bassin du Mékong. En protégeant les arbres, le programme PFES contribue également à réduire les émissions de gaz carbonique liées à la déforestation.
" L'adhésion des populations locales est essentielle ", précise Barry Flaming, spécialiste du développement des programmes de biodiversité au bureau Asie de l'USAID à Bangkok. " Les participants locaux sont les gardiens de la forêts et des cours d'eau. Ce sont également eux qui bénéficient de ces programmes et en absorbent les coûts. L'action locale peut s'avérer très efficace pour les programmes de ce type, mais seulement si les incitations sont suffisantes et si le soutien politique contribue à la participation locale. "
L'exploitation des forêts en Asie du Sud-Est, parfois autorisée mais le plus souvent illégale, contribue de manière importante aux émissions de gaz à effet de serre. Les arbres sont abattus pour faire place à l'agriculture, nécessaire pour nourrir une population en forte croissance, ou pour permettre le développement économique. Parfois, les arbres sont abattus simplement pour leur valeur marchande. Dans tous les cas, ces pratiques peuvent avoir des résultats désastreux.
Les arbres absorbent et stockent une grande quantité de gaz carbonique, qui est libéré lorsque les arbres sont abattus. La dégradation des forêts provoque également une érosion des sols et l'accumulation de sédiments dans les cours d'eau. Ces sédiments peuvent nuire au bon fonctionnement des centrales hydroélectriques situées en aval. Les habitats sauvages et le tourisme souffrent eux aussi lorsque les forêts sont abattues et les paysages détruits.
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime que près de 17 % des émissions de gaz carbonique, principal facteur de changement climatique, sont liées à la déforestation. Environ la moitié de ces émissions trouvent leur origine dans les pays tropicaux de l'Asie du Sud-Est, l'Indonésie en tête.
Dans une étude publiée en janvier 2011, Winrock International indique que le programme PFES vietnamien pourrait, si son succès se confirme, éviter la destruction de 14.000 hectares de forêt entre 2010 et 2037, soit des émissions équivalentes à plus de huit millions de tonnes de gaz carbonique.
Source : Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
Site Internet : http://iipdigital.usembassy.gov/iipdigital-fr/index.html
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